Syntaxe de l'art rupestre schématique holocène – SCHEMA

Le projet SCHEMA a pour objet l’étude de sites archéologiques relativement peu investis alors qu’ils constituent l’un des plus grands corpus d’art rupestre européen : les sites d’art rupestre schématique holocènes. Le caractère non figuratif de cet art, sa mauvaise préservation et la difficulté à le dater directement (pigments minéraux) expliquent ce moindre investissement scientifique. Cependant le schématisme de cette expression graphique interroge directement les processus cognitifs qui en sont à l’origine et par là-même questionne son rôle au sein des sociétés préhistoriques post-pléistocènes ; Cet art rupestre schématique constitue ainsi un vecteur d’informations essentiel complémentaire des autres vestiges archéologiques. Pour lever les verrous d’analyse identifiés, le projet SCHEMA propose une méthode de recherche renouvelée, basée sur une approche intégrée des sites croisant les données issues de l’archéologie, de l’archéo-géomorphologie et des sciences des matériaux. L’essence du projet est la construction d’une méthodologie pensée pour appréhender le plus justement possible les syntaxes graphiques de l’art schématique de France méridionale qui pourront à terme être mobilisées pour en interroger la nature cognitive. Cela repose (i) sur un enregistrement optimal des sites (3D, Dstretch, imagerie hypspectrale) ; (ii) sur la caractérisation de la nature et de l’origine des vides qui scandent les parois ornées (WP2) ; (iii) sur la caractérisation des différentes temporalités des parois (WP3). Ces WP mobilisent des analyses spécifiques mais également communes pour renforcer la convergence de résultats (imagerie 3D, imagerie hyperspectrale, analyses physico-chimiques, etc..). Les résultats acquis permettront de replacer les représentations graphiques, visibles et invisibles, dans l’espace de la paroi et du site et dans le temps de leur réalisation. Ces résultats permettront ensuite d’aborder les syntaxes figuratives caractéristiques de cet art rupestre schématique, la construction du discours schématique (WP4). Par ailleurs, l’ensemble de cette chaine opératoire produira des cartographies originales des parois et des sites étudiés intégrant les modes de représentation, les matières picturales mobilisées, les états de parois et les calages chronologiques. Compte tenu de la singularité de cet art rupestre, relativement méconnu en France, le projet SCHEMA a pour objectifs (i) de développer les échanges entre chercheurs de nationalités différentes et spécialistes des arts rupestres schématiques ; (ii) de promouvoir les résultats du projet auprès de la communauté scientifique, du grand public et des collectivités locales pour initier une prise de conscience sur la valeur patrimoniale des sites d’art rupestre schématique (cf. WP5). Dans ce cadre, les résultats du projet contribueront à alimenter la prochaine exposition permanente du musée de Préhistoire des gorges du Verdon.
Par cette méthodologie renouvelée mobilisant de nouveaux outils d'analyse, le projet SCHEMA vise une meilleure compréhension du fonctionnement, de la nature et des pratiques sociales associées à l'art rupestre schématique. Plus largement, nous pensons que l'apport méthodologique et conceptuel de ce projet dépasse la simple étude de l’art schématique. En effet, un grand nombre de sites d’art rupestre du monde se situe dans des espaces de plein air qui rencontrent les mêmes questions de préservation, de lecture (altération de la visibilité des figures…) et de calage chronologique. L’approche intégrée et analytique développée dans SCHEMA peut enrichir les recherches menées sur d'autres contextes chrono-culturels.