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Evaluation de la mise en œuvre de solutions biologiques pour contrôler Aculops lycopersici (Acari : Eriophyidae) agent responsable de l’acariose bronzée de la tomate – BIOLYCTOM

Des plantes au secours des tomates pour contrôler Aculops lycopersici

Vers une gestion agroécologique d’Aculops lycopersici : lutte biologique et plantes banques

Enjeux et objectifs

La tomate est attaquée par de nombreux ravageurs, dont Aculops lycopersici, responsable de l’acariose bronzée. Les moyens de lutte sont partiellement efficaces, et les acariens prédateurs commercialisés actuellement ne s’installent pas sur la tomate du fait des poils glandulaires entrainant leur mort. Des prospections ont montré qu’une espèce de Phytoseiidae était fréquemment observée sur Solanaceae, Typhlodromus (Anthoseius) recki, laissant supposer qu’il est capable de se développer sur ces plantes. Il consomme A. lycopersici mais sa biologie et son comportement sont globalement peu connus. De plus, il n’est pas commercialisé ; il est donc impossible de l’introduire dans les cultures via des lâchers massifs, impliquant le développement de nouvelles méthodologies de lâchers. Les objectifs du projet étaient donc (i) de caractériser la biologie du prédateur candidat, (ii) de tester plusieurs modes d’introduction dans les cultures notamment via deux plantes banques : Mentha suaveolens et Phlomis fruticosa sur lesquelles le prédateur est observé en grandes densités in natura et (iii) de confronter ces solutions aux avis d’experts via une analyse socio-économique des pratiques et de l’acceptabilité.

Des tests en laboratoire ont été réalisés pour caractériser la biologie du prédateur. Pour mieux connaître son régime alimentaire, plusieurs sources de nourriture ont été étudiées en plus de A. lycopersici : Tetranychus urticae, T. evansi, Trialeurodes vaporarorium, Tuta absoluta. Des tests de choix ont permis de caractériser les facteurs qui affectent le comportement de dispersion du prédateur. Les mouvements entre plantes banques et pieds de tomates ont également été étudiés en laboratoire à des échelles fines. Les risques sanitaires liés aux plantes banques étudiées ont été testés afin de déterminer si elles étaient favorables à des ravageurs de la tomate. En serres, plusieurs expérimentations ont été conduites pour étudier les modes d’apports des prédateurs, via des branches de plantes banques déposées sur les tomates à différentes densités d’apport, et via des pots de plantes banques disposés au pied des tomates, ceci dans deux contextes de production au CTIFL (hors sol) et à INRAE Alenya (en sol). Enfin, des enquêtes chez les producteurs ont été réalisées afin de déterminer les freins et leviers de mise en œuvre de ces solutions et leur acceptabilité potentielle pour un développement à grande échelle.

Résultats majeurs du projet.
Le prédateur consomme et se développe sur pollen, A. lycopersici et T. urticae, mais aussi T. absoluta et T. vaporarorium. Les deux plantes banques sont plutôt favorables à T. urticae et T. turkestani mais pas à T. absoluta et T. vaporarorium. Le prédateur se disperse depuis les pots de plante banque vers les tomates, attiré par A. lycopersici avec une meilleure colonisation lorsque M. suaveolens est utilisée comme plante banque. Quand il est apporté via des branches déposées sur les tomates, on note un contrôle du ravageur avec aussi une meilleure réduction des dégâts avec M. suaveolens. La rentabilité est au cœur de la décision des producteurs ; l’accompagnement technique est indispensable.

De nouveaux projets sont d’ores et déjà financés au niveau européen (NextGenbioPest) et au niveau français (Casdar GAMHA) dans lesquels sont impliqués la plupart des partenaires du projet BioLyctom.
Le travail réalisé et les résultats obtenus lors du projet BioLyctom ouvrent de nouvelles questions de recherche académique et appliquées.
Sur la biologie et le comportement du prédateur, concernant ses plantes hôtes, son alimentation sur d’autres proies et autres types de pollen, concernant ses capacités de co-habiter avec d’autres prédateurs. Il est aussi envisagé de réaliser des études de metaborcoding pour caractériser le régime alimentaire de T. (A.) recki dans des situations in situ, sur les tomates et les plantes banques afin d’affiner les connaissances sur son régime alimentaire. Nos résultats ouvrent également des perspectives quant à la sélection d’individus de petite taille pour une meilleure dispersion sur la tige, études qu’il faudra compléter pour déterminer les caractéristiques biologiques et de prédation de ces petits individus, en plus de la labilité de ce trait. L’apparaition d’un nouveau virus transmis par A. lycopersici ouvre de nouvelles perspectives d’étude et d’application des résultats de ce projet.
Sur le développement et l’intégration de la nouvelle stratégie notamment par l’identification des plantes répulsives pour les acariens ravageurs sur la base des travaux réalisés en « undercropping » avec de l’ail dans les cultures de fraise au Brésil. L’idée serait de développer une stratégie push-pull, contre les acariens ravageurs et potentiellement contre aussi d’autres ravageurs proies de T. (A.) recki.
Sur les aspects socio-économiques pour lier les décisions prises par les producteurs avec les attentes des acteurs aval de la filière (acteurs de la commercialisation). Pour chaque producteur, différents indicateurs pourraient être mis en perspectives : des indicateurs économiques (revenu, rendement, organisation du temps de travail…), des indicateurs agronomiques (respect de l’environnement, santé des plantes) et des indicateurs sociaux (attentes de l’aval, pénibilité, regard porté par la société, développement local…) pour comprendre plus finement le processus décisionnel des producteurs.

