Impact des écrans sur la santé cardiométabolique, l'adiposité et le neurodéveloppement des enfants – iSCAN
Au cours des dernières décennies, les appareils électroniques dotés d'un écran (télévision, jeux vidéo, ordinateur, smartphone, tablette) sont devenus de plus en plus répandus et accessibles. Les révolutions technologiques et numériques ont été si rapides et étendues que les potentielles conséquences sanitaires et sociales de l'usage accru des écrans n'ont pu être évaluées en détail. La santé des enfants est au cœur des préoccupations puisque la période allant de la naissance à l'âge adulte est marquée par la succession d’étapes essentielles pour le développement physique, comportemental et cognitif. L'augmentation de l’usage des écrans par les enfants a suscité des positionnements scientifiques et des recommandations de santé publique contradictoires, soulignant de fait l’insuffisance de preuves robustes quant à l’influence des écrans sur la santé et le développement. Une analyse détaillée de la littérature souligne des limites méthodologiques majeures, comme le peu d'études récentes, longitudinales, ayant examiné les appareils et contenus numériques les plus récents. En outre, peu d’études ont été menées chez des enfants européens ou asiatiques, alors que les usages des écrans diffèrent entre populations. La littérature a insuffisamment pris en compte des facteurs de confusion (contexte socioculturel, interactions parents-enfants, etc.), tandis que les activités de loisirs qui entrent en concurrence avec l'usage de l'écran sont rarement examinées. Il n'est en effet pas clair si l'usage des écrans affecte le développement directement ou via le déplacement du temps passé dans d'autres activités quotidiennes.
Le projet iSCAN vise à examiner les profils et trajectoires d’usage des écrans, leurs facteurs de risque et leur influence sur la santé et le développement de l'enfant de la naissance à l'adolescence. Il s’appuiera sur des données déjà collectées dans trois cohortes de naissance en France et à Singapour : les études EDEN (n=1 907 enfants nés en 2003-2006), ELFE (18 329 enfants nés en 2011) et GUSTO (1 257 enfants nés en 2009-2010). Toutes ont recueilli des données détaillées sur l'usage des écrans (type d'appareil, temps, contenu médiatique, contexte d'usage) et sur d'autres activités sans écran (temps passé à l'extérieur, lecture d'histoires, etc.), et ce de façon répétée entre 2 et 10 ans. L'axe 1 du projet décrira et comparera les profils/trajectoires d'usage des écrans et identifiera leurs déterminants démographiques, socio-économiques, comportementaux et génétiques. L'axe 2 examinera les associations entre l'usage des écrans et des mesures répétées de la croissance, de l'adiposité, de la pression artérielle et de biomarqueurs cardiométaboliques. L'axe 3 se concentrera sur les associations avec le sommeil (quantité et qualité) et le neurodéveloppement (cognition verbale et non verbale, aptitudes motrices, apprentissages scolaires et comportement). Enfin, l'axe 4 vise à soutenir la collecte de données subjectives (par questionnaire) et objectives (via une application mobile) sur l'usage des écrans par les adolescents dans le cadre du suivi des enfants EDEN. Le risque de biais (confusion, causalité inverse) sera traité via l’emploi de méthodes épidémiologiques et statistiques de pointe (ajustement multivarié approprié, mesures répétées, scores de propension, pondérations de probabilité inverse, randomisation mendélienne, etc.).
Via l’exploitation de données longitudinales récentes et détaillées, le projet iSCAN permettra d'étendre les connaissances scientifiques et de renforcer le niveau de preuves sur les liens entre l'usage des écrans et le développement et la santé des enfants. Il permettra d’améliorer les interventions visant à limiter les effets négatifs de l’usage des écrans et identifiera les usages qui s’avéreraient vertueux. Il permettra enfin d'affiner les recommandations et les politiques de santé publique et d’en améliorer la clarté auprès des populations cibles.
Coordination du projet
Jonathan BERNARD (Centre de Recherche en Epidémiologie et StatistiqueS)
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Partenariat
CRESS Centre de Recherche en Epidémiologie et StatistiqueS
Aide de l'ANR 355 906 euros
Début et durée du projet scientifique :
- 48 Mois