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CE14 - Physiologie et physiopathologie

Identification des facteurs mécanobiologiques mis en jeu lors de la formation des plaquettes – PlatForMechanics

Identification des facteurs mécanobiologiques mis en jeu lors de la formation des plaquettes

Les plaquettes jouent un rôle essentiel en assurant l'hémostase. Aujourd'hui, les mécanismes de la formation des plaquettes sont encore insuffisamment compris. Nous avons proposé ici une approche i pour étudier le rôle des facteurs mécanobiologiques dans la biogenèse des plaquettes. Notre objectif est d'identifier comment le confinement 3D et la rigidité de la moelle osseuse fournissent des signaux intracellulaires clés pour une différenciation optimale des MKs

Déchiffrer et contrôler la différenciation des MK grâce à un réglage fin des propriétés physiques de leurs microniches.

Les mécanismes de différenciation cellulaire dépendent de manière cruciale des propriétés mécaniques du microenvironnement et cet aspect a longtemps été négligé dans le domaine de la formation des plaquettes. Or la production de plaquettes in vitro est loin d'être optimale. Cette limitation souligne fortement la nécessité de mieux comprendre comment les MKs réagissent à leur environnement pour se différencier de manière optimale et libérer les plaquettes. <br />Nous proposons ici d'étudier l'hypothèse selon laquelle les MKs expriment des récepteurs mécanobiologiques qui répondent à la matrice extracellulaire (MEC) en émettant des signaux vers le cytosquelette et le noyau de la cellule. Nos objectifs sont d'identifier : <br />1) comment les MKs perçoivent leur environnement physique par l'interaction avec la matrice extracellulaire. Une attention particulière a été accordée aux intégrines et aux canaux Piezo et à leur éventuelle interférence. <br />2) Comment les signaux mécaniques sont traduits à l'intérieur des MKs pour modifier leur programme transcriptionnel. Nous étudions comment les facteurs de transcription mécanosensibles contrôlent la maturation des MKs lors de l'interaction des MK avec la matrice environnante. La dépendance de l'engagement des intégrines ou de l'activation des récepteurs canaux pour l'activation de ces facteurs sera également évaluée. Dans certaines pathologies telles que la myélofibrose, la rigidité de la moelle est augmentée et la biogenèse plaquettaire est altérée. Les conditions physiologiques in vivo seront comparées aux conditions pathologiques où la rigidité de la BM est modifiée. <br />Ce projet vise à obtenir une image globale de l'impact de la rigidité et du confinement des MKs sur la production de plaquettes, et à clarifier comment ces contraintes contrôlent la maturation de la MK et, en fin de compte, la formation des plaquettes. À ce jour, seules quelques données ont été publiées sur la façon dont les MK détectent les signaux mécaniques.

Tâche 1. Ressenti de la rigidité par les MKs.
Des analyses in vitro sont effectuées en utilisant des MK différenciés in vitro à partir de progéniteurs Lin-, pendant 3 jours. Les cellules sont déposées sur un substrat recouvert de fibronectine avec une rigidité allant de <1kpa à >90 kpa. La capacité d'adhésion est déterminée après 2h, l'étendue de l'étalement après 5h, et la capacité de formation de plaquettes après 24h. Le type d'adhérence est analysé à l'aide d'anticorps dirigés contre les intégrines et les composants du complexe d'adhérence focale. Des expériences pour mesurer la force de traction seront effectuées. Des analyses transcriptomiques ont été effectuées avec des MKs adhérés sur des matrices molles (<1kPa) et rigides (90 kPa). Enfin, le comportement des MKs provenant de souris WT ou de souris déficientes pour les récepteurs mécanosensibles est comparé.
Tâche 2 : Déchiffrer les voies de mécanotransduction.
Les voies de mécanotransduction sont évaluées en déterminant la relocalisation des facteurs de transcription mécanosensibles (MKL1, Yap, Taz) et l'implication potentielle des petites Rho GTPases lors de l'adhésion sur la surface de différentes rigidités. Des souris knockout Piezo1/2 et Yap/Taz sont étudiées en ce qui concerne leur capacité de formation de (pro)plaquettes à l'état homéostatique et dans les conditions suivantes : régénération de la moelle osseuse (5-FU, TPO), nombre de MK, ploïdie et ultrastructure.

âche 1. Ressenti de la rigidité par les MKs.
Des analyses in vitro sont effectuées en utilisant des MK différenciés in vitro à partir de progéniteurs Lin-, pendant 3 jours. Les cellules sont déposées sur un substrat recouvert de fibronectine avec une rigidité allant de <1kpa à >90 kpa. La capacité d'adhésion est déterminée après 2h, l'étendue de l'étalement après 5h, et la capacité de formation de plaquettes après 24h. Le type d'adhérence est analysé à l'aide d'anticorps dirigés contre les intégrines et les composants du complexe d'adhérence focale. Des expériences pour mesurer la force de traction seront effectuées. Des analyses transcriptomiques ont été effectuées avec des MKs adhérés sur des matrices molles (<1kPa) et rigides (90 kPa). Enfin, le comportement des MKs provenant de souris WT ou de souris déficientes pour les récepteurs mécanosensibles est comparé.
Tâche 2 : Déchiffrer les voies de mécanotransduction.
Les voies de mécanotransduction sont évaluées en déterminant la relocalisation des facteurs de transcription mécanosensibles (MKL1, Yap, Taz) et l'implication potentielle des petites Rho GTPases lors de l'adhésion sur la surface de différentes rigidités. Des souris knockout Piezo1/2 et Yap/Taz sont étudiées en ce qui concerne leur capacité de formation de (pro)plaquettes à l'état homéostatique et dans les conditions suivantes : régénération de la moelle osseuse (5-FU, TPO), nombre de MK, ploïdie et ultrastructure.