Ce projet a été valorisé tant au niveau scientifique que technique, avec 5 publications scientifiques, 13 communications dans des colloques nationaux et internationaux, trois articles de vulgarisation, 6 présentations dans des salons professionnels, des vidéos youtube…. Plusieurs plaquettes ont été réalisées et envoyées aux producteurs enquêtés. Enfin, un workshop final a été organisé en 2024 à destination des producteurs et conseillers. Tous les documents produits sont à disposition de tous sur le site web du projet.

Les tomates sont attaquées par des ravageurs, acariens et insectes. L’un des ravageurs les plus importants, non contrôlé biologiquement encore aujourd’hui, est Aculops lycopersici, agent de l’acariose bronzée de la tomate. Son contrôle mobilise l'utilisation de pesticides aux effets néfastes sur l'environnement, la biodiversité et la santé. Les Phytoseiidae sont les prédateurs les plus efficaces des acariens ravageurs; certaines espèces consomment aussi des insectes. Sur tomate, les prédateurs utilisés ne sont pas assez efficaces, alors que des Phytoseiidae sont signalés sur des Solanacées. Lors d’un projet financé dans le cadre de Ecophyto (projet Acarosol 2014-2018), une espèce de prédateur endémique d’Europe, a montré une efficacité jusqu’alors inégalée pour contrôler ce ravageur en laboratoire et en conditions expérimentales sous serre. De plus, nous avons trouvé que ce prédateur était présent en densité élevée sur des menthes et Phlomis fructicosa et qu’il pouvait se disperser des menthes jusqu’aux plants de tomates infestés par A. lycopersici. Ce présent projet vise à approfondir les résultats obtenus lors du projet Acarosol, dont le TRL final était de 3-4. Il s’agit ici de déterminer les facteurs d’efficacité de deux stratégies de contrôle biologique : (i) par augmentation et (ii) par conservation de la biodiversité dans le cadre d’approches agro-écologiques, avec un TRL attendu de 5-6. Les solutions proposées reposent sur l’utilisation et la valorisation de la biodiversité endémique, pour éviter tout risque lié à l’introduction d’auxiliaires exotiques. Ce projet de 36 mois, constitué de 6 WPs, vise à (i) approfondir les connaissances sur la biologie du prédateur, (ii) caractériser les facteurs d’intégration du prédateur dans les itinéraires techniques de lutte (effets non intentionnels des pesticides, prédation sur d’autres ravageurs de la tomate, effet réservoir des plantes compagnes pour des ravageurs), (iii) déterminer les facteurs opérationnels pour la mise en place des deux stratégies en conditions semi-contrôlées (i.e. stratégies de lâchers, densités de plantes compagnes) et (iv) caractériser les leviers socio-économiques de l’acceptabilité des solutions proposées. Une attention particulière sera portée à la dissémination des résultats par la formation des étudiants (futurs professionnels) et avec la mobilisation de la profession via un comité d’experts et des démonstrations d’essais dans le but final de réaliser des expérimentations grandes échelles dans les réseaux fermes DEPHY. Ce projet repose sur une approche interdisciplinaire et de méthodologies intégrées (collectes de terrain, enquêtes des agriculteurs, expériences en laboratoire et en champ). Il regroupe 4 partenaires aux expertises complémentaires, UMR CBGP spécialistes d’acariens et des réseaux trophiques, UMR MOISA spécialistes d’aspects socio-économiques, l’unité expérimentale d’Alenya et le CTIFL (centre opérationnel de Balandran), spécialistes du contrôle biologique sous serre. Les résultats attendus sont la proposition de solutions biologiques pour contrôler Aculops lycopersici, et l’intégration de ces solutions dans les itinéraires techniques et le modèle économique de la production. Il n’existe pas de solutions biologiques pour lutter contre ce ravageur et les attentes de la profession sont très importantes. Les résultats pourront être exploités par tous, avec une ciblage privilégié vers les producteurs et les organismes de développement avec une attention particulière donnée à l’autonomie des producteurs et à une large dissémination des résultats. Les entreprises privées n’ont pas été intégrées dans ce projet de façon délibérée pour éviter tout blocage de dissémination du fait d’un marché très concurrentiel, et elles seront également libres d’exploiter les résultats obtenus.

Coordination du projet

Marie-Stéphane Tixier (Centre de Biologie pour la Gestion des Populations)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

UE ALENYA Domaine Expérimental Alénya-Roussillon
CBGP Centre de Biologie pour la Gestion des Populations
MOISA Marchés, Organisations, Institutions et Stratégies d'Acteurs
CTIFL CTRE TECHNIQ INTERPROF FRUIT LEGUME

Aide de l'ANR 177 331 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2020 - 36 Mois

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