Le rôle du contact entre groupes dans les réactions politiques à l'immigration: analyses quantitatives des pays européens – ImmCon
Le rôle des contacts intergroupes dans les réactions politiques à l'immigration : Analyses quantitatives à travers l'Europe
L'immigration est devenue une question centrale et persistante dans le discours politique et le débat public de nombreuses sociétés européennes. Certaines données suggèrent que la popularité des partis anti-immigration a été en partie alimentée par les récentes vagues d'arrivées d'immigrés. D'autres éléments, en revanche, suggèrent que dans les régions où les autochtones sont plus susceptibles d'être en contact avec les immigrés, l'immigration a réduit le soutien à l'extrême-droite.
L'objectif général de ce projet est de mieux comprendre comment le contact avec les immigrants peut changer les attitudes et les comportements politiques en Europe.
L'objectif global de ce projet est donc de mieux comprendre comment le contact avec les immigrés peut modifier les attitudes et le comportement politique en Europe. Une partie importante du projet se concentrera sur les tests de «l'hypothèse du contact« qui postule que, sous certaines conditions, un plus grand contact entre les groupes réduit les préjugés et l'exclusion (Allport, 1954). Une importante littérature en sciences sociales et en psychologie a démontré que, au moins dans des environnements contrôlés, le contact entre les groupes majoritaires et minoritaires peut réduire les préjugés et encourager les relations interethniques (Pettigrew & Tropp, 2013). Pourtant, l'efficacité des contacts en dehors des environnements contrôlés est beaucoup moins bien comprise, avec une grande incertitude quant à la façon dont les politiques peuvent être conçues pour faciliter les contacts positifs (Levy Paluck et al. 2019). Notre objectif est d'aider à combler ce manque de preuves et donc de guider les décideurs politiques sur la façon d'encourager l'intégration sociale.<br /><br />Le projet vise à lever deux obstacles scientifiques importants qui ont limité les travaux sur ce sujet. Le premier obstacle majeur est le manque de données sur les contacts avec les immigrés et les impacts potentiels à long terme de ces contacts. Nous lèverons cet obstacle en utilisant divers ensembles de données administratives, en les associant à d'autres données et en collectant de nouvelles données dans des contextes soigneusement ciblés. Cela nous permettra d'examiner les cas de contact qui sont actuellement peu étudiés et d'étudier l'impact sur les résultats pour lesquels il existe peu d'éléments probants. Un deuxième obstacle important a été la nature non aléatoire des contacts avec les immigrés, qui rend généralement difficile l'étude des impacts causaux. Étant donné que, dans de nombreux contextes, les gens choisissent leurs interlocuteurs, la sélection des personnes qui rencontrent des immigrants est importante. Dans de tels contextes, déduire des impacts en comparant simplement ceux qui ont des contacts différents conduira à des biais. Nous visons à lever cet obstacle en nous concentrant sur plusieurs situations où les contacts sont influencés par des facteurs qui sont plausiblement aléatoires, y compris une expérience dans laquelle nous introduirons une variation purement aléatoire. La levée de cet obstacle nous permettra de mieux identifier l'impact potentiel des politiques qui augmentent les contacts avec les immigrés.
La première partie du projet utilise des données infranationales provenant de pays d'Europe et d'ailleurs pour examiner la corrélation entre l'immigration, la concurrence des importations et le vote pour les partis extrêmes et «populistes«.
