L’innovation verte: Créativité, Risque et Contexte social – GrICRiS
L’Innovation verte : Créativité, Risque et Contexte social
L'innovation et la créativité sont deux concepts différents mais liés. La créativité est un acte humain qui implique la génération d'idées nouvelles et utiles. L'innovation implique la mise en œuvre de ces idées dans de nouveaux produits et processus. Elle dépend de la capacité humaine à créer. Ainsi, la cognition créative des individus est un élément clé de l'innovation. Il est urgent d'étudier comment et dans quelle mesure les capacités créatives sont liées aux différents types d'innovation.
L'objectif de GrICRiS est de proposer de nouvelles façons d'intégrer des arguments comportementaux dans le canal de créativité-innovation, notamment en ce qui concerne les produits et services verts.
L'objectif de l'innovation verte est de générer – avec des ressources naturelles et énergétiques limitées – des produits durables à faible consommation d'énergie et/ou à qualité environnementale améliorée. <br />L'innovation verte peut être proactive, lorsqu'elle est guidée par les traits cognitifs des individus et des sociétés. Cependant, les traits cognitifs individuels et sociaux sont par nature intangibles et difficiles à mesurer. Les chercheurs se sont appuyés sur des indicateurs tangibles, qui sont cependant de piètres approximations des concepts théoriques sur lesquels ils sont fondés. <br />Notre objectif est de mesurer directement et d'incorporer des facteurs intangibles – tels que les traits culturels et de personnalité –, liés d'une certaine manière au contexte social, dans le cadrage de la créativité individuelle et collective conduisant à des comportements innovants pro-verts : l'élicitation directe d'attitudes socioculturelles telles que la confiance, le capital social et la tolérance nous aidera à éviter les problèmes méthodologiques liés à l'utilisation d'indicateurs substitutifs pour la créativité. À cet égard, on propose une méthodologie novatrice qui combine des méthodes expérimentales avec les connaissances de la géographie économique. D'une part, les économistes expérimentaux/comportementaux ont souligné l'importance des facteurs contextuels dans la performance des individus lorsque la créativité est en jeu. Néanmoins, l'importance du contexte et le rôle de la culture sont tangentiellement reconnus mais jamais élaborés. D'autre part, la géographie économique, tout en prenant au sérieux les questions de la constitution de la culture et de l'économie et la nature relationnelle de la prise de décision économique, s'est éloignée du behaviorisme à un moment où les approches critiques sont sans doute plus importantes que jamais. Cela suggère la possibilité d'un rapprochement mutuellement constructif entre les deux domaines lors de l'étude du processus créatif.
La principale contribution méthodologique du projet est la conception d'expériences appropriées afin d'évaluer et de comparer la créativité menant à l'innovation non verte et à l'innovation verte. La partie principale du projet consiste à mener des expériences économiques soit en laboratoire (avec des étudiants de premier cycle en économie), soit sur le terrain (avec des professionnels utilisant la créativité dans leur activité professionnelle).
En outre, nous utilisons les résultats de nos expériences pour enrichir les modèles existants d'innovation et de créativité vertes par des (nouveaux) arguments comportementaux. En particulier, nous nous concentrons sur les arguments cognitifs (aversion au risque), psychologiques (motivation intrinsèque) et sociologiques (préférences et contexte sociaux, modes d'organisation).
Ensuite, cela nécessite la mise en œuvre d'une approche multiméthode (combinant l'économie expérimentale, la psychologie sociale et la géographie économique). En particulier, les participants aux sessions expérimentales du GrICRiS (en laboratoire et sur le terrain) sont également interrogés par le biais d'un questionnaire semi-structuré sur les habitudes pro-environnementales, les habitudes relationnelles, les habitudes de divertissement, la tolérance et l'ouverture aux autres, le capital social et le sentiment d'appartenance au lieu où l'expérience est menée.
D'octobre 2018 à juin 2020 (21 mois de GrICRiS), nous avons contribué à la compréhension de :
- L'impact des préférences en matière de risque sur le processus créatif [Tâche 2.1] : nous constatons que l'aversion au risque a un effet positif sur la performance créative des participants français à nos expériences de laboratoire avec les étudiants de premier cycle. Cela éclaire les résultats controversés qui lient la prise de risque et la créativité et qui existent dans la littérature économique et psychologique.
