Autophagie, proteases et performances agronomiques – hAPPEN
L'autophagie et la protéolyse participent à augmenter les performances agronomiques chez les plantes
Rôles complémentaires de l'autophagie et des protéases végétales dans la mobilisation des nutriments et dans la signalisation puits/source pendant la sénescence foliaire et racinaire. La dégradation des protéines pendant la sénescence foliaire est dépendantes ou non de l'autophagie. Chacune des voies peut faciliter la remobilisation de l'azote pour le remplissage du grain. Les rôles et substrats spécifiques de l'autophagie et des protéases restent à identifier.
Etude du rôle de l'autophagie et des protéases foliaires dans le recyclage et la remobilisation de l'azote pour le remplissage des graines en protéines.
L'objectif du projet est d'étudier les rôles complémentaires de l'autophagie et des protéases dans la remobilisation des nutriments au moment de la sénescence foliaire. La connaissance du rôle de ces mécanismes, de leur chronologie dans la vie de la feuille, de leurs cibles moléculaires permet d’envisager des voies d’amélioration de la gestion des ressources azotées, pour optimiser la croissance, la production de graines et la tolérance face aux stress de l’environnement, sans apport supplémentaire d’engrais. <br />Les axes du projet sont :<br />• Étudier les interactions entre (i) les différentes protéases liées à la sénescence, (ii) entre ces protéases et l'autophagie à l'échelle de la plante entière, en évaluant la remobilisation de l'azote de la feuille vers les graines et des racines vers les parties reproductrices.<br />• Étudier les substrats spécifiques des protéases induites lors du vieillissement, ainsi que ceux spécifiquement pris en charge par la machinerie autophagique.<br />• Étudier les signaux qui coordonnent les mécanismes de recyclage avec les besoins en nutriment des graines en formation.<br />• Rechercher de nouveaux acteurs participant au processus de remobilisation au niveau cellulaire.
L’approche choisie pour l’étude mécanistique et physiologique de l’autophagie et des protéases associée est une approche de génétique réverse utilisant des plantes dans lesquelles les fonctions de l’autophagie et des protéases sont abolies par mutation ou bien sont stimulées par modification génétique.
Les phénotypes de ces plantes inhibées ou stimulées sont comparés à ceux de la plante sauvage qui sert de référence. Les phénotypes étudiés se situent à différentes échelles. Au niveau plante entière des analyses de flux d’azote sont réalisés par marquage isotopique, les biomasses sont mesurées et le niveau de sénescence foliaire est évalué au cours du développement.
L’imagerie par microscopie permet d’évaluer les modifications structurales engendrées par des défauts ou excès d’autophagie et protéases. Elle permet également de visualiser l’activité autophagique par la numération des vésicules d’autophagie.
Les modifications en contenus protéiques sont évaluées par des analyses de protéomique, les impacts sur le métabolisme par des approches de métabolomique.
Les protéases induites au cours de la sénescence ne sont pas individuellement indispensables au recyclage nutritionnel en raison de redondances.
L’autophagie est essentielle au recyclage et à la remobilisation de l’azote vers la graine.
Des mutants d’autophagie présentent un déficit de remobilisation de 60% par rapport à la plante sauvage.
La stimulation de l’activité autophagie augmente le flux d’azote remobilisé et le taux de protéines dans la graine.
Ainsi, l’autophagie cellulaire est un levier pour l’augmentation du recyclage de l’azote, favorable à la réduction des intrants azotés.
Quatre articles publiés dans des journaux scientifiques de premier rang présentent (i) les modifications métaboliques liées à la sénescence racinaire chez le colza pour la remobilisation ; (ii) comment le niveau d’activité autophagique dans les feuilles est corrélé au flux d’azote vers le grain ; (iii) le rôle de la régulation fine du niveau autophagique dans le contrôle de l’entrée en sénescence des feuilles.
Les perspectives sont l'étude fine de la sénescence racinaire et la dissection mécanistique du processus d'autophagie et de recrutement des cargos.
Le projet hAPPEN est un projet de recherche fondamentale de 48 mois, coordonné par l’Institut Jean-Pierre Bourgin for Plant Sciences (INRAE), avec pour partenaire l’unité EVA de l’Université Caen Basse Normandie. Ce projet a commencé en janvier 2020 et a duré 5 ans. Il a bénéficié d’une aide ANR de 463 265 € pour un coût global de 522 264 €.