Dans la deuxième partie de notre projet, trois études nationales se concentreront sur l'un des lieux les plus importants où les immigrants entrent en contact étroit avec les populations autochtones : Les écoles. Nous testerons l'impact des contacts dans les écoles en exploitant des données administratives uniques provenant de Finlande, du Danemark et du Royaume-Uni. Dans chaque pays, nous construirons des mesures de l'exposition de la cohorte d'immigrants pour l'ensemble de la population des enfants des écoles publiques sur plusieurs années. Nous les relierons ensuite à des données d'enquête au Royaume-Uni, à des données de registre au Danemark et à une combinaison des deux en Finlande pour nous permettre d'analyser l'impact du contact avec les écoles sur une série de résultats. Nous exploiterons les variations de l'exposition interethnique entre les cohortes au sein des écoles afin d'éviter l'influence de variables de cofondation telles que la composition du quartier. Nous effectuerons l'analyse dans les trois pays afin de comparer les relations et d'utiliser des mesures qui ne sont présentes que dans l'un des deux pays. Au Royaume-Uni, par exemple, nous pourrons relier les données scolaires à des informations sur les amitiés des parents et les sentiments d'identité ethnique, tandis qu'au Danemark, nous pourrons détecter des impacts sur la propension à se présenter aux élections locales. En Finlande, nous pourrons tirer parti de données d'enquête détaillées sur les écoliers pour mieux comprendre les mécanismes par lesquels les contacts influent sur les résultats à long terme.
La troisième partie du projet se concentrera ensuite sur deux pays européens qui ont connu une augmentation importante des votes en faveur des partis d'extrême droite, à savoir la France et l'Italie. Dans ces deux pays, nous exploiterons des données administratives détaillées pour étudier l'impact de l'arrivée d'immigrants sur le comportement électoral.
La quatrième partie du projet explore l'impact des contacts avec les immigrés dans le cadre du service volontaire. Nous avons travaillé avec l'ONG Unis-Cité pour produire un rapport (basé sur deux mémoires de maîtrise) analysant leurs données administratives. Nous avons également entamé des discussions avec le «Service National Universel« (SNU) pour entreprendre une étude similaire avec eux, qui pourrait potentiellement avoir un impact politique important.
Le projet décrit dans la tâche 1 présente des résultats préliminaires très intéressants. Il est démontré que l'exposition à l'immigration et à la concurrence des importations i) affecte les votes populistes d'une manière qui dépend fortement de leur «contenu en compétences« (hautement ou faiblement qualifiées) et ii) différemment pour l'immigration que pour le commerce. Plus précisément, l'exposition aux importations de biens à forte intensité de main-d'œuvre peu qualifiée tend à accroître le vote populiste de droite sans affecter le vote populiste de gauche, tandis que l'exposition à l'immigration peu qualifiée génère un transfert de votes du populisme de gauche vers le populisme de droite.
En ce qui concerne la tâche 2, les résultats actuels suggèrent que les contacts interraciaux (quasi-aléatoires) pendant l'enfance ont des conséquences importantes sur le comportement des adultes dans plusieurs domaines. En Finlande, nous constatons que les contacts avec les immigrés conduisent à une plus grande propension à épouser une immigrée, tandis qu'au Danemark, nous constatons que les cadres qui ont eu plus de contacts avec les immigrés à l'école embauchent plus d'immigrés. Enfin, aux États-Unis, nous montrons que les Blancs qui sont allés à l'école avec plus d'enfants noirs vivent par la suite dans des zones résidentielles avec plus de Noirs, ce qui réduit la ségrégation résidentielle.
Pour la partie française de la tâche 3, le principal résultat est que l'ouverture d'un centre de réfugiés réduit le vote d'extrême droite. Ce résultat provient en partie d'une distorsion des mouvements de population (en particulier, les électeurs potentiels d'extrême droite évitent de s'installer dans les municipalités où un centre de réfugiés a été ouvert) ainsi que d'attitudes plus positives de la part de ceux qui restent (confirmant l'hypothèse de contact dans le contexte français pour les réfugiés).
En ce qui concerne la tâche 4, les résultats suggèrent que les volontaires du service civique dans les groupes comptant un plus grand nombre d'immigrés ont tendance à terminer leur volontariat avec un plus grand niveau de confiance et d'engagement civique.
The future prospects of the project are exciting as we continue to generate results and develop the projects outlined above.
À ce stade, nous avons déjà produit plusieurs documents de travail qui ont été présentés dans de nombreux forums internationaux.
