Une approche numérique pour l'analyse du patrimoine – DIGITALIS

Les données utilisées par les archéologues pour analyser et comprendre les bâtiments ou objets anciens sont disparates par leur nature (enquêtes de terrain, analyses géologiques ou physico-chimiques, études iconographiques ou épigraphiques…), par leur degré de fiabilité (observations, mesures, interprétations, hypothèses…), par leur forme (graphique, photographique, textuelle, numérique…), et par leur statut (existantes ou en cours d’élaboration, d’accès public ou restreint…). L’articulation de ces données – entre elles ou dans une dynamique comparative – représente un défi pour les historiens, qui procèdent souvent de manière intuitive et empirique, mais aussi pour les informaticiens, qui peinent à traiter simultanément des données hétérogènes et complexes.

De ce fait, l’usage des outils numériques reste encore majoritairement dédié au stockage de l’information, à sa structuration, à son traitement ponctuel, mais rarement comme aide à la réflexion synthétique et à la déduction scientifique. A partir de deux collections (céramothèque de l’IFAO, photothèque du CESCM) et de trois sites (hypogée des Dunes et palais des comtes à Poitiers, abbaye de Saint-Savin) patrimoniaux, les laboratoires du consortium souhaitent dépasser cet état de l’art, en travaillant à l’automatisation de certains processus d’inférence (recherche de correspondances ou de contradictions) pour soutenir la réflexion du chercheur.

Grâce à une étroite collaboration à tous les stades du projet, les chercheurs impliqués visent à concevoir un système d’intégration d’informations variées qui permette d’associer les annotations hiérarchisées et une visualisation 3D réaliste, à haute qualité de rendu. D’un point de vue informatique, le projet reposera ainsi sur la structuration d’un modèle de données en lien avec un système performant d’acquisition et de visualisation, puisant également à l’intelligence artificielle dans la perspective de restauration virtuelle.