L’utilisation d’engrais azotés est responsable du rejet d'oxyde nitreux et de la pollution de l'eau. Il serait possible de réduire l'utilisation des engrais sans nuire aux rendements ni à la qualité des produits végétaux en augmentant les performances de recyclage des éléments nutritifs des plantes et la remobilisation de l'azote d’organe à organe. La sénescence des feuilles est un processus de développement bien connu pour son importance dans la gestion des ressources au niveau plante entière. Au cours de la sénescence, la dégradation séquentielle des composants cellulaires est régulée et coordonnée de manière chronologique afin de recycler les nutriments et de procéder à la remobilisation vers les puits. Les chloroplastes sont les premiers organites à être démantelés et la principale source d'azote dans les protéines des feuilles.
De manière surprenante, la plupart des protéases associées à la sénescence foliaire sont situées dans des vacuoles lytiques. Parmi celles-ci, on peut citer SAG12 (gène 12 associé à la sénescence), RD21 et Cathepsine B qui sont des protéases à cystéine, et la protéase à aspartate AED1. Rien n’est su du rôle de ces protéases dans le recyclage et la remobilisation de l'azote, sauf dans le cas de SAG12 récemment publié. La chronologie de l'expression et de la maturation des différentes protéases et leurs localisations dans les compartiments cellulaires sont clairement des mécanismes stratégiques pour le contrôle des processus cataboliques dont dépend le début et la durée de la sénescence des feuilles.
La dégradation des protéines du stroma du chloroplaste a été étudiée depuis longtemps. La première étape serait une fragmentation des protéines du stroma après oxydation en présence d'espèces réactives de l'oxygène. Les produits de fragmentation persistent probablement dans le chloroplaste jusqu'à ce qu'ils soient expulsés via les stromules dans les vésicules, appelées RuBisCO containing bodies(RCB) et dans des vacuoles associées à la sénescence (SAV) contenant la protéase de cystéine SAG12 entre autre. Il a été démontré que le trafic de RCB vers la vacuole lytique centrale nécessite la macro-autophagie. Ainsi, protéase et autophagie coopèrent dans la degradation des protéines chloroplastes et le recyclage des acides aminés qui les composent.
Les deux groupes de l'IJPB (groupe SATURNE) et de l'UMR INRA-UniCaen EVA impliqués dans ce projet ont montré que:
(i) L'autophagie et la protéase de cystéine SAG12 peuvent contrôler la mobilisation des éléments nutritifs pour un remplissage efficace des graines;
(ii) la surexpression de l'autophagie chez Arabidopsis peut améliorer le recyclage des éléments nutritifs et la mobilisation vers les graines;
(iii) SAG12 est exprimée de manière inattendue dans les racines d'Arabidopsis, où elle contrôle les flux d'azote de la racine aux graines et favorise ainsi leur remplissage lorsque les plantes sont en manque d'azote;
(iv) Le rôle de SAG12 dans les feuilles au cours de la sénescence est essentiel pour la mobilisation de l'azote des feuilles et l'expression de SAG12 dans les feuilles sénescentes, ainsi que dans les racines au stade de la reproduction, suggère que cette protease participe à la signalisation source-puits;
(v) Plusieurs protéines accumulées spécifiquement dans les mutants d’autophagie pourraient être des cibles spécifiques de l’autophagie, comme le suggère la présence de motifs AIM dans leurs séquences et leurs réseaux de régulation de gènes.
Les résultats obtenus suggèrent que des effets de compensation existent entre les différentes protéases et la voie de l'autophagie, facilitant une mobilisation efficace des éléments nutritifs.
L'objectif du projet est d'étudier les rôles complémentaires de l'autophagie et des protéases dans la mobilisation des éléments et dans la signalisation source-puits en particulier lors de la sénescence des feuilles et des racines.
Coordination du projet
Celine Masclaux-Daubresse (INRA Institut Jean-Pierre BOURGIN)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
IJPB INRA Institut Jean-Pierre BOURGIN
EVA Ecophysiologie Végétale, Agronomie et Nutritions
Aide de l'ANR 463 264 euros
Début et durée du projet scientifique :
novembre 2019
- 48 Mois