CE28 - Cognition, éducation, formation

La psychologie de la pauvreté : biais de négativité et préférence temporelles. – PovertyCognition

Résumé de soumission

La pauvreté est associée à un large éventail de comportements préjudiciables pour l'individu, allant de l'augmentation du nombre de grossesses chez les adolescentes à la diminution de l'investissement dans la santé et l'éducation. Bien entendu, ces comportements ont de nombreuses causes, mais des travaux récents mettent en évidence le rôle potentiel de la psychologie. Plus précisément, on sait que les environnements difficiles déclenchent des changements psychologiques qui conduisent les individus à investir dans des objectifs à court terme plutôt qu'à long terme. Les répercussions peuvent être importantes et affecter de nombreuses décisions de vie, y compris l'investissement dans la santé, l'éducation, ou même la confiance interpersonnelle. Cependant, la nature exacte des mécanismes cognitifs qui entrent en jeu dans cette association demande à être élucidée. Des travaux théoriques et empiriques suggèrent que la pauvreté peut aggraver la surévaluation des risques. Par rapport aux personnes vivant dans des environnements favorables, les personnes vivant dans l'adversité pourraient en effet être exposées à un double coût : leur environnement est objectivement défavorable et elles pourraient, en plus, le percevoir comme étant encore plus négatif qu'il ne l'est. L'objectif de notre proposition est d'évaluer systématiquement si la pauvreté est effectivement associée à un biais accru de négativité, d'identifier le mécanisme cognitif par lequel cela se produit et de tester dans quelle mesure le biais de négativité affecte les préférences inter-temporelles pour des choix abstraits et réels liés à la santé et à l'éducation.

Notre projet s'articule autour de trois axes interdépendants qui permettront d'évaluer systématiquement si et pourquoi la pauvreté est associée à des biais cognitifs qui conduisent les individus à surestimer l'existence de menaces (Axe 1), si ces perceptions erronées modifient les comportements de manière prévisible (Axe 2), et si des manipulations expérimentales peuvent apporter la preuve d'une relation causale entre l'adversité et les répercussions psychologiques qui lui sont associées (Axe 3).

En réunissant les sciences cognitives et l'économie, cette proposition a le potentiel de contribuer de manière importante au champ. En effet, malgré l'intérêt récent pour la psychologie de la pauvreté, il reste à identifier précisément les mécanismes cognitifs qui sont à l'origine des comportements associés à la pauvreté. Cela est dû en partie au fait que les méthodes traditionnelles en psychologie expérimentale ne permettent souvent pas d'accéder à des échantillons de participants suffisamment grands et divers. Grâce à la complémentarité du consortium, nous serons en mesure de recruter de larges échantillons représentatifs de la population, ce qui nous permettra de maximiser la variabilité et de modéliser statistiquement de multiples traits cognitifs et comportementaux. Un autre obstacle important est que les projets qui étudient la psychologie de la pauvreté fournissent rarement des explications proprement causales. En effet, contrairement à de nombreux domaines de la psychologie cognitive où les participants peuvent être répartis aléatoirement dans différentes conditions expérimentales, les individus ne peuvent évidemment pas être répartis aléatoirement pour vivre dans des environnements favorables ou défavorables. Cet obstacle spécifique sera levé dans l'Axe 3 dans le cadre d'expérimentations et manipulations quasi-expérimentales de l'adversité environnementale.

Étant donné les domaines dans lesquels la précarité semble jouer un rôle, les implications sociétales de la recherche sur la psychologie de la pauvreté sont importantes et ne devraient pas être basées uniquement sur des preuves corrélatives. Notre proposition vise à atteindre cet objectif, en allant d'une question de recherche fondamentale en psychologie à la production de données causales pouvant servir de base à des recommandations politiques.

Coordination du projet

Coralie Chevallier (LABORATOIRE DE NEUROSCIENCES COGNITIVES ET COMPUTATIONNELLES)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LNC2 LABORATOIRE DE NEUROSCIENCES COGNITIVES ET COMPUTATIONNELLES

Aide de l'ANR 250 355 euros
Début et durée du projet scientifique : mars 2022 - 36 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter