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CE27 - Culture, créations, patrimoine

Une légende rouge dorée ? Expériences hagiographiques musulmanes en URSS et dans les démocraties populaires – RedGold

Résumé de soumission

Angle mort des SHS, l’étude de la sainteté dans le monde (post-)communiste met au jour des aspects méconnus d’une aire exposée à des mutations rapides et diverses, au nom d’une idéologie commune. En lien avec l’ingénierie démographique brutale du court XXe siècle et les migrations massives des dernières décennies, des territoires, des communautés sont apparus, beaucoup aujourd’hui sanctifiés comme éléments d’héritages religieux. Pratiqué de l’ex-Yougoslavie à la RPC, l’islam reflète l’unité et la diversité de ce phénomène. En reconstituant la vision historique des protagonistes de ce dernier, le projet mettra en lumière leur rôle, dans le cadre d’une distribution genrée bien spécifique du travail religieux. En revisitant la Légende dorée de Jacques de Voragine, il abordera la sainteté en action dans des sociétés caractérisées par un passé communiste et un pluralisme religieux, avec un intérêt tout particulier pour l’islam dans une perspective comparative (avec le christianisme orthodoxe et les religions chinoises, notamment).
Souvent, les cultures de la sainteté se sont unies à l’historiographie locale, dans des territoires profondément transformés depuis les années 1920 ou 1940. Elles se focalisent sur des hommes de Dieu (plus rarement des femmes) actifs à une échelle locale et pendant le XXe siècle. En accordant une large place à la vita de saints modernes, l’histoire locale éclaire le rôle du religieux dans la lutte contre le totalitarisme. Là où des héritiers des PC d’antan détiennent encore le pouvoir, elle suggère la permanence d’une tradition confessionnelle en régime communiste et le rôle des saints dans la préservation d’héritages culturels. Dans l’ex-URSS comme en Chine, on observe deux tendances majeures : une féminisation du religieux, due au rôle des femmes dans la transmission de la spiritualité pendant de longues périodes de répression ; une transformation de l’hagiographie sous la pression de la mobilisation ou de la censure étatique.
Qu’est-ce que cela nous apprend de la mondialisation actuelle ? Plusieurs faits observés depuis la fin des années 1970/1980 ont nourri le projet. Le premier réside dans la matérialité des expériences hagiographiques musulmanes dans l’ancien bloc de l’Est. Des caractéristiques classiques de l’hagiographie textuelle, telles que des sens à niveaux multiples et le recours systématique à la réécriture et au remploi, se reflètent dans les traditions sur les saints modernes. En quelques décennies, les transpositions d’idéaux-types médiévaux ont été déviées par la culture de nouveaux modèles. Ici, les tensions entre des demandes sociales contradictoires sont exacerbées par les pressions exercées, sur les cultures musulmanes de la féminité et de la masculinité, par les diktats locaux de la « lutte contre le terrorisme » et de nouvelles vagues de campagnes antireligieuses (comme au Tadjikistan depuis 2009) ou de nouvelles réglementations religieuses (comme en Chine depuis 2016).
La première hypothèse du projet est celle d’une structuration spécifique des expériences hagiographiques islamiques dans l’ex-URSS et les démocraties populaires. Caractérisées par une diversité d’expériences du communisme, l’unité et la diversité de cet espace culturel seront révélées à travers les différents impacts, sur les expériences hagiographiques, de combinaisons particulières d’emprunts aux cultures islamique et communiste. Deuxième postulat : la spécificité des expériences hagiographiques musulmanes dans le monde (post-)communiste est mise en évidence par une combinaison particulière de féminisation du champ religieux et d’occultation des femmes dans ces expériences. La troisième hypothèse du projet est celle de l’articulation entre, d’une part, les déplacements de populations d’après la Seconde Guerre mondiale, suivis par des migrations des années 1990-2000, dans la sanctification particulière de groupes humains et de territoires pouvant apparaître comme autant d’'imagined communities' alternatives.

Coordination du projet

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

GSRL Groupe Sociétés, Religions, Laicités.
CCJ UMR Chine, Corée, Japon
Université de Leyde / Faculté de lettres
Université de Kyoto / Faculté de lettres et de sciences humaines
Ecole des hautes études économiques de Saint-Pétersbourg / Département d'histoire et de sciences sociales
Université Nazarbayev d'Astana / Faculté des lettres et sciences humaines

Aide de l'ANR 278 650 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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