CE27 - Études du passé, patrimoines, cultures

L'héritage de l'archéologie: vestiges, traces, mémoires d'une activité scientifique (Maroc, Mauritanie, XIXe-XXIe siècles) – ArchArch

Résumé de soumission

L’archéologie produit, corollairement à son enquête sur les vestiges des sociétés du passé, des traces matérielles et immatérielles significatives dans l’environnement où elle se pratique. L’archéologue remodèle nos représentations des altérités historiques et bouleverse littéralement le paysage et la spatialité des territoires où il intervient comme la vie de celles et ceux qui les habitent. Il est donc le producteur d’une économie scientifique agissant sur le monde de son temps et le nôtre. Son activité « produit » des significations, mais également de nouveaux monuments, des collections d’objets, des archives, en d’autres termes : des vestiges. Nés de l’activité archéologique, ces vestiges peuvent être considérés comme un objet d’étude à part entière. En combinant les compétences de spécialistes de l’histoire et de l’anthropologie des savoirs, du droit et du patrimoine, sans se priver des apports d’une archéologie réflexive, ArchArch interroge ce qu’est l’archéologie après l’archéologie. Il nourrit l’objectif de concevoir et mettre à l’épreuve une herméneutique des restes de l’archéologie qui vise à penser les différents types de vestiges concernés : les sites archéologiques, les artefacts, les archives, les infrastructures, la mémoire savante et non savante de l’archéologie. Cette méta-archéologie se fonde sur deux cas d’étude situés dans des pays musulmans anciennement colonisés par la France, le Maroc et la Mauritanie, qui ont été explorés dans des contextes tour à tour coloniaux, nationaux et de coopération internationale : Volubilis, site majeur de l’Afrique romaine, et Koumbi Saleh, cité capitale de l’Afrique médiévale. L’analyse comparative des restes de leurs archéologies tisse une réflexion historicisée et documentée sur les façons savantes et non savantes de gérer et digérer un héritage archéologique, agrégation complexe du legs des Anciens (inscrits dans une généalogie identitaire) et des archéologues (situés dans une filiation scientifique).
ArchArch est structuré en trois unités distinctes et interdépendantes. En premier lieu, ArchArch se donne, à partir de la notion de « vestiges de l’archéologie », les moyens d’une herméneutique de ce que l’activité archéologique fait à son environnement, à la société et aux gens, ainsi qu’à l’archéologie et aux archéologues eux-mêmes. En deuxième lieu, ArchArch met la question des vestiges de l’archéologie à l’épreuve des deux sites, Volubilis et Koumbi Saleh, qui, dans ce qu’ils ont de plus contrasté – le premier inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, le second à l’abandon – constituent de formidables « gisements » documentaires : sources d’archives, mobilier archéologique, textes juridiques, données ethnographiques, sources orales. Visant un traitement holistique des deux cas, c’est au prisme de l’histoire, de l’anthropologie et des sciences juridiques que sont traquées, collectées, inventoriées, archivées et analysées les traces matérielles et immatérielles laissées par l’activité archéologique sur ces deux sites. En troisième lieu, ArchArch met en œuvre une expérience originale de déploiement et séquençage de la chaine opératoire des archives de l’archéologie de Volubilis et de Koumbi Saleh, depuis la prise en charge archivistique de fonds jusqu’à leur diffusion via les humanités numériques, en passant par l’analyse de leur contenu et de leur constitution en tant qu’objet à part entière, documentant ainsi l’absence consubstantielle à la recherche archéologique qui détruit son gisement en même temps qu’elle exhume et produit son objet propre. Ainsi, ArchArch contribue à bâtir les archives qui sont cruciales pour le devenir de l’archéologie en tant que science, pour les institutions et les Etats qui financent la recherche et, plus largement, pour les sociétés nécessairement parties prenantes à la construction de leurs passés.

Coordination du projet

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LAM LES AFRIQUES DANS LE MONDE
ISP INSTITUT DE SCIENCES SOCIALES DU POLITIQUE
INP INSTITUT NATIONAL DU PATRIMOINE
CESHS Centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales

Aide de l'ANR 698 137 euros
Début et durée du projet scientifique : February 2024 - 48 Mois

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