INFLAMMATION ET INTEGRITE DE LA BARRIERE HEMATOENCEPHALIQUE : BIOMARQUEURS DES CONDUITES SUICIDAIRES – IBBBIS
La prévention des conduites suicidaires (CS) représente une priorité de santé publique majeure dans le monde, d’autant que l’on redoute une aggravation du phénomène dans le contexte de la pandémie covid19. L’identification des sujets à risque reste un challenge majeur pour les cliniciens puisqu’ils ne disposent actuellement que d’arguments cliniques qui ne sont pas suffisamment fiables pour prédire la survenue d’une CS chez un sujet donné. Améliorer la compréhension physiopathologique des CS est nécessaire pour identifier des facteurs biologiques (biomarqueurs) qui faciliteront, à eux seuls ou en association avec des facteurs cliniques, l’identification des sujets à risque et de mettre en œuvre des stratégies de prévention efficaces. Au cours des dernières années, les données scientifiques suggérant l’implication d’une inflammation faible mais chronique dans les CS, tant au niveau périphérique que cérébral se sont accumulées. Ce lien serait indépendant de la dépression qui est la maladie psychiatrique la plus souvent associée aux CS. Toutefois, le lien entre l’inflammation périphérique et cérébrale (ou neuro-inflammation) reste relativement inexploré. L’inflammation périphérique pourrait entrainer une atteinte de la barrière hémato-encéphalique (BHE) responsable d’une perméabilité neurovasculaire jouant un rôle dans la physiopathologie des CS. Notre projet vise à étudier un ensemble de biomarqueurs de l’inflammation et de biomarqueurs des atteintes neurovasculaires au niveau sanguin. Nous souhaitons également étudier des facteurs épigénétiques impliqués dans la régulation immunitaire et des modifications cérébrales en lien avec la neuroinflammation. En particulier, nous nous intéresserons à de petits ARNs circulants (miRNA) dans des exosomes. Pour cela, nous recruterons une cohorte prospective de 100 sujets déprimés avec une CS récente (dans les 8 jours précédent) ou sans histoire de CS sur la vie (témoins affectifs) ainsi que 50 sujets indemnes de trouble psychiatrique (témoins sains). Un prélèvement sanguin sera réalisé pour rechercher les marqueurs périphériques. Les sujets réaliseront une IRM quantitative recherchant des anomalies de la substance blanche, de diffusion et de connectivité fonctionnelle. Ces dosages et l’IRM seront répétés à un mois pour évaluer l’évolution de ces marqueurs après la résolution de la crise suicidaire aigue. Nous identifierons des biomarqueurs associés aux CS en comparant les 3 groupes de sujets. Nous étudierons aussi l'association entre les biomarqueurs d'imagerie et les marqueurs périphériques pour mieux déterminer les interactions sang-cerveau mises en jeu dans les CS. L’approche longitudinale permettra de distinguer les biomarqueurs trait et état tout en prenant compte des éléments de stress (dépression/geste suicidaire). L’originalité du projet tient au design méthodologique et à la réunion des différentes expertises synergiques permettant d’étudier l’association entre l’ensemble de ces marqueurs de l'inflammation et des dysfonctionnements neurovasculaires, tant périphériques que cérébraux, afin de proposer un outil diagnostique multimodal dont la validité pourra être ensuite testée en clinique.
Coordination du projet
Philippe Courtet (Pôle Urgences _IGF)
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Partenariat
CHU Montpellier / IGF Pôle Urgences _IGF
Pôle Neurosciences Tête & Cou
INT Institut de Neurosciences de la Timone
Aide de l'ANR 697 302 euros
Début et durée du projet scientifique :
septembre 2021
- 36 Mois