Plateformes numériques dans le secteur Agricole et Dynamiques de l’Action Collective – PADAC
En affirmant une ambition sociologique enrichie d’un regard économique, le projet PADAC propose d’étudier en temps réel durant une période de quatre années l’émergence des plateformes numériques dans le secteur agricole, les dynamiques de l’action collective et le changement institutionnel qui en résultent.
De plus en plus de secteurs traditionnels sont bousculés par l’émergence des plateformes numériques si bien que certains auteurs n’hésitent pas à parler d’un capitalisme de plateformes (Srnicek, 2017). Ces dernières remettent en cause les formes traditionnelles de cadrage des échanges marchands mais aussi de régulation des marchés. Si ce constat est partagé, rares sont les travaux qui analysent le développement des plateformes et les controverses qu’elles génèrent à l’échelle d’un secteur économique dans son ensemble. L’ambition du projet de recherche PADAC est d’étudier dans quelle mesure l’émergence de plateformes numérique dans un secteur économique – le secteur agricole – contribue à redéfinir les dimensions de l’action collective et les dynamiques institutionnelles.
Alors que pendant près d’un siècle ce secteur a été profondément structuré par des organisations professionnelles agricoles fondées sur les principes de l’action collective, la capacité des plateformes numériques agricoles à profondément les remettre en cause et à réguler économiquement et politiquement ce secteur interroge. Ces plateformes concurrencent ces organisations professionnelles traditionnelles auxquelles l’Etat a confié des outils de régulation politique et économique et ainsi bouleversent l’organisation politique de ce secteur. Elles posent la question de la régulation de ce secteur au sein duquel la logique financière des plateformes s’oppose à la logique politique des organisations traditionnelles.
En articulant différentes méthodes d’enquêtes qualitatives et quantitatives, nous montrerons que la complexité du travail d’institutionnalisation des plateformes par les divers acteurs du secteur nécessite d’observer à la fois leurs réseaux plus ou moins multiniveaux, mais aussi leurs usages, c’est-à-dire la manière dont les agriculteurs se saisissent de ces nouveaux outils, ainsi que leurs choix normatifs dans les controverses régulatoires à chaque niveau. Pour ce faire, ce projet s’articule autour de trois axes.
A l’échelle du secteur agricole nous étudierons la dynamique des alliances et des oppositions entre plateformes et organisations professionnelles agricoles. Cela nous permettra d’explorer le processus de régulation en articulant positions normatives et positions structurales. Nous faisons l’hypothèse, que plateformes et OPA tissent des relations à la fois de concurrence et d’alliance, pour construire de nouvelles modalités d’encadrement de la profession agricole et de coexistence institutionnelle. Au niveau des plateformes elles-mêmes nous analyserons les diverses stratégies de diffusion et développement qu’elles mettent en place ainsi que les instruments et méthodes qu’elles mobilisent pour asseoir leur légitimité au sein de la profession agricole et des pouvoirs publics. La question de fond est de comprendre la régulation à long terme de ce secteur, en identifiant les modèles à même de se diffuser et de devenir des standards. A l’échelle des agriculteurs et de leurs exploitations nous étudierons l’usage qu’ils font des plateformes numériques. Il s’agira de comprendre dans quelle mesure l’usage des plateformes modifient les pratiques des agriculteurs et la manière avec laquelle ces derniers actualisent ou non les nouvelles règles d’action et de coordination portées par les plateformes.
Mots clès : Plateformes numériques ; Institutionnalisation ; Action collective ; Secteur agricole ; Réseaux sociaux ; Usages
Coordinateur du projet
Monsieur Julien Brailly (AGroécologie, Innovations, teRritoires)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
AGIR AGroécologie, Innovations, teRritoires
Aide de l'ANR 257 877 euros
Début et durée du projet scientifique :
janvier 2021
- 48 Mois