Régulation de la formation du micropyle de l'ovocyte de poisson par le mircroARN 202 via la voie hippo – MicroHippo
Chez les poissons, l’absence de miR-202 se traduit par une baisse marquée de la fécondabilité des ovocytes. Ce phénotype semble associé à un défaut de formation du micropyle (la structure qui guide le spermatozoïde vers l’ovocyte lors de la fécondation) qui provient de la différenciation de la cellule micropylaire (MPC, micropylar precursor cell), une cellule de la granulosa dont la différenciation est contrôlée par la voie Hippo. Des données préliminaires indiquent que le micropyle serait fermé à sa base et ne permettrait donc pas le passage du spermatozoïde et donc la fécondation. En outre, l’absence de miR-202 est associée à une dérégulation de l’expression de plusieurs membres de la voie Hippo, dont Taz, dont l’importance dans le contrôle de la différenciation de la MPC a été récemment décrite chez le poisson.
L’objectif du projet est donc de comprendre comment l’absence de miR-202 conduit à une différenciation anormale de la MPC dane le follicule ovarien (et donc à un micropyle non fonctionnel) via la modulation de la voie Hippo.
L’hypothèse de travail est que miR-202 module directement ou indirectement la voie Hippo ce qui conduit à une dérégulation de la différenciation de la MPC et à la formation d’un micropyle non fonctionnel.
Le projet sera organisé en 4 tâches largement chevauchantes. Après une analyse approfondie du phénotype « micropyle fermé » par microscopie électronique à balayage (MEB) et serial block face MEB, nous ambitionnons de caractériser finement la différenciation moléculaire de la MPC en l’absence de miR-202 via l’étude approfondie de l’expression de Taz, d’autres membres de la voie Hippo et de protéines impliquées dans la différenciation de la MPC. Pour cette tâche nous ferons appel à des analyses d’hybridation in situ et d’immunodétection en 3D. Nous aurons de plus recours à une analyse transcriptomique ancrée topologiquement afin de cibler la zone de la MPC et caractériser les dérégulations géniques induites par l’invalidation (KO) de miR-202 et identifier ainsi de nouveaux acteurs potentiels. Nous rechercherons dans cette zone les gènes prédits in silico comme étant des cibles potentielles de miR-202 et montrant une faible variation inter-individuelle de leur expression ce qui en ferait des cibles biologiques préférentielles. L’étape ultime du travail consistera à valider la pertinence biologique de ces cibles par édition de génome en supprimant le site de fixation de miR-202 dans la partie 3’UTR des ARNm cibles afin d’obtenir un phénotype équivalent à celui induit par le KO de miR-202. Globalement, ces résultats nous permettront de proposer un modèle de régulation de la formation de la cellule micropylaire par miR-202 via la modulation de la voie Hippo.
Le projet reposera sur l’expertise complémentaire de deux partenaires. Le laboratoire de Physiologie et Génomique des Poissons (LPGP/INRAE, Rennes ; partenaire 1 et coordinateur, responsable scientifique J Bobe) possédant une expertise sur l’ovogenèse, ayant réalisé de KO du gène mir-202 et décrit le phénotype associé qui sera en charge des expérimentations y compris l’édition de génome. L’équipe Impact Systémique de petit ARN régulateurs (IGH/CNRS, Montpellier ; partenaire 2, responsable scientifique H Seitz) possédant une expertise sur la régulation des processus biologiques par les miARN qui sera en charge des analyses bioinformatiques. Les deux partenaires uniront leurs forces pour interpréter les données et proposer un modèle de régulation de la formation de la cellule micropylaire par miR-202 via la régulation de la voie Hippo.
Le projet MicroHippo aura un impact dans trois domaines scientifiques qui sont (i) la régulation des processus biologiques par les miARN, (ii) le rôle de la voie Hippo dans le contrôle de la différenciation cellulaire, et (iii) la meilleure compréhension des mécanismes moléculaires qui contrôlent la capacité d’un ovocyte à être fécondé.
Coordination du projet
Julien Bobe (Laboratoire de Physiologie et Génomique des Poissons)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
LPGP Laboratoire de Physiologie et Génomique des Poissons
IGH Institut de Génétique Humaine
Aide de l'ANR 406 339 euros
Début et durée du projet scientifique :
décembre 2021
- 48 Mois