L'enseignement de l'architecture au XXe siècle – EnsArchi

L’enseignement de l’architecture a été profondément transformé au fil du XXe siècle, bousculé par sa démocratisation et sa féminisation, mis en cause par l’essor de l’urbanisme et du Mouvement moderne, renouvelé par l’apparition de programmes sociaux et de nouvelles techniques
En Allemagne et aux États-Unis, les conséquences de ces évolutions ont été mises en évidence. Cependant, en France, si des historiens de l’éducation se penchent sur l’enseignement supérieur, celui de l’architecture est délaissé alors même qu’une réforme des établissements et du statut des d’enseignants est en chantier. Centrées sur la principale école parisienne, les publications ont largement ignoré les autres établissements ; fascinées par le XIXe siècle, elles ont laissé dans l’ombre le XXe ; intéressées par la théorie, elles ont privilégié l’étude des traités et délaissé celle de la pédagogie et de ses résultats.
Dans ce cadre, notre objectif est double. Il est d’une part de travailler à une histoire de l’enseignement de l’architecture en France aux XXe et XXIe siècles, articulée à celle de la professionnalisation du métier d’architecte, visant au renouvellement de l’historiographie sur ce sujet, en intégrant une perspective comparatiste. Il est d’autre part d’œuvrer à la conservation des traces en voie de disparition, en suscitant la collecte d’archives manuscrites et orales, et en numérisant les sources imprimées devenues rares.
Après avoir connu une période faste de développement et de continuité, la section « architecture » de l’École des beaux-arts a été mise en mouvement ou en crise à trois reprises durant le XXe siècle. En 1903, son hégémonie a été ébranlée par l’ouverture des premières écoles régionales. En 1940, la création de l’ordre des architectes et la réorganisation consécutive de la profession ont fait du diplôme délivré par les Beaux-arts la condition sine qua non pour porter le titre d’architecte. Enfin, en mai 1968, la section « architecture » des Beaux-arts a littéralement explosé, provoquant la création des « unités pédagogiques d’architecture », nouvelles à Paris et succédant ailleurs aux anciennes écoles régionales. Elles ont été les germes des actuelles écoles nationales supérieures d’architecture.
Ces bouleversements ont successivement mis en cause la centralisation de l’enseignement de l’architecture, ses relations avec la profession, ses modes pédagogiques et la « scientifisation » de ses contenus. Aussi interrogerons-nous l’histoire des écoles à l’aune de ces questions toujours d’actualité, tout en analysant les processus de démocratisation et de féminisation des effectifs étudiants et du corps enseignants à l’œuvre durant cette période. L’équipe réunit dans cette perspective historiens et sociologues ; actifs au sein des écoles d’architecture et de l’université, en région parisienne comme en province, ils seront à même d’engager la recherche méthodique d’archives et de témoignages, volet essentiel de ce projet pour produire de nouvelles connaissances et ouvrir de nouvelles perspectives .