Les mégacaryocytes sont de véritables cellules mécanosensibles et, en adhérant à la fibronectine, l'intégrine b3, mais pas b1, jouerait le rôle de mécanorécepteur. La manière dont cette interaction module la signalisation intracellulaire est actuellement en cours d'évaluation.
Yap et Taz pourraient être impliqués dans la régulation négative de la formation de plaquettes lors de la régénération de la moelle après une myéloablation.

Présentation orales:
Thao Nguyen, Alicia Bornert, Christian Gachet, François Lanza, Catherine Léon. Integrin ß3 regulates fibronectin rigidity sensing by megakaryocytes and proplatelet formation. 2nd Mechanobiology meeting in Vietnam: when physics meets biology. Quy Nhon, Vietnam, 2019

Thao Nguyen, Alicia Bornert, Christian Gachet, François Lanza, Catherine Léon. L’intégrine ß3 régule la sensibilité des mégacaryocytes à la rigidité du substrat et leur capacité à former des proplaquettes. Club Français des Plaquettes et Mégacaryocytes. Toulouse 2019

Les plaquettes sanguines jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne en prévention des hémorragies. Une diminution du nombre de plaquettes à la suite d’un traumatisme, d’une chimiothérapie ou de maladie héréditaire est une menace pour la vie des patients. La transfusion plaquettaire est la seule option thérapeutique dans la plupart des cas. Le vieillissement de la population et l'augmentation des chimiothérapies agressives entrainent un accroissement de la demande qui pourrait conduire à des situations de pénurie. A l'heure actuelle, la disponibilité en plaquettes dépend exclusivement des donneurs, à quoi s’ajoutent un temps de conservation limité et des préoccupations sécuritaires concernant la qualité des produits et les risques immunologiques et infectieux. C’est pourquoi la production de plaquettes in vitro a attiré beaucoup d'attention au cours de la dernière décennie et représente un enjeu à la fois thérapeutique et économique majeur. Pourtant, malgré les efforts déployés par plusieurs laboratoires, les rendements des plaquettes générées in vitro restent insuffisants pour offrir une alternative réaliste à la transfusion.
Les plaquettes sont naturellement produites dans la moelle osseuse par les mégacaryocytes (MKs), cellules dérivant de la différenciation de cellules souches hématopoïétiques puis de leur maturation. Aux stades matures, les MKs étendent des proplaquettes, longues extensions à travers la paroi des vaisseaux sanguins avant d'être libérées sous forme de plaquettes. Aujourd'hui, bien que l’on sache cultiver les MKs in vitro en milieu liquide, leur maturation n’est pas optimale, en raison notamment d’un manque de connaissances concernant les mécanismes in vivo. Notre projet vise à comprendre le rôle de l’environnement dans la différenciation/maturation des MKs, en nous attachant aux composantes physiques et mécaniques à travers l’interaction avec la matrice. La moelle est un tissu peu rigide, mais où le confinement génère des contraintes mécaniques fortes pendant les étapes de maturation, puis très faible au cours de la libération des plaquettes dans le sang. Pourtant, l’impact de ces forces dans la formation des plaquettes est peu étudié. Nos travaux ont récemment montré que la culture en milieu semi-rigide 3D améliore la maturation des MKs et la formation des proplaquettes par rapport au milieu liquide. Dans la suite logique de ces travaux, nous voulons maintenant établir comment les MKs ressentent ces forces (étude des mécanorécepteurs intégrines et Piezo) et s’y adaptent (mécanotransduction et rôle de MKL1 et YAP/TAZ) pour optimiser la formation des plaquettes via un remodelage de l’architecture des MKs. Ce travail est guidé par des données préliminaires non publiées montrant que 1) les MKs forment préférentiellement des proplaquettes sur des surfaces semi-rigides, 2) les intégrines et récepteurs Piezo régulent la formation des plaquettes in vivo, 3) les facteurs de transcription MKL1 et YAP sont activés lorsque les MKs sont cultivés en milieu semi-rigide.
Le projet repose sur des connaissances et des approches complémentaires des trois partenaires, d’une part des experts en biologie des MKs et d’autre part un expert en mécanobiologie. Ce projet combine des techniques d'imagerie microscopiques innovantes (confocale/intra-vitale en bi-photon/électronique à transmission) et des approches de (mécano)biologie cellulaires (adhésion sur surface de rigidité variable, micropatterns, mesure de force de traction) et moléculaires (transcriptome, signalisation, transduction de cellules primaires). La force de ce projet est de pouvoir associer des études in vitro et in vivo, dans des systèmes biologiques murins et humains. Il apportera une compréhension sur des mécanismes jusque-là négligés et pourtant mis en jeu lors d’étapes clés de la biogénèse des plaquettes. Les données obtenues pourront générer de nouvelles stratégies pour améliorer la production de plaquettes à visée transfusionnelle.

Coordination du projet

Catherine Leon (BIOLOGIE ET PHARMACOLOGIE DES PLAQUETTES SANGUINES : HÉMOSTASES, THROMBOSE, TRANSFUSION)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

U1255 (U949) BIOLOGIE ET PHARMACOLOGIE DES PLAQUETTES SANGUINES : HÉMOSTASES, THROMBOSE, TRANSFUSION
BUS Boston University School of Medicine / Department of Medicine
LIPHY Laboratoire Interdisciplinaire de Physique

Aide de l'ANR 433 224 euros
Début et durée du projet scientifique : novembre 2018 - 36 Mois

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