CE27 - Culture, créations, patrimoine

Modéliser la maisonnée : économies et société des premières populations agricoles d'Europe continentale – HOMES

HOMES

Modéliser la maisonnée : économie et sociologie des premières populations agro-pastorales d'Europe

Pour une approche anthropologique des sociétés rubanées

Inscrit dans la dynamique de recherche sur la Household Archaeology, le projet HOMES vise à modéliser l’organisation économique, anthropologique et idéelle des premières sociétés d’agro-pasteurs néolithiques en Europe continentale. Différentes théories ont été avancées sur la structuration des habitats et du système social de la culture Lbk (6e millénaire BC), en adoptant un point de vue tour à tour migrationniste, démographique, économique, idéel ou social. Le projet Homes propose une modélisation intégrative et systémique à très haute résolution anthropologique et spatiale, des différentes règles d’intégrations économiques et sociales à la base de l’exceptionnelle pérennité et adaptabilité de la culture LBK. En abordant la notion de household dans ses dimensions matérielles, idéelles, individuelles et collectives. A partir d’une zone atelier (la vallée de l’Aisne), le projet Homes vise à définir: (1) l’évolution de la maturité économique et de la capacité de production de maisonnées autonomes du point de vue alimentaire, (2) l’interdépendance entre maisonnées structurée autour de réseaux de réciprocité et d’une redistribution notamment artisanale, (3) l’intégration d’individus extérieurs à la communauté villageoise assurant la cohésion culturelle à une échelle supra régionale. En confrontant les nouveaux scénarios mis en évidence aux hypothèses déjà proposés dans d’autres régions de l’Europe rubanée, le projet Homes interrogera la reproductibilité du système social rubané, à la fois dans le temps et dans l’espace. Il tentera de comprendre si la structure sociale des rubanés du Bassin parisien s’inscrit pleinement dans une tradition, voir un certain conservatisme social, hérité d’Europe centrale, ou s’il reflète plutôt une dynamique innovatrice en périphérie d’un mouvement de colonisation en perte de vitesse.

Le projet HOMES vise une modélisation statistique et spatiale des règles d’interactions qui régissent les sociétés rubanées. Cette analyse s’appuie sur un corpus solide de 9 sites de la vallée de l’Aisne, rassemblant près de 90 maisons et 85 sépultures réparties sur 80 kms le long de la vallée de l’Aisne dans le Bassin de la Seine. Occupés sur environ 200 ans (5100-4900 BC), ces sites permettent de disposer d’une haute résolution d’analyse chronologique et anthropologique. En combinant analyses archéologiques (archéozoologie, technologie et tracéologie des productions lithiques et céramiques), approches archéométriques (pétrographie, tomographie, analyses chimiques sur céramiques et outils) et bioarchéologiques (isotopes stables des grains et os humains) sur un échantillonnage ciblé, le projet HOMES dispose des moyens pour produire des hypothèses fondées sur un cadre résolument pluridisciplinaire. L’approche systémique et intégrative du projet est structurée en 4 ateliers, dont trois ateliers thématiques et un dernier atelier de modélisation géostatistique : Atelier 1-Organisation et niveaux d’intégration des savoir-faire artisanaux, Atelier 2-Production et la consommation alimentaire, Atelier 3-Statut, vie et mort des individus, Atelier 4-Modélisation spatiale et statistique des interactions entre maisonnées, fondée sur une analyse statistique et géomatique (base de données, WebGis, statistiques spatiales). Cette modélisation permettra de tester différentes hypothèses sur le fonctionnement des sociétés rubanées jusque-là discutées à l’échelle européenne.

Les premiers résultats par ateliers soulignent des différences notables entre les maisonnées et les villages, en termes de traditions techniques céramiques, d’identification d’ateliers ou de tailleurs pour la production des outillages et d’activités pratiquées (récoltes, chasse, productions artisanales). Les différences dans la composition de la faune de chaque maison précédemment suggérées se voient confirmées. On note également un accès différencié aux ressources minérales exploitées, ce qui interroge directement l’insertion des maisons dans les réseaux d’approvisionnement.
A l’inverse, les résultats préliminaires concernant les systèmes agricoles (fort amendement) et les plantes consommées (légumineuses et tubercules), le contenu des vases (lipides) et les indicateurs isotopiques de l’alimentation humaine (homogénéité du signal) suggèrent que certaines pratiques partagées étaient fortement structurantes sur le plan des sociétés rubanées, au-delà de notre seule fenêtre d’étude.
La poursuite de nos travaux s’attachera à comprendre si ces différences s’interprètent en termes de tendances chronologiques (évolution) ou géographiques (frontières). Au-delà, le projet Homes tentera de déterminer quels modèles d’interactions sociales se révèlent valides et opérants pour interpréter les différences observées dans les pratiques économiques des sociétés rubanées.

