Flash Info
CE26 - Innovation, travail

Le travail en horaires décalés : pratiques des employeurs et ajustements des familles – Worklife

Résumé de soumission

Le travail en horaires décalés (nuit, week-end, forte amplitude horaire) connait un essor sans précédent et se diffuse à de nombreux pays et secteurs de l’économie. Si les Etats-Unis sont qualifiés de round-the-clock economy, un salarié sur cinq travaille désormais régulièrement la nuit en Europe, et 42 % des salariés français sont concernés par au moins un type d’horaires atypiques. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées même si la forme et l’intensité des horaires diffèrent. Dans certains secteurs, les horaires non standards sont contractuels et liés au poste de travail afin d’assurer la continuité de la vie sociale (santé, transport, police et sécurité); dans d’autres secteurs (conseil, audit, banques d’affaires, etc.), ils sont le fruit de cultures institutionnelles où les grandes amplitudes horaires sont valorisées comme norme professionnelle et signe d’investissement au travail.

La progression rapide des horaires atypiques est liée à différents facteurs : hausse des besoins en santé des populations, transformation des modes de vie et de consommation, essor des technologies numériques, flexibilisation du marché du travail. Elle soulève des enjeux massifs pour les pouvoirs publics en termes de santé, de politique familiale. Les horaires non standards perturbent les rythmes de la vie biologique et de la vie sociale définis par les écoles et les grandes administrations. En outre, les couples biactifs font face à une désynchronisation croissante de leurs emplois du temps en Europe.

Face à ce défi majeur, l’objectif du projet WORKLIFE est double : (1) analyser les effets des horaires non standards de travail sur les dynamiques familiales (fécondité et calendrier des naissances ; mise en couple et séparation ; partage des tâches dans la sphère domestique) ; (2) comprendre le rôle des employeurs dans les arbitrages des salariés et les ajustements familiaux. Notre hypothèse est que le travail en horaires décalés produit des perturbations sur la vie familiale et conjugale, avec des variations selon le sexe, les rythmes de travail des conjoints et les politiques d’entreprises. En effet, en France, l’investissement des entreprises en matière de conciliation apparaît très variable d’un secteur à l’autre et la politique familiale, quoique qualifiée de généreuse en Europe, est centrée sur les parents de jeunes enfants plutôt qu’un soutien à la conciliation tout au long de la vie active.

Ainsi, après avoir caractérisé la situation des salariés en horaires décalés en France et en Europe à partir d’enquêtes par panel en population générale (Gender & Generation Surveys ; enquêtes Conditions de travail), nous nous centrerons sur 4 grandes entreprises et administrations françaises particulièrement exposées aux horaires atypiques dans les secteurs du conseil, de la santé, du transport et de l’énergie. Pour chaque cas, nous collectons les fichiers RH de l’entreprise et conduisons des entretiens auprès d’un panel de salariés en horaires non standards (N=120) ; nous répétons les entretiens à un an pour les salariés concernés par des changements familiaux et/ou professionnels majeurs. L’intérêt de cette approche comparative et longitudinale est triple : identifier des trajectoires de conciliation ; démêler le rôle des facteurs individuels (sexe, diplôme, situation familiale) et de l’environnement professionnel ; repérer les effets liés à l’introduction de nouveaux dispositifs de conciliation.

En définitive, par son approche longitudinale basée sur des données originales, le projet WORKLIFE renouvelle les études sur la conciliation, largement dominées par les approches transversales et l’analyse des difficultés de conciliation à un moment donné de la carrière. Il s’appuie sur une équipe interdisciplinaire (sociologie, économie, sciences de gestion, démographie) spécialiste des méthodes mixtes et des analyses longitudinales, et sur un comité scientifique composé de 5 experts internationaux.

Coordination du projet

Anne Lambert (Institut national d'études démographiques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

INED Institut national d'études démographiques

Aide de l'ANR 314 215 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2019 - 36 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter