Accueillir une proposition: Implications pour la matrice et son hôte – IMMAGES
IMMAGES – Hosting a clause: IMplications for the MAtrix and its GuestS
IMMAGES vise à comprendre la syntaxe et la sémantique des complétives (arguments de verbes comme dire, espérer). Notre hypothèse est que leur relation avec le prédicat matrice n'est pas directe, mais médiée, propriété partagée avec les relatives et adverbiales. Elle implique l'examen de la variation morphosyntaxique interlinguistique des subordonnants, et de deux théories sémantiques concurrentes (complétives comme entités-arguments ou comme prédicats modifiant un objet abstrait dans la matrice)
Enjeux et objectifs
Comme le titre du projet l'indique, nous avons l'intention de prendre en compte tous les ingrédients nécessaires pour construire une phrase complexe avec une complétive après des verbes tels que dire, croire ou espérer et nous les comparons avec les clauses relatives et adverbiales. Toutes ces structures d'enchâssement ont certaines propriétés en commun. Par exemple, les complétives sont souvent introduites par des complémenteurs. Ce complémenteur est uniforme pour les propositions relatives et complémentaires dans certaines langues (par exemple en anglais), alors que les complémenteurs peuvent différer d'un type de proposition à l'autre dans d'autres langues, par exemple en allemand et en grec. En outre, il existe des variations considérables entre les dialectes et les variantes parlées, ainsi qu'entre les différentes strates chronologiques. Mais en général, ces complémenteurs peuvent être ramenés à des pronoms démonstratifs ou consistent en des particules invariables, comme wo ou pu pour les clauses relatives dans certains dialectes allemands et grecs. Les propositions adverbiales, quant à elles, emploient des éléments lexicaux dotés d'une sémantique assez transparente (alors que, malgré, bien que, etc.) qui les met en relation avec la proposition matrice - ou mieux, avec l'événement décrit dans la matrice. Une proposition relative typique a également un « hôte » dans la matrice en ce sens qu'elle modifie un constituant qui joue son propre rôle dans la matrice.<br />Dans le cas des complétives, cependant, l'existence d'un tel « hôte » n'est pas évidente. Des phrases telles que « Mary believes/says/hope that John is an angel ; Maria glaubt/sagt/hofft, dass Hans ein Engel ist ; Marie croit/dit/espère que Jean est/soit un ange » ne contiennent pas dans la matrice de matériel hôte autre que le verbe principal. Une idée récente et importante est que ce type de verbes décrit un état mental ou un acte avec un contenu propositionnel. Ce contenu propositionnel est lui-même matérialisé par la proposition intégrée, mais l'état mental (ou l'acte) est représenté dans la matrice comme un « objet attitudinal ou locutoire » (Moltmann 2003). Cette approche sera évaluée par rapport à l'autre idée traditionnelle, à savoir que les complétives sont des arguments.<br />L'hypothèse principale du projet est qu'une analyse uniforme est possible dans la mesure où l'enchâssement propositionnel implique toujours une « structure tripartite », comprenant une « ancre » (potentiellement silencieuse) dans la clause matrice : un contenu propositionnel dans la proposition enchâssée et le complémenteur, fonctionnant comme éléments médiateurs entre les deux. Le projet se concentrera sur les langues germaniques, grecques et romanes et testera l'hypothèse centrale sur des langues non indo-européennes comme le basque et le hongrois.
Nous nous appuyons principalement sur la méthode de la linguistique de corpus. Une base de données annotée interlinguistique sera construite, à partir des bases de données qui seront construites pour l'étude de chaque langue séparément. Dans cette base de données, nous inclurons une section sur les propriétés de la clause (morphologie et syntaxe) et ses relations avec d'autres types de clauses. Une autre section sera consacrée aux ancres et à leurs propriétés.
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Les phrases comme ‘Mary believes/says/hopes that John is an angel; Maria glaubt/sagt/hofft, dass Hans ein Engel ist; Marie croit/dit/espère que Jean est/soit un ange’ décrivent un état mental ou un acte à contenu propositionnel. Ce contenu est matérialisé par des propositions qu’on appelle traditionnellement ‘complétives/propositions objets/arguments’. Le but de notre projet est de développer une théorie qui abandonne l’idée classique que les propositions à verbe fini sont syntaxiquement des compléments et sémantiquement des arguments propositionnels du prédicat matrice. La théorie générale qui sera développée met en relation les propositions qui sont apparemment des compléments et présentent différents types de subordonnants (les complémenteurs), avec d’autres types de subordonnées (les relatives et les circonstancielles) et d’objets sémantiques (par exemple les objets attitudinels de Moltmann 2003), en prenant en compte divers facteurs (morphologie des complémenteurs, types de prédicats enchâssés, possibilité de corrélation avec la matrice). De fait, dans le cadre d’une approche parcimonieuse du langage humain, une unification de tous les cas de subordination/hypotaxe est souhaitable, car ils présentent tous une récursivité (une proposition dans une proposition dans une proposition…). À cette fin, la théorie récente selon laquelle les propositions sont des adjoints sera modifiée selon l’hypothèse qu’ils modifient un élément visible ou invisible (l’« ancre »), qui est le vrai complément du prédicat (ce que nous appelons l’ « hypothèse tripartite »). Cette idée novatrice est née indépendamment dans les travaux des participants au projet, qui ont décidé d’unir leurs forces pour la développer et produire une analyse qui soit pleinement satisfaisante en termes d’interface syntaxe/sémantique. Le projet sera centré sur les langues germaniques, grecque et romanes, mais mettra son hypothèse centrale à l’épreuve de langues non-indoeuropéennes comme le basque et le hongrois. En outre, le projet utilise la variation diachronique et dialectale comme sources d’information importantes pour notre compréhension de la subordination à verbe fini comme composante centrale de la grammaire du langage humain.
Coordination du projet
Richard FAURE (Centre Tourangeau d'Histoire et d'étude des Sources)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
UMR6310 Laboratoire de Linguistique de Nantes (LLING)
CETHIS Centre Tourangeau d'Histoire et d'étude des Sources
UMR7320 Bases Corpus Langage
UMR5478 Centre de recherche sur la langue et les textes basques IKER
Universität Tübingen
Universität Stuttgart
Aide de l'ANR 352 469 euros
Début et durée du projet scientifique :
août 2023
- 36 Mois