Dépression de consanguinité à renouvellement rapide chez les animaux – FRIDA

Les mutations sont à la base de l'évolution, mais la plupart sont délétères. Nos génomes portent un fardeau de mutations qui se manifeste très généralement, chez les diploïdes, par la dépression de consanguinité (DC). La DC est la perte de fitness des individus consanguins, et nous pensons bien connaître son origine : la mise en homozygotie de mutations délétères récessives. Pourtant, la DC est sensible à la condition parentale, notamment à des traitements altérant les épigénomes, suggérant une contribution épigénétique. Nos résultats préliminaires renforcent cette idée : ils montrent que la DC peut persister même lorsqu’on s’arrange pour que les descendants de croisements consanguins et non-consanguins soient génétiquement identiques. Cela suggère qu'un processus peut créer rapidement de la variation et de la DC en quelques générations, rythme trop rapide pour des mutations classiques. Notre projet explorera cette DC à renouvellement rapide à travers une combinaison d'expériences : nous répliquerons et développerons l'étude préliminaire chez plus de génotypes et d'espèces; comparerons les résultats aux prédictions de modèles incorporant de mutations classiques et des épimutations; testerons si l'environnement parental impacte la DC des descendants (une propriété de la transmission épigénétique); et explorerons les effets de la consanguinité sur les épigénomes. Nous utiliserons pour cela deux modèles animaux invertébrés, hermaphrodites et allogames, faciles à élever et capables d'autofécondation. Notre consortium rassemble des spécialistes de 4 instituts, aux compétences complémentaires (de la modélisation à la bioinformatique, de l'étude des systèmes de reproduction à l’épigénomique). Notre projet peut changer le paradigme actuel de la DC, un processus central aussi bien dans la biologie évolutive fondamentale que dans la conservation des populations captives et naturelles, et aura donc un impact potentiel fort.