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CE26 - Innovation, travail

L'environnment et la santé humaine à travers les sciences de la vie et les sciences sociales – ENVIROBIOSOC

L'environnement et la santé humaine à travers les sciences de la vie et les sciences sociales

Le projet EnviroBioSoc vise à déterminer s'il est effectivement possible et souhaitable de dépasser l'état de pluralité caractérisant l'étude des maladies induites par l'environnement en recherchant une approche intégrative et interdisciplinaire de l'environnement, qui combinerait les différentes manières de le concevoir et de l'opérationnaliser dans les études de la santé, tant en sciences de la vie qu'en sciences sociales.

L'environnement en tant que déterminant de notre santé : une situation de pluralisme

Le projet ENVIROBIOSOC part du constat d’une situation de pluralisme quant à la façon de concevoir, de définir et d’opérationnaliser l’environnement dans l’étude de l’origine de la sante´ et de la maladie humaines à travers les sciences biologiques, biomédicales et sociales. L’objectif est de répondre aux deux questions suivantes : 1) est-il possible et souhaitable de de´passer ce pluralisme conceptuel et e´piste´mologique par une approche inte´grative combinant les diverses approches dans l’e´tude de la relation sante´-environnement ; 2) sous quelles conditions une telle approche, interdisciplinaire et inte´grative, peut-elle produire un gain e´piste´mique et/ou pragmatique (le cas e´che´ant), i.e., pour l’avancement de notre connaissance, et pour notre capacite´ a` pre´venir et traiter les maladies qu’il induit afin de produire des be´ne´fices socio- e´conomiques ? Pour y répondre, toutes ces questions sont abordées de manie`re syste´matique a` travers les sciences biologiques, biome´dicales et sociales, et du point de vue du de´bat, en philosophie contemporaine des sciences, sur le pluralisme scientifique. La première tâche est consacre´e a` l’e´tablissement d’un bilan de´taille´ du concept d’environnement a` travers les sciences biome´dicales et les sciences sociales e´tudiant les maladies induites par l’environnement. La deuxième est une exploration des modes possibles d’inte´gration de toutes ces e´tudes et a` e´valuer sous quelles conditions une approche inte´grative peut apporter un gain e´piste´mique et/ou pragmatique (le cas e´che´ant). La troisie`me ta^che vise a` produire une analyse des modes de collaboration correspondants entre sciences de la vie et sciences sociales e´tudiant la sante´ environnementale ou, du moins, a` e´valuer comment les e´tudes disciplinaires des maladies induites par l’environnement pourraient tirer avantage les unes des autres.

La méthodologie utilisée tout au long de ce projet est à la fois comparative et collaborative. C'est qui est comparatif est l'analyse de la manière dont l'environnement est conçu, défini et opérationnalisé par les chercheurs en sciences de la vie et en sciences sociales qui étudient les maladies induites par l'environnement. Ce qui est collaboratif, c'est la façon dont nous abordons le principal défi du projet, qui est d'essayer d'intégrer des travaux de recherche réalisés par des scientifiques appartenant à des cultures épistémiques différentes. Toute l'équipe de collaborateurs est pluridisciplinaire et a déjà fait preuve de collaborations transdisciplinaires (entre philosophes des sciences, biologistes, médecins, épidémiologistes, anthropologues, sociologues, etc.)
La principale méthodologie utilisée consiste à lire et à développer une analyse conceptuelle et épistémologique de la littérature scientifique, en sciences de la vie et en sciences sociales, sur les états de santé et de maladie induits par l'environnement.

Gaëlle Pontarotti a été recrutée en tant que postdoctorante en septembre 2020. J’ai tout de suite organisé avec elle le workshop « L’environnement : des sciences naturelles aux sciences humaines et sociales » afin de dresser un panorama des fac¸ons de concevoir l’environnement a` travers les sciences naturelles et les sciences humaines et sociales, et de commencer ainsi a` mettre en lumie`re leurs points communs et leurs diffe´rences. Ensuite, j’ai mis en place des collaborations assidues avec Elodie Giroux, philosophe de la médecine (Pr, Université Lyon 3, et ses collègues impliqués dans un projet intitulé EpiExpo (Epigénétique et exposition). Nous avons organisé un groupe de travail sur « Environnement social et incorporation biologique » où, avec d’autres collègues historiens, philosophes et sociologigues des sciences et épidémiologiques, nous avons discute´ d’un certain nombre de concepts mobilise´s dans la litte´rature sur les maladies induites par l’environnement (incorporation/embodiment, encha^ssement/embedding, biologies locales/local biologies, etc.). En me^me temps, j’ai de´marre´ un travail assidu en te^te a` te^te avec Elodie Giroux, qui travaillait de´ja` a` l’e´poque sur la pluralite´ des concepts d’environnement et en particulier sur un nouveau concept provenant de l’e´pide´miologie qu’est celui d’exposome. Cette collaboration nous a amene´es a` être invitées ensemble au workshop « Postgenomic Determinisms : Environmental Narratives after the Century of the Gene » organise´ par Jan Baedke et Azita Chellappoo a` la Ru¨hr Universita¨t en Allemagne (en visioconfe´rence, 25-26 mars 2021). Nous avons présenté un travail à quatre mains sur le de´terminisme environnemental caracte´risant les recherches en exposomique. Notre pre´sentation, intitulée « Narratives in exposomcis: a reversed epistemic determinism? » parai^tra en 2022 sous forme d’article dans un nume´ro spe´cial de la revue History and Philosophy of Life Sciences. Mes collaborations avec Elodie Giroux et ses colle`gues de Lyon ont aussi donne´ lieu a` l’organisation au colloque international et pluridisciplinaire « Enjeux e´piste´mologiques et pratiques des approches inte´gratives en sante´-environnement » (en visioconfe´rence, 4-5 fe´vrier 2021). Nous avons eu l’accord de la maison d’édition Palgrave pour la publication d’un volume sur les thématiques du workshop, sous la direction de Elodie Giroux, Yohan Fayet et moi-me^me (nous signerons le contrat sous peu). C’est au sein de ce volume que je publierai un article que j’ai commencé à e´crire avec Gae¨lle Pontarotti. Cet article porte le titre provisoire « The Environment of What ? Looking for an operational account of the biosocial environment in public health ».

