Modélisation des trajectoires du socio-écosystème terre-mer par des approches qualitatives et quantitatives – MOQQA

L’eutrophisation touche de nombreuses zones côtières à travers le monde, en réponse aux apports fluviaux enrichis en nutriments. La modélisation mécanistique du continuum terre-mer est essentielle pour comprendre les relations non linéaires entre ces apports et les symptômes d’eutrophisation, et pour tester l’impact de scénarios prospectifs. Si des initiatives ont permis de développer la modélisation terre-mer depuis les années 2000, des développements sont encore nécessaires pour modéliser de façon intégrée le socio-écosystème terre-mer afin de prendre en compte la complexité et la dynamique du socio-écosystème terre-mer, de déconvoluer le rôle des pressions anthropiques locales et du changement climatique dans les tendances d’eutrophisation, et d’identifier les changements de pratiques/système permettant de réduire l’eutrophisation sous climat changeant. Les processus aquatiques sont relativement bien contraints, mais le choix des modèles terrestres, où les solutions peuvent être implémentées, nécessite d’être fait avec les acteurs du territoire. En effet, l’approche participative de modélisation quantitative est rare mais essentielle pour améliorer les modèles grâce aux savoirs locaux et renforcer la confiance et la compréhension des modèles par les acteurs. Ces approches sont également nécessaires pour s’assurer la co-construction et l’appropriation des savoirs, la facilitation du dialogue entre les acteurs, et l’implémentation de pratiques et gestions soutenables le long du continuum terre-mer.
Dans ce contexte, MOQUA a pour objectif de développer des méthodologies génériques basées sur des approches de modélisation qualitative et quantitative pour (1) comprendre les interactions complexes du socio-écosystème terre-mer, (2) augmenter l’intégration de savoirs non scientifiques dans la modélisation terre-mer, (3) modéliser la cascade d’impacts hydro-écologiques sous différents scénarios co-construits de changement de pratiques/usages/réglementation/système et de climat, (4) identifier les conditions nécessaires à des trajectoires soutenables du socio-écosystème, et (5) favoriser la gestion co-adaptative du continuum terre-mer. La méthodologie vise à être transposable à tout socio-écosystème terre-mer et sera d’abord développée sur un site pilote, la Rade de Brest et ses bassins versants.
Les résultats attendus sont (1) un ou des modèle(s) qualitatif(s) partagé(s) du socio-écosystème autour de la problématique d’eutrophisation intégrant les représentations d’une large diversité d’acteurs, (2) un modèle hydro-écologique adapté à la Rade de Brest et ses bassins versants, enrichi par les savoirs des acteurs du territoire, (3) une liste d’indicateurs et d’échelles spatio-temporelles pertinents pour qualifier l’état écologique le long du continuum terre-mer, (4) un panel de trajectoires potentielles associées à différents choix de pratiques ou gestion, et (5) l’identification d’une série de blocages et leviers d’action pour permettre des changements. MOQQA a ainsi pour ambition de fournir (6) une méthodologie participative transposable basée sur la modélisation qualitative et quantitative pour aider à dépasser la dichotomie terre/mer tout en intégrant pleinement les acteurs du territoire dans la démarche.
Les principaux impacts attendus de MOQQA sont méthodologiques, scientifiques, sociétaux et pédagogiques. MOQQA va développer des méthodologies transposables basées sur des approches inter et transdisciplinaires, afin d’améliorer la compréhension des socio-écosystèmes complexes à l’interface terre-mer. MOQQA stimulera également la co-gestion adaptative, en proposant notamment une approche transposable de déclinaison locale des grilles d’indicateurs des directives européennes. En termes de pédagogie et médiation, MOQQA permettra la création de séquences pédagogiques innovantes pour les élèves de lycées agricoles et les étudiants, la formation de jeunes scientifiques, et la médiation vers le grand public.