"Faire siens" les morts incertains. Matérialité, identité et affects dans la prise en charge des restes humains problématiques en contexte post-violence – Pri-MI
Le projet Pri-MI s’intéresse à la prise en charge de restes humains incertains produits par les violences de masse dans différents contextes socioculturels contemporains (France, Guatemala, Espagne, Rwanda/Ouganda, Colombie). Nous qualifions d’incertains les restes ayant subi un destin qui brouille leur qualification en tant que restes humains (fragmentation, transformation, usages non-funéraires) et/ou ceux qui relèvent d’une responsabilité légale et morale équivoque. Cette incertitude sur le statut légal et la nature-même de ces restes ouvre un espace pour des individus et des collectifs qui décident d’agir pour les faire reconnaître en tant que morts et travailler leur mémoire. C’est sur ces acteurs, à qui n’incombe pas la responsabilité de ces restes (au titre d’un mandat professionnel ou démocratique, ou encore d’un lien de parenté) mais qui font le choix de les prendre en charge, que porte ce projet. Nous faisons l’hypothèse que cette prise en charge implique une appropriation symbolique de ces restes. L’objectif de Pri-MI est de documenter ce processus consistant à humaniser et « faire siens » des restes, dans leur dimension matérielle comme mémorielle. Pour cela, le projet s’appuie sur cinq études de cas, travaillées dans une perspective comparatiste et pluridisciplinaire (anthropologie, histoire, géographie). Il s’agit de prêter attention aux acteurs de cette prise en charge (qui sont-ils ? Quelles raisons les poussent à se mobiliser ?), à leurs pratiques (techniques de recherche des corps ou des restes, travail d’identification, rituels et soins apportés aux cadavres, mémorialisation…), aux significations et enjeux de celles-ci. Comment, à partir de matérialités souvent ténues et disqualifiées, produit-on l’humanité et l’identité personnelle d’un reste ? Depuis une perspective originale centrée sur les initiatives citoyennes, Pri-MI ambitionne d’éclairer les pratiques funéraires et mémorielles contemporaines et la fabrique des identités post-mortem.
Coordination du projet
Jeanne TEBOUL (Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (UMR 7069))
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
LinCS Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (UMR 7069)
Aide de l'ANR 261 192 euros
Début et durée du projet scientifique :
December 2023
- 30 Mois