3 articles en cours de rédaction + 1 volume collectif en anglais chez Palgrave.

1 séminaire mensuel (de janvier à juin 2022) : alternance de séances fermées (groupe de travail restreint) et séances ouvertes (conférenciers invités)

Recrutement d'un postdoc d'un an pour s'occuper de l'axe 3 du projet.

Organisation d'un colloque de clôture de deux jours (premier semestre 2023).

Publications :
1.Merlin F & Giroux E (2021) « Narratives in Exposomics: A Reversed Epistemic Determinism? » Online Workshop Postgenomic determinisms: Environmental Narratives after the Century of the Gene, Ruhr Universität Bochum, 25-26 mars 2021
2.Pontarotti G (2021) “Epigenetics and the biology of race: Naturalism, environmentalism, constructivism” Online Conference, ISHPSSB 2021, 13-20 juillet 2021
3.Pontarotti G.(14 mai 2021), tribune dans Le Monde sur le rapport entre environnement, épigénétique et race.

Communications :
1.Organisation du workshop L’environnement : des sciences naturelles aux sciences humaines et sociales, IHPST Paris, 5-6 novembre 2020 (Merlin F et Pontarotti G : organisatrices ; intervenants et intervenantes faisant partie du projet ANR : Gaille M, Giroux E, Louvel S.
2.Organisation du Colloque en ligne «Enjeux épistémologiques et pratiques des approches intégratives en santé-environnement«, 4-5 février 2021 (Merlin F & Giroux E)

L’environnement et son rôle dans l’origine de la santé et de la maladie humaine est aujourd’hui un objet commun des recherches en biologie (en particulier, en épigénétique environnementale) et en sciences sociales (e.g., en anthropologie médicale et épidémiologie sociale). Cependant, la façon dont il est conçu, défini et opérationnalisé est très hétérogène. Tout d’abord, elle n’est pas homogène au sein des sciences biologiques et médicales elles-mêmes (e.g., l’épigénétique comportamentale, l’épigénétique environnementale, l’épidémiologie, etc.). Ensuite, comme on peut s’attendre, le concept d’environnement et ses mesures sont particulièrement hétérogènes entre les sciences de la vie (incluant la recherche biologique et biomédicale) et les sciences sociales. Il peut être limité à des facteurs internes et/ou externes à nos corps, ce qui est le cas en biologie, mais peut aussi inclure des facteurs de niveaux supérieurs et de différentes natures (psychologique, sociale, économique, historique et culturelle), ce qui est souvent le cas dans les sciences sociales. Ce qui est considéré comme étant l’environnement peut donc avoir des limites spatio-temporelles différentes, pas nécessairement chevauchantes, et cela implique différentes façons de représenter et de modéliser les processus à l’origine des pathologies induites par l’environnement. Le projet ENVIROBIOSOC pose la question de savoir s’il est possible et souhaitable de dépasser ce pluralisme conceptuel et épistémologique par une approche intégrative combinant les diverses approches dans l’étude de la relation santé-environnement, en biologie et en sciences sociales. Il se demande aussi sous quelles conditions une telle approche, interdisciplinaire et intégrative, peut produire un gain épistémique et/ou pragmatique (le cas échéant), i.e., pour l’avancement de notre connaissance, et pour notre capacité à prévenir et traiter les maladies qu’il induit afin de produire des bénéfices socio-économiques. L’originalité de ce projet est d’aborder toutes ces questions de manière systématique, à travers les sciences de la vie et les sciences sociales, et du point de vue du débat, en philosophie contemporaine des sciences, sur le pluralisme scientifique. Ainsi, les questions soulevées porteront sur la façon dont l’environnement, en tant qu’inducteur d’états de santé et de maladie, est conçu et opérationnalisé dans les sciences du vivant et dans les sciences sociales. Quelle attitude doit-on adapter face à la multiplicité de concepts et de mesures de l’environnement à travers toutes ces sciences ? Cette pluralité est-elle temporelle et peut donc être résolue ou, au contraire, est-elle permanente et inéliminable ? Et qu’est-ce que cela implique pour l’approche de recherche adoptée dans les sciences du vivant et dans les sciences sociales ? Afin de répondre à toutes ces questions, le projet ENVIROBIOSOC est structuré en trois tâches. La première vise à dresser un bilan détaillé du concept d’environnement à travers les sciences de la vie et les sciences sociales étudiant les maladies induites par l’environnement. La deuxième vise à explorer les modes possibles d’intégration de toutes ces études et à évaluer sous quelles conditions une approche intégrative peut apporter un gain épistémique et/ou pragmatique (le cas échéant). La troisième tâche vise à produire une analyse des modes de collaboration correspondants entre sciences de la vie et sciences sociales étudiant la santé environnementale ou, du moins, à évaluer comment les études disciplinaires des maladies induites par l’environnement pourraient tirer avantage les unes des autres. La mise en place du projet ENVIROBIOSOC permettra de produire une analyse philosophique exhaustive sur toutes ces questions, en collaboration constante et étroite avec des chercheurs dans les sciences biologiques, biomédicales et sociales.

Coordination du projet

Francesca Merlin (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

IHPST Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques

Aide de l'ANR 256 778 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2019 - 36 Mois

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