L'objectif général de ce projet est de mieux comprendre comment le contact avec les immigrants peut changer les attitudes et les comportements politiques en Europe. Une littérature importante en sciences sociales et en psychologie a démontré que, au moins dans des contextes expérimentaux, le contact entre groupes majoritaires et minoritaires peut réduire les préjugés et encourager les relations interethniques. Pourtant, l'efficacité des contacts en dehors des environnements expérimentaux est beaucoup moins bien comprise, et il existe une grande incertitude quant à la manière de concevoir des politiques permettant de faciliter des contacts positifs. Ce projet vise donc à combler cette lacune et à guider les décideurs publics sur la manière d'encourager l'intégration sociale par le contact.
Pour atteindre cet objectif, nos analyses mobiliseront des méthodologies économétriques à différentes échelles spatiales. Nous commencerons par utiliser des données comparatives pour huit pays européens afin d’analyser la relation entre immigration et vote extrême. Nous approfondirons ensuite cette question par des analyses à partir de données administratives originales dans quatre de ces pays : le Danemark, le Royaume-Uni, la France et l'Italie. Enfin, nous travaillerons avec des ONG et équipes partenaires dans trois pays, dont la France, afin de tester la façon dont le contact avec les immigrants peut avoir un impact sur les attitudes et le comportement, et ce spécifiquement au sein de groupes d’enfants et d’adolescents. Pris ensemble, ces différents projets permettront de mieux comprendre le rôle du contact intergroupe dans les réactions sociales et politiques à l'immigration.
Nous cherchons à travers ce projet à lever deux obstacles qui ont jusqu’ici limité la portée des travaux scientifiques sur cette question. Le premier obstacle est le manque de données sur les contacts avec les immigrants et sur les impacts potentiels à long terme de ces contacts. Nous souhaitons lever cet obstacle en utilisant des données administratives existantes tout en collectant nous-mêmes de nouvelles données dans des contextes soigneusement ciblés. Ceci nous permettra d'analyser des contextes actuellement sous-étudiés et de focaliser notre attention sur des situations pour lesquelles il existe aujourd’hui peu d’évidences empiriques convaincantes. Le second obstacle est la nature non aléatoire des contacts avec les immigrants, ce qui rend généralement difficile la mise en évidence d’impacts causaux. Nous prévoyons de lever cet obstacle en nous concentrant sur des situations où le contact est déterminé par des facteurs qui sont vraisemblablement aléatoires, voire qui le seront par construction dans le cadre d’une expérience randomisée.
Notre projet vise donc à faire progresser l'état de la connaissance sur « l’hypothèse du contact » dans le contexte de l’immigration, et ce de deux façons : en nous centrant sur des questions sur lesquelles il existe peu d’évidences empiriques à ce jour (nouveaux tests de préjugés implicites, de comportement dans les jeux d'incitation, de vote, de discrimination sur le marché du travail et de ségrégation résidentielle) ; et en analysant attentivement les modalités de prise en compte du type et de la durée des contacts, pour lesquels les preuves empiriques existantes sont également assez rares. Au total, ce projet permettra d’éclairer la décision publique sur les politiques les mieux à même d’encourager les contacts positifs avec les immigrants.
Coordination du projet
Hillel Rapoport (Ecole d'économie de Paris)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
Freie Universität Berlin / John F. Kennedy Institute for North American Studies
Harvard University / Department of Economics
University of Antwerp / Department of Economics
Copenhagen Business School / Department of Economics
University of Alicante
University of Bristol / School of Economics, Finance and Management
University of Lisbon / Lisbon School of Economics & Management
INSEAD
EEP Ecole d'économie de Paris
London School of Economics / Department of Social Policy
Bocconi University / Department of Social and Political Sciences
Royal Holloway / Economics
University of Oxford / COMPAS
Aide de l'ANR 339 407 euros
Début et durée du projet scientifique :
août 2021
- 48 Mois