Parasites utiles en milieux pollués – HELP
Les milieux aquatiques continentaux sont menacés par de multiples polluants, et notamment par les pesticides et les résidus pharmaceutiques. Certains composés sont très préoccupants pour la santé humaine et environnementale, en raison de leur ubiquité et de leur toxicité. Parmi eux, l’imidaclopride, un insecticide néonicotinoïde, et le diclofénac, un anti-inflammatoire non stéroïdien sont tristement connus pour leur impacts sur la biodiversité. L’évaluation des risques constitue un véritable défi et nécessite d’étudier d’une part l’éco-dynamique de ces polluants, c’est-à-dire leur devenir dans les écosystèmes, et d’autre part les effets écotoxicologiques dans des environnements soumis à de multiples pressions. L’impact des parasites dans les processus d’accumulation, de métabolisation et de transfert des polluants a été rarement pris en compte, malgré leur omniprésence. Il a été montré que certains parasites, comme les acanthocéphales, accumulent des contaminants depuis leur hôte, au point que les individus parasités sont moins contaminés que les individus non-parasités. Des bénéfices indirects du parasitisme ont été mis en évidence en milieux contaminés : les hôtes présentent des niveaux de stress oxydant plus faibles, une meilleure condition corporelle, et une plus forte survie. Ces résultats s’opposent à la vision traditionnelle du parasitisme comme une source de stress supplémentaire pour les organismes, exacerbant les dommages induits par les contaminants. Il y aurait un avantage à être parasité par des acanthocéphales en milieux pollués, lorsque les bénéfices de la séquestration des contaminants compensent les coûts associés au parasitisme. Ce projet propose de tester l’hypothèse d’un ajustement des interactions biotiques, le long du continuum parasitisme-mutualisme, en réponse à la pollution environnementale. Il s’agira d’évaluer les effets d’une exposition croissante à l’imidaclopride et au diclofénac sur le modèle bien étudié des chevesnes et des acanthocéphales. Le premier objectif est de comprendre l’effet de ces polluants et de leurs métabolites pour les parasites, en évaluant les dommages potentiels sur la fitness des acanthocéphales, en termes de taux de développement et de reproduction. L’utilisation de micro-endoscope sera développée. Le second objectif est d’étudier les effets croisés de la charge parasitaire et de l’exposition aux polluants sur les poissons à différentes échelles biologiques. Une attention particulière sera donnée aux altérations physiologiques et comportementales, ainsi qu’à une dysbiose du microbiote intestinal, en termes de composition, diversité et fonctionnalité. Des infestations expérimentales aux acanthocéphales et expositions chroniques aux polluants via des implants à faible diffusion seront conduites sur le long-terme en conditions semi-naturelles et naturelles (mésocomes aquatiques sur la plateforme d’écologie expérimentale du CEREEP-Ecotron, et suivis in situ de population naturelles). Des approches intégratives et des outils innovants seront déployés, en privilégiant la synergie entre disciplines, au croisement entre l’écotoxicologie, l’écophysiologie, l’écologie comportementale, la chimie et microbiologie environnementale, et les interactions hôte-parasites. Ce projet impliquera différents laboratoires de recherche, ainsi que des étudiants dans le cadre de projets universitaires et de volontaires dans l’esprit des sciences participatives.
Coordination du projet
Aurelie Goutte (Milieux Environnementaux, Transferts et Interactions dans les hydrosystèmes et les Sols)
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Partenariat
METIS Milieux Environnementaux, Transferts et Interactions dans les hydrosystèmes et les Sols
METIS Milieux Environnementaux, Transferts et Interactions dans les hydrosystèmes et les Sols
Aide de l'ANR 289 935 euros
Début et durée du projet scientifique :
février 2023
- 48 Mois