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CE17 - Recherche translationnelle en santé

Ciblage spécifique de la serpinE2 présente dans les plaquettes pour traiter l'hémophilie – PERSIA

Résumé de soumission

L'hémophilie est une maladie hémorragique héréditaire due au déficit d’un facteur de la coagulation, le facteur VIII (FVIII) pour l’hémophilie A (HA) ou le facteur IX (FIX) pour l’hémophilie B (HB). Ces déficits entrainent un défaut de génération de thrombine responsable des hémorragies. Le traitement de base des hémophiles consiste à administrer par iv le facteur de coagulation manquant. Ce traitement est compliqué par la courte demi-vie et l'immunogénicité des molécules thérapeutiques. Les autres options thérapeutiques incluent l’administration du Facteur VII activé ou de l'Emicizumab, un anticorps monoclonal bispécifique, ou de molécules neutralisant des protéines anticoagulantes naturelles telles que le TFPI, l'antithrombine ou la protéine C activée. Ces dernières sont administrées par voie systémique et ne s'accumulent donc pas au site de lésion vasculaire. Elles ne compensent pas entièrement le facteur de coagulation manquant. En outre, elles peuvent déclencher des événements thrombotiques potentiellement mortels. La thérapie génique basée sur l'AAV a donné des résultats encourageants pour l'hémophilie, mais reste limitée aux patients n’ayant pas développé d’anticorps contre le FVIII ou FIX, ou contre l'AAV, et peut être associée à une toxicité hépatique chez les patients HA. Il est donc indispensable de développer de nouvelles molécules thérapeutiques renforçant spécifiquement la génération de thrombine au site hémorragique.
Nous avons déjà montré l'importance d’un anticoagulant naturel, la Protéase Nexine-1 (PN-1, ou serpinE2), comme régulateur majeur mais sous-estimé de la thrombine. Nous avons montré que la neutralisation de la PN-1 corrige le phénotype hémorragique de l'hémophilie. La PN-1 est exprimée par diverses cellules, dont les plaquettes. Nous émettons l’hypothèse que le blocage ciblé de la PN-1 libérée par les plaquettes renforcera la génération de thrombine au site précis de la lésion au moment de la blessure vasculaire. Pour valider notre hypothèse, nous développerons un panel de molécules chimériques bispécifiques constituées de différents nanobodies (VHH), dits Nanochimeras: un pôle des Nanochimeras neutralisera l'activité anticoagulante de la PN-1; le second pôle se liera à la GPVI, une glycoprotéine transmembranaire exprimée spécifiquement par les plaquettes et les mégacaryocytes. Ainsi, les VHH neutralisant la PN-1 pourront s’accumuler spécifiquement au niveau des plaquettes activées. Certaines Nanochimeras seront fusionnées à la partie Fc de l'IgG1 humaine pour augmenter leur demi-vie in vivo et ainsi leur efficacité.
Nous avons déjà développé 3 VHH neutralisant la PN-1 humaine (hu) et murine et 6 VHH se liant à deux épitopes différents de la huGPVI. Les 6 VHH anti-huGPVI n'activent pas les plaquettes et ne bloquent pas l'activation plaquettaire induite par le collagène. Nous avons aussi démontré que la huPN-1 est fonctionnelle dans le plasma de souris. Nous avons commencé à croiser des souris transgéniques (Tg) huGPVI avec des souris HA. En utilisant ces VHH et les technologies déjà en place dans les deux équipes partenaires, nous poursuivrons les objectifs suivants: i) générer des VHH liant la huGPVI, qui ne bloquent pas les fonctions plaquettaires, et des VHH avec une activité anti-huPN-1 optimisée, ii) générer et valider au niveau fonctionnel des Nanochimeras bispécifiques recombinants, iii) générer et valider un nouveau modèle de souris HA trangéniques pour la huPN-1 et la huGPVI, et iii) déterminer la demi-vie in vivo des Nanochimeras, confirmer leur capacité à corriger la génération de thrombine sans risque thrombotique, et prédire leur immunogénicité. Nos Nanochimeras conviendront aux patients HA ou HB, qu'ils aient ou non développé un anticorps anti-FVIII ou anti-FIX, aux patients présentant d'autres troubles hémorragiques caractérisés par une génération insuffisante de thrombine, et aux patients HA qui présentent des saignements malgré un traitement par Emicizumab.

Coordination du projet

Marie-Christine BOUTON (Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

LVTS Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle
CRC CENTRE DE RECHERCHE DES CORDELIERS

Aide de l'ANR 490 423 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2022 - 42 Mois

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