- Créativité et mode d'organisation [Tâche 3.1] : nous fournissons des preuves d'une interaction négative entre les incitations monétaires et la créativité au niveau du groupe (éviction de la motivation intrinsèque du groupe) avec les participants français à l'expérience. Ce dernier effet se retrouve davantage dans les sessions expérimentales avec des experts en créativité que dans celles avec des étudiants de premier cycle.
- Créativité et contexte social [Tâche 3.2] : nous constatons que les habitudes sociales et les activités de loisirs ont un effet positif sur la performance créative des participants français à nos expériences de laboratoire avec des étudiants de premier cycle.
Pendant les 21 mois restants de GrICRiS, ces résultats seront étendus à :
- les deux autres pays impliqués dans le projet (Italie et Espagne) ;
- le cas spécifique de la Créativité verte, c'est-à-dire les Tâches 1.1, 1.2 et 2.2, et la partie «verte« des Tâches 3.1 et 3.2.
Les travaux de recherche réalisés au cours des 21 premiers mois du GrICRiS ont produit deux principales retombées :
1. Un nouveau laboratoire d'économie expérimentale, le Creativ'Lab, va bientôt être installé au BETA de l'Université de Strasbourg, auquel Patrick Llerena, un des membres du GRICRIS, est affilié. L'idée du Creativ'Lab est venue à l'esprit de Patrick Llerena en travaillant sur la créativité de groupe avec le PI du GrICRiS sur les Working Papers no. 9-10 (voir section E du compte-rendu intermédiaire). Le Creativ'Lab sera entièrement financé par des fonds locaux à Strasbourg, donc il ne coûtera rien en termes de budget GrICRiS. Dans l'idée initiale de Patrick Llerena, le Creativ'Lab aurait dû commencer ses activités en septembre 2020, servant ainsi la deuxième partie du projet GrICRiS, avec l'analyse de l'impact des modes d'organisation (Tâche 3.1) et des contextes sociaux (Tâche 3.2) sur la créativité de groupe chez les entrepreneurs et les experts. En raison des effets secondaires du COVID-19, le Creativ'Lab devrait commencer ses activités dans le cadre de GrICRiS en janvier 2021.
2. Une collaboration avec l'Unité d'Addictologie Clinique du Centre Hospitalier Universitaire de Nice a débuté au sein du GrICRiS. A partir de septembre 2020, les membres du GREDEG du projet mèneront des expériences de créativité verte sur le terrain avec des patients de cette unité, sous la supervision du chef de l'unité, le Dr Faredj Cherick et du PI du GRICRIS, Giuseppe Attanasi. L'unité d'addictologie clinique est une unité de 14 lits dédiée aux patients présentant à la fois des addictions aux produits (alcool, cocaïne, héroïne, tabac, etc.) et des addictions comportementales (nourriture, sexe, jeu pathologique, etc.) qui nécessitent un sevrage et un traitement des comorbidités somatiques et psychiatriques. Les tâches de créativité verte élaborées par les membres du GrICRiS seront l'un des outils des thérapies artistiques mises en œuvre avec les patients dans l'unité.
D'octobre 2018 à juin 2020, nous avons publié 8 articles dans des revues à comité de lecture (voir articles n° 1, 6, 11, 12, 13, 14, 15, 16 de la section D.1 du compte-rendu intermédiaire), dont :
- 6 sur des revues internationales et 2 sur des revues nationales (1 française, 1 espagnole) à comité de lecture ;
- 5 de rang 2 selon le classement CNRS des revues économiques.
Bien qu'aucun de ces articles n'ait la créativité verte comme mot-clé de recherche principal, tous ces travaux s'attaquent à des sujets de recherche qui sont propédeutiques à une enquête de créativité de suivi. Ces sujets sont l'ambiguïté, la confiance, la réputation ou l'incertitude.