Le projet HOMES ouvre des perspectives importantes pour comprendre les règles de coopération économique et sociale qui gouvernent les relations entre les différents groupes composant les communautés villageoises rubanées. A ce titre, le projet vise à éclairer les mécanismes sous-jacents à la forte stabilité et adaptabilité des sociétés rubanées à travers toute l’Europe sur près d’un millénaire. En confrontant les nouveaux scénarios mis en évidence aux hypothèses déjà proposés dans d’autres régions de l’Europe rubanée, le projet Homes interrogera la reproductibilité de son système social, à la fois dans le temps et dans l’espace. Il tentera de comprendre si la structure sociale des rubanés du Bassin parisien s’inscrit pleinement dans une tradition voir un certain conservatisme social, hérité d’Europe centrale, ou s’il reflète plutôt une dynamique innovatrice en périphérie d’un mouvement de colonisation en perte de vitesse.
A terme, le projet discutera de l’existence d’un ou de plusieurs modèles rubanés, des différences notables dans la structuration des sites se faisant jour entre les premiers sites d’Europe centrale et les derniers sites rubanés implantés sur nos marges occidentales. Nous explorerons la compatibilité de nos hypothèses anthropologiques avec les modèles proposés jusque-là et avec d’autres travaux en cours sur les sites d’Europe centrale et orientale. Nos travaux permettront également d’engager une réflexion sur les innovations sociales propres aux sociétés post-rubanées à partir de 4900 BC.

Au 15/07/2020, 1 article publié et 2 articles soumis à l’international, 6 communications dans des colloques internationaux et 2 dans des colloques nationaux.

Inscrit dans la dynamique de recherche sur la Household archaeology, le projet HOMES vise à modéliser l’organisation économique, anthropologique et idéelle des premières sociétés de farmers néolithiques en Europe continentale. La reproductibilité criante des formes de l’habitat de la culture Lbk (céramique linéaire dite « rubanée, 6e millénaire BC), qui s’est diffusée sur près d’un millénaire et 3000 kms à travers toute l’Europe continentale, constitue une documentation archéologique exceptionnelle à l’échelle du néolithique européen. C’est pourquoi elle suscite depuis près de 50 ans de vifs échanges au sein de la communauté des néolithiciens. Différentes théories ont été avancées pour comprendre la structuration de ces habitats, et ce qu’elle pouvait apporter à la compréhension du système social de ces premières populations d’agro-pasteurs, en adoptant un point de vue tour à tour migrationniste, démographique, économique, idéel ou social.
Dans ce contexte, l’originalité du projet Homes est de proposer une modélisation integrative et systémique à très haute résolution anthropologique et spatiale, des différentes règles d’intégrations économiques et sociales à la base de l’exceptionnelle pérennité et adaptabilité de la culture rubanée. En abordant la notion de household dans ses dimensions matérielles, idéelles, individuelles et collectives à partir d’une zone atelier délibérément restreinte (la vallée de l’Aisne), le projet Homes cherche à tester à partir des données archéologiques de toutes nouvelles hypothèses sur les différents niveaux d’intégration villageoise (Hachem et Hamon 2014, Gomart et al. 2015). Il tentera de définir: (1) l’évolution de la maturité économique et de la capacité de production de maisonnées autonomes du point de vue alimentaire, (2) l’interdépendance entre maisonnées structurée autour de réseaux de réciprocité et d’une redistribution notamment artisanale, (3) l’intégration d’individus extérieurs à la communauté villageoise assurant la cohésion culturelle à une échelle supra régionale.
En associant aux analyses archéologiques, archéo-zoologiques et techno-fonctionnelles à très haute résolution menées jusque-là de façon systématique, de nouvelles compétences en archéométrie (pétrographie, tomographie, analyses chimiques) et en bioarchéologie (archaeobotany, isotopes) sur un échantillonnage ciblé, le projet HOMES se donne les moyens de produire des hypothèses à large portée dans un cadre résolument pluridisciplinaire. Le projet sera structuré en 4 ateliers, dont trois ateliers thématiques et un dernier atelier de modélisation géostatistique : Atelier 1-Organisation et niveaux d’intégration des savoir-faire artisanaux, Atelier 2-Production et la consommation alimentaire, Atelier 3-Statut, vie et mort des individus, Atelier 4-Modélisation spatiale et statistique des interactions entre maisonnées.
En confrontant les nouveaux scénarios mis en évidence aux hypothèses déjà proposés dans d’autres régions de l’Europe rubanée, le projet Homes interrogera la reproductibilité du système social rubané, à la fois dans le temps et dans l’espace, et tentera de comprendre si la structure sociale des rubanés du Bassin parisien s’inscrit pleinement dans une tradition voir un certain conservatisme social, hérité d’Europe centrale, ou s’il reflète plutôt une dynamique innovatrice en périphérie d’un mouvement de colonisation en perte de vitesse.
En proposant une lecture dynamique, évolutive et intégrative à haute résolution des processus sociaux en jeu dans les mécanismes de néolithisation, le projet Homes vise à renouveler fondamentalement notre connaissance des règles et réseaux régissant les premières populations agricoles d’Europe.

Coordination du projet

Caroline HAMON (Trajectoires)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LAMPEA Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique
GEGENAA - URCA GROUPE D'ÉTUDE SUR LES GÉOMATÉRIAUX ET ENVIRONNEMENTS NATURELS, ANTHROPIQUES ET ARCHEOLOGIQUES - URCA
Trajectoires

Aide de l'ANR 337 089 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2019 - 48 Mois

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