Régulations, Innovation et Marchés Locaux du Travail – RILLM
Depuis la crise financière de 2008, les gouvernements européens ont mis en place de nombreuses réformes des régulations anticoncurrentielles des marchés des biens et services, soit des réformes des lois et règlements dans les secteurs des services et des réseaux pouvant restreindre la concurrence et les choix des entreprises. Ces réformes sont soutenues par des organismes internationaux, comme l’OCDE et le FMI, et par une littérature abondante concluant à des effets négatifs de ces régulations sur l’innovation et la productivité des entreprises. Cependant, leurs effets sur le marché du travail sont assez méconnus. Les performances des marchés du travail étant mauvaises dans la plupart des pays Européens, il est essentiel de combler cette lacune et c’est l’objectif principal de ce projet. Nous allons étudier les effets des régulations anticoncurrentielles sur principalement les taux d’emploi et de participation et les inégalités salariales, notamment entre hommes et femmes, pour 31 pays Européens.
Pour comprendre en détail les effets des régulations, nos analyses empiriques et théoriques mettront en avant le rôle joué par l’innovation. Une attention particulière sera apportée aux innovations environnementales car elles sont nécessaire pour une croissance soutenable et peuvent avoir des effets spécifiques sur l’emploi. Nous étudierons aussi la complémentarité entre ces régulations anticoncurrentielles et celles du marché du travail, en particulier la législation sur la protection des emplois, l’allocation chômage et le salaire minimum.
La plupart des analyses empiriques des effets des régulations anticoncurrentielles sur l’innovation utilisent des données de panels pays*secteurs, les régulations étant mises-en-œuvre à ce niveau. Cependant, les travailleurs étant mobiles entre secteurs d’activité, ces analyses ne permettent pas d’étudier les effets globaux sur l’emploi ou les inégalités. Parallèlement, les analyses sur données d’entreprise identifient les effets des régulations sur l’emploi et les salaires des entreprises innovantes, mais peuvent difficilement prendre en compte les effets induits sur les autres entreprises par le processus de création/destructrice. Pour dépasser ces limites, nos analyses reposeront sur l’association de données sur les secteurs et sur les marchés du travail locaux. Un marché du travail local est une aire géographique au sein de laquelle la plupart des travailleurs vivent et travaillent tandis que les entreprises y trouvent la plupart des travailleurs dont ils ont besoin. C’est donc un niveau d’étude pertinent des effets sur l’emploi et les inégalités.
Notre approche nous permettra de tester si l’effet d’une régulation anticoncurrentielle sur un marché du travail local dépend de la composition sectorielle de celui-ci. Plus exactement, nous si l’effet des régulations d’un secteur sur un marché du travail local dépend : (i) de la proportion de ses travailleurs employés dans le secteur régulé ; et (ii) de la proportion de ses travailleurs employés dans des secteurs utilisant les biens intermédiaires produits par le secteur régulé. Ces tests devraient nous informer sur le lien de causalité entre régulation et les évolutions du marché du travail. Ces analyses empiriques bénéficieront d’une base de données individuelles couvrant 281 marchés du travail locaux de 1985 à 2016, ainsi que d’un estimateur pour panel multidimensionnels développé dans ce projet.
Notre projet permettra d’évaluer les effets des régulations anticoncurrentielles et des régulations du marché du travail pour 31 pays et 281 marchés du travail locaux, et notamment d’identifier parmi ces derniers les éventuels gagnants et perdants des réformes. L’impact sur les débats nationaux et internationaux, ainsi que sur les législateurs, sera renforcé par la mise à disposition gratuite d’un logiciel permettant de calculer facilement les nombreux effets possibles des réformes.
Coordination du projet
Jimmy Lopez (Laboratoire d'Economie de Dijon)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
LEDi Laboratoire d'Economie de Dijon
Aide de l'ANR 249 310 euros
Début et durée du projet scientifique :
février 2020
- 48 Mois