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PARAsitisme et outil de DEcision pour réduire les usages d'insecticides contre des ravageurs en vigne et en céréales – PARADE

PARAsitisme et outil de DEcision pour réduire les usages d'insecticides contre des ravageurs en vigne et en céréales

La régulation des populations des vers de la grappe et des pucerons de céréales par leurs ennemis naturels, les parasitoïdes, représente un des bénéfices que les agriculteurs pourront tirer du fonctionnement naturel de l’écosystème et qui remplacera, au moins partiellement, l’utilisation des insecticides. L’outil d’aide à décision du projet PARADE accompagnera les agriculteurs dans cette démarche de réduction des intrants.

L'OAD développé aidera les agriculteurs dans leur démarche de réduction de l'application d’insecticides, en préservant et favorisant les services de régulation naturelle des ravageurs.

Le projet PARADE vise à développer un outil d'aide la décision (OAD) qui accompagnera les agriculteurs dans la mise en place de stratégies agroécologiques de lutte contre les ravageurs majeurs en vigne et en cultures céréalières, en privilégiant les services de régulation naturelle à l’utilisation des pesticides.<br />Nous voulons donc prédire quel serait le risque d’atteindre un seuil pour déclencher un traitement insecticide, en fonction du niveau d'infestation de la parcelle et du taux de parasitisme évalué précocement, au début du développement de ces ravageurs. C’est un des leviers qui permettra de créer un environnement plus stable, améliorant ainsi la biodiversité et la régulation des ravageurs qui sera principalement basée sur les interactions biotiques.

L’outil d’aide à la décision s’appuiera sur un modèle statistique construit sur l’évaluation simultanée de la densité des populations de ces différents ravageurs et se déclineront pour les tordeuses de la vigne (principalement Lobesia botrana), et les trois pucerons céréaliers les plus abondants (Sitobion avenae, Metopolophium dirhodum et Rhopalosiphum padi). L’originalité de ces outils est de considérer les taux de parasitisme naturel de ces ravageurs par une approche moléculaire.
Le modèle statistique qui sera construit dans le cadre de ce projet, permettra d'évaluer le lien démographique entre les générations successives (pour les vers de la grappe) ou le taux d'accroissement des populations (pour les pucerons de céréales) et de comprendre comment ces paramètres sont affectés par le parasitisme. L'ajustement du modèle sera effectué à l'aide des données collectées en 2021 et 2022.

Une étape importante de cette première année du projet ANR Ecophyto Parade (2021) a été la mise en place de deux réseaux des parcelles, (néanmoins amené à changer l’année prochaine pour les parcelles de blé) en culture céréalière et en vignes, repartis dans plusieurs régions agricoles françaises et caractérisées par différences culturales et environnementales.
La détection moléculaire robotisée du parasitisme, mise au point cette première année du projet, est aussi une avancée dans le processus de transfert de l’outil pour une utilisation en routine. Cette utilisation réduira les délais entre la détection précoce du parasitisme et l’utilisation de cette donnée dans le modèle statistique de l’OAD.
En culture céréalière, les effectifs de pucerons mesurés cette première année du projet sur un réseau de 36 parcelles, ont été trouvés significativement supérieurs dans le Sud-Ouest de la France par rapport à la Bretagne et aux autres régions étudiées. Le taux moyen du parasitisme naturel de ces pucerons a été de 35,2 % sur l’ensemble des parcelles et il était supérieur en Bretagne (44 %) par rapport aux autres régions (23 %). Même si aucune relation significative n’a été trouvée à l’échelle de la région, néanmoins, toutes les tendances sont clairement à la diminution du taux de croissance des populations de pucerons en fonction du parasitisme.
En vigne, l’évaluation du niveau des populations de tordeuses (Lobesia botrana) sur les trois générations a mis en évidence une pression de 34,48 glomérules/100 grappes en moyenne sur l’ensemble des 34 parcelles. Dans les vignobles de l’Aude la pression a été significativement supérieure aux valeurs d’autres régions, avec 53,6 glomérules/100 grappes. Le taux moyen de parasitisme naturel détecté sur une partie des larves de tordeuses collectées en 2021 (le test moléculaire étant en cours de finalisation) est de 35 %. L’influence du parasitisme naturel sur le lien démographique entre les trois générations de tordeuses pourra être évaluée dès que les analyses moléculaires du taux de parasitisme seront finalisées.

Les actions qui seront réalisées pendant la période 1 mars 2022 – 30 août 2023 :
i) Finaliser l’analyse moléculaire du taux de parasitisme naturel des larves de tordeuses collectées en 2021.
ii) L’élargissement de deux réseaux à 40 parcelles est prévu pour chaque type de culture (céréales et vigne).
iii) Les observations et les collectes pour une nouvelle analyse moléculaire du taux de parasitisme seront répétées en 2022 (sans que des mises au point techniques soient encore nécessaires)
Toutes ces mesures obtenues en vigne et cultures céréalières pendant ces deux campagnes de terrain (2021 et 2022), seront intégrées dans le modèle statistique qui sera à la base de l'OAD. Ce modèle prendra également en compte des données relatives à la gestion agricole (traitement insecticides, travail du sol, etc.) aussi que des données climatiques.
Rendre accessible aux agriculteurs la prise en compte des effets du parasitisme permettrait d’éviter de surestimer les dégâts causés par ces ravageurs et ainsi revoir les seuils d’utilisation d’insecticides.

La diffusion des résultats se fera par une production scientifique (revues internationales à comité de lecture) et les revues techniques nationales. Deux articles scientifiques sont envisagés après les deux années de projet.
Des formations sur le potentiel de régulation biologique des pucerons et des tordeuses de la vigne par les parasitoïdes, seront assurées en organisant de réunions techniques dans les différentes régions viticoles. L'étroite collaboration entre les équipes académiques et les organisations interprofessionnelles garantira un déploiement efficace et rapide des résultats de ce projet.

RESUME:
La lutte biologique est un des moyens actuels qui permettra de réduire rapidement l’utilisation de pesticides dans nos agrosystèmes, et plus particulièrement des insecticides. C’est maintenant une stratégie de lutte utilisée dans de nombreuses cultures, remplaçant dans la plupart des cas l'utilisation d'insecticides contre les insectes ravageurs ou vecteurs de maladies. Elle peut être réalisée soit par le lâché d'ennemis naturels, soit par la conservation de la biodiversité et s’intègre dans les stratégies agroécologiques. Les agriculteurs sont de plus en plus conscients du rôle important que les ennemis naturels peuvent jouer dans la lutte contre les ravageurs des cultures. Cependant, l'absence de quantification réelle de l'influence potentielle des ennemis naturels sur la dynamique des populations de vers de la grappe et de pucerons (les ravageurs les plus nuisibles en vigne et culture céréalières respectivement) a limité jusqu'à présent prise en compte de la régulation naturelle par les ennemis naturels dans les décisions de gestion.
Le projet PARADE oriente se recherches sur la conservation de la biodiversité des parasitoïdes, des ennemis naturels qui se sont montrés efficaces en vigne et en cultures céréalières. Il associe deux unités de recherches importantes de l’INRA, deux importantes écoles d’ingénieurs agronomes (Agrocampus Ouest et Bordeaux Sciences Agro), deux interprofessions (ARVALIS et Institut Français de la Vigne), deux chambres d’agricultures ainsi que deux importantes coopératives viticoles. Dans ce projet, les deux agrosystèmes sont considérés ensemble dans le développement d'outils d'aide à la décision basés sur une philosophie identique: évaluer la présence de ces parasitoïdes dans les deux cultures et développer des outils d'aide à la décision pour accompagner les agriculteurs dans le développement de stratégies agroécologiques de lutte contre les ravageurs. Nous voulons donc prédire aux agriculteurs quel serait le risque d’atteindre un seuil pour déclencher un traitement insecticide, en fonction du niveau d'infestation de la parcelle et du taux de parasitisme évalué au début du développement de populations de ces ravageurs. Ces objectifs seront basés sur l'utilisation d'outils moléculaires récemment développés, qui sont capables de détecter avec une grande précision la présence de parasitoïdes dans les deux principaux ravageurs des céréales (pucerons) et des raisins (vers de la grappe). Ces outils moléculaires seront utilisés au début de la saison, pour évaluer les taux de parasitisme sur les prochaines générations de ravageurs et ensuite pour accompagner à la décision de 'traitement ou pas de traitement insecticide'. Les partenaires académiques et non académiques de ce projet travailleront en étroite collaboration pour développer les modèles à transfert aux professionnels: documents techniques, présentations et sessions de formation adressées aux producteurs et aux coopératives et l’ajustement des pratiques pédagogiques et d'enseignement afin d'intégrer cette type d’innovation dans la formation universitaire. Toute la partie transfert du projet vers les filières et in fine les agriculteurs repose sur l’étroite collaboration entre scientifiques, techniciens, experts, enseignants en écoles d’agriculture et producteurs dans les différentes tâches de ce projet.

Coordination du projet

Daciana Papura (Santé et Agroécologie du Vignoble)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ARVALIS INSTITUT DU VEGETAL
INRA, UMR SAVE Santé et Agroécologie du Vignoble
IFV INST FRANCAIS DE LA VIGNE ET DU VIN
IGEPP Institut de Génétique Environnement et Protection des Plantes

Aide de l'ANR 313 858 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2020 - 30 Mois

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