Nouveaux revêtements antifouling sans biocides : une transition vers l'éconavigation ? – PAINTS

Dans un contexte de multiplication des pressions et des impacts sur l'environnement marin liés aux différentes pratiques de navigation, il est essentiel de développer des produits innovants permettant de réduire l'empreinte écologique de la navigation et susceptibles d'être acceptés et adoptés par la population. L'objectif général de ce projet de recherche intersectoriel, pluri- et interdisciplinaire, impliquant des chercheurs des secteurs des sciences naturelles et des sciences sociales, est d'établir la potentialité d'une transition vers l'utilisation de revêtements antifouling (AF) "verts" (exempts de molécules biocides) et efficaces dans le domaine de la navigation maritime. Une telle transformation des pratiques pourrait potentiellement se caractériser comme une transition socio-écologique vers l'éconavigation. Ce projet se divise en deux objectifs spécifiques complémentaires : (1) développer de nouveaux revêtements AF sans biocides répondant aux normes environnementales et aux besoins des utilisateurs et (2) évaluer le potentiel d'utilisation de ces revêtements dans des contextes environnementaux et sociétaux variés (France/Québec) et identifier de manière intégrée les enjeux socio-écologiques liés à l’utilisation des AF avec et sans biocides.
Des revêtements innovants, en rupture technologique avec les solutions existantes, seront développés à la fois par les laboratoires universitaires ainsi que deux sociétés privées, une française, l’autre québécoise. Le principe général sera basé sur l’effet de l'ajout de nouveaux copolymères amphiphiles à une matrice hydrophobe. Ce projet permettra aussi une caractérisation exhaustive de ces revêtements mais aussi une étude originale du film conditionneur. L'efficacité de dix revêtements AF sera évaluée par des immersions in situ longues durées réalisées en parallèle dans cinq sites contrastés : deux milieux tempérés présentant des états trophiques différents (rades de Lorient et de Toulon, France), un milieu tropical (île de La Réunion, département d'outre-mer français, Océan Indien) un milieu continental froid et humide (Rimouski, Qc, Canada) et un milieu continental sub-polaire (Sept-Îles, Qc, Canada). Nous proposons aussi d'estimer le risque d’introduction d’espèces invasives liées à la navigation internationale via une expérimentation originale et novatrice de transplantations de revêtements colonisés entre quatre de nos sites d'immersion. Le but de ces transplantations est de simuler l’introduction d'espèces dans un nouvel environnement par les coques de navires. Ces transplantations, qui représentent un défi méthodologique, permettront de mettre en évidence les espèces qui resteront compétitives d'un site à l'autre et donc susceptibles de présenter un risque de transfert accru inter-sites suite à leur introduction via la navigation. Ce projet vise également à mieux comprendre la mise en place de comportements environnementaux, dans l'optique d'une potentielle transformation et transition socio-écologique vers l'éconavigation, dans deux contextes sociétaux différents (France/Québec). Bien que l’adoption, ou l’intention d’adopter, un nouveau type de revêtement AF ne constitue pas forcément en soi un comportement environnemental, un tel choix peut tout de même contribuer à mettre en place des processus de transformation sociale, et à plus large échelle, contribuer à définir une transition socio-écologique vers l'éconavigation à l'échelle internationale.