Dans les sections E.1-E.4 du compte-rendu intermédiaire, nous énumérons les documents de travail et les travaux en cours. En passant de la section D.1 (articles publiés) aux sections E.1-E.4 (documents de travail et travaux en cours), on peut remarquer la transition naturelle entre les travaux préliminaires mentionnés ci-dessus et nos enquêtes les plus récentes, qui sont plus spécifiquement centrées sur la créativité verte.
En outre, alors que seulement 25% (2 sur 8) des articles publiés depuis lors ont – parmi la liste des co-auteurs – plus d'un membre du GRICRIS, environ 55% (17 sur 30) des travaux énumérés dans les sections E.1-E.4 (documents de travail et travaux en cours) ont été co-écrits par 2 membres du GRICRIS ou plus (avec 8 travaux ayant 4 membres de l'équipe du GRICRIS ou plus comme contributeurs).
Nous avons déjà présenté les résultats préliminaires du GRICRIS dans 16 conférences scientifiques internationales (voir n° 2-5 et 17-28 dans la section D.1) et 7 conférences, ateliers ou séminaires scientifiques français (voir n° 7 et 29-34 dans la section D.1). Nous avons mis en œuvre plusieurs autres activités de diffusion de la méthodologie et des résultats du GRICRIS auprès d'acteurs publics et privés et de la société civile en France, en Italie et en Suisse (voir n° 8-10 et 35-42 dans la section D.1).
Ces dernières années, les préoccupations environnementales ont encouragé les entreprises à se spécialiser dans la production de produits et de services respectueux de l'environnement, à travers l'innovation dite verte (ou éco-innovation).
L'objectif de l'innovation verte est de mettre sur le marché des produits et services durables ayant un faible impact sur l'environnement. L'innovation verte nécessite un processus créatif qui transforme efficacement des ressources rares en produits respectueux de l'environnement.
L'objectif de notre projet est de proposer de nouvelles manières d'intégrer des variables comportementales dans la compréhension de la relation entre la créativité et l'innovation dans le domaine des produits et services verts. Plus précisément, notre projet vise à répondre aux questions de recherche suivantes :
1) Dans quelle mesure des formes de créativité variées contribuent-elles différemment à l'innovation verte par opposition a l'innovation traditionnelle ?
2) L'aversion au risque des agents créatifs renforce-t-elle ou inhibe-t-elle l'innovation verte ?
3) Certains contextes organisationnels et sociaux sont-ils plus favorables aux processus d'innovation de type vert ?
La principale contribution méthodologique de notre projet est la conception d'expériences appropriées visant a évaluer et a comparer la créativité menant à l'innovation verte, en abordant les trois questions de recherche formulées précédemment. Par ailleurs, nous utilisons les données issues de nos résultats expérimentaux pour enrichir les modèles existants d'innovation et de créativité vertes à travers de (nouveaux) arguments comportementaux. En particulier, nous nous concentrons sur les arguments cognitifs (aversion au risque), psychologiques (motivation intrinsèque) et sociologiques (contextes sociaux et organisationnels).
Cette recherche devrait éclairer le rôle de la créativité dans l'innovation verte et le rôle des différents contextes socioculturels et institutionnels, en comparant la situation française à d'autres contextes européens. En effet, mener des expériences de laboratoire et de terrain dans trois pays de l'UE (France, Italie et Espagne) avec des étudiants en économie (groupe de contrôle) et des entrepreneurs créatifs devrait nous permettre de tenir compte des différences géographiques / institutionnelles et des trajectoires créatives qui affectent de manière significative l'éco-innovation.
Coordination du projet
Michela Chessa (UNIVERSITE NICE SOPHIA ANTIPOLIS - Groupe de Recherche en Droit, Economie et Gestion)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
Università di Milano-Bicocca / Dipartimento di Economia, Metodi quantitativi e Strategie d'impresa (DEMS)
LINEEX Universidad de Valencia / Laboratory for Research in Experimental Economics (LINEEX)
ESC DIJON-BOURGOGNE
UNS - GREDEG UNIVERSITE NICE SOPHIA ANTIPOLIS - Groupe de Recherche en Droit, Economie et Gestion
Aide de l'ANR 210 600 euros
Début et durée du projet scientifique :
September 2018
- 36 Mois