Flash Info
DS08 - Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives

Famille et inégalité – FAMINEQ

FAMINEQ : Du comportement des familles aux mesures d’inégalités

Au cours des 50 dernières années, les pays industrialisés ont connu de profonds changements économiques et démographiques. Ces changements concernent la répartition des revenus entre les individus et la structure familiale dans laquelle ces individus vivent (baisse des taux de nuptialité et de natalité, retards dans la cohabitation, augmentation du nombre de divorces et de la mono-parentalité).

Changements démographiques et économiques

L'interaction entre ces tendances économiques et démographiques est restée largement inexplorée alors que les familles sont un lieu clé dans la production et la reproduction des inégalités. Par exemple, les mariages endogamiques pourraient renforcer l'inégalité entre les individus. Les décisions d'allocation au sein des ménages créent des inégalités entre les ménages de composition différente et au sein des ménages. Les familles investissent dans leurs enfants et favorisent leur réussite économique mais contribuent ainsi aux inégalités. Comprendre ces phénomènes est un défi majeur pour l’analyse des inégalités dans la société moderne et pour la conception de politiques de redistribution efficaces. Notre objectif scientifique principal est de développer des recherches empiriques et théoriques innovantes permettant de comprendre les différentes facettes du lien famille-inégalité.

Le projet s’appuie sur de nouveaux modèles de comportement des ménages et contribue à leur développement. En particulier, les modèles collectifs supposent que chaque membre du ménage a des préférences propres et que les décisions du ménage mènent à l'efficacité parétienne. Ces modèles sont essentiels pour (a) comprendre comment de meilleures opportunités extérieures pour les femmes ont modifié l'équilibre des pouvoirs au sein du ménage et (b) pour mesurer l'évolution de l'inégalité au niveau individuel (et non des ménages comme on le fait habituellement). Également important, les modèles de marché de mariage expliquent les décisions relatives au choix du partenaire et permettent de démêler les rôles respectifs des préférences individuelles et de la distribution agrégée des caractéristiques des partenaires potentiels. Un autre objectif consiste à analyser la manière dont les caractéristiques familiales déterminent la transmission des avantages économiques entre générations. Plus généralement, l’influence des antécédents familiaux sur la réussite et les inégalités individuelles sera évaluée à l’aide de sources de données jusqu’à présent sous-exploitées.

Le projet a permis de développer les modèles collectifs afin, en particulier, d’inclure les enfants et de mesurer les inégalités au niveau individuel. Ceci a permis de nuancer certaines conclusions sur l’évolution des inégalités. Par exemple, au Royaume-Uni, les inégalités ont augmenté entre ménages, mais ont partiellement diminué au sein des ménages, compensant un peu la tendance globale. Le projet a aussi contribué au développement des modèles de marché du mariage. On a montré que l’endogamie a eu tendance à augmenter dans divers pays. Les individus avec, en particulier, des revenus similaires ont plus tendance à former des couples, contribuant à renforcer les inégalités entre ménages.

Le projet a mené a une vingtaine de documents de travail, la majorité de ceux-ci ont déjà été publiés dans des revues internationales à comité de lecture. Parmi ces revues, on trouve quelques-unes des plus prestigieuses de la discipline comme le Journal of Political Economy, Economic Journal, Journal of the European Economic Association ou Review of Economics and Statistics. Les recherches ont également été diffusées grâce à deux conférences organisées en 2019 et 2022.

Aminjonov, U., O. Bargain, M. Colacce and L. Tiberti (2023): “Culture, Intra-household Distribution and Individual Poverty”, Economic Development and Cultural Chance, forthcoming.

Andreoli F., T. Havnes, and L. Lefranc (2019): “Robust inequality of opportunity comparisons: Theory and application to early-childhood policy evaluation”, Review of Economics and Statistics, 101, 355-369.

Andreoli F., A. Lefranc, and V. Prete (2020): “Rising educational attainment and opportunity equalization: Evidence from France”, Research on Economic Inequality, 28, 123-149.

Bargain, O. (2023): “Income Sources, Intra-household Allocation and Individual Poverty”, Review of Income and Wealth, forthcoming.

Bargain, O., O. Donni and I. Hentati (2022): “Resource sharing in families and Barten scale economies: theory and evidence from the UK”, Journal of the European Economic Association, 20, 2468–2496.

Bargain, O., G. Lacroix and L. Tiberti (2021): “Validating the collective model using direct sharing evidence”, The Economic Journal, 132, 865–905.

Browning M., O. Donni, and M. Gørtz (2021): “Do you have time to take a walk together? Private and joint time within the household”, The Economic Journal, 131, 1051–1080.

Chiappori P.-A., M. Costa Dias, S. Crossman, and C. Meghir (2020): “Changes in Assortative Matching and Inequality in Income: Evidence for the UK”, Fiscal Studies, 41, 39-63.

Ciscato E., A. Galichon, and M. Goussé (2020): “Like Attract Like? A Structural Comparison of Homogamy across Same-Sex and Different-Sex Households”, Journal of Political Economy, 128, 740-781.

Cowell F, and E. Flachaire (2022): “Inequality Measurement: Methods and Data”, Handbook of Labor, Human Resources and Population Economics, 1-46

Frémeaux, N., and A. Lefranc (2020): “Assortative mating and earnings inequality in France«, Review of Income and Wealth, 66, 757-783.

Frémeaux, N., S. Jung, and A. Lefranc (2023): “Assortative mating and inequality in South Korea”, Journal of Economic Inequality, forthcoming.

Galichon A., S. Kominers, and S. Weber (2019): “Costly Concessions: An Empirical Framework for Matching with Imperfectly Transferable Utility”, Journal of Political Economy 127, 2875-2925.

Galichon A., and B. Salanié (2022): ”Cupid’s Invisible Hand: Social Surplus and Identification in Matching Models (2022), Review of Economic Studies 89, 2600–2629.

Marcassa, A., J. Pouyet, and T. Trégouët (2020): “Marriage strategy among the European nobility”, Explorations in Economic History, 75, 101303.

Au cours des 50 dernières années, les pays industrialisés ont connu des bouleversements économiques et démographiques qui ont affecté la distribution des revenus et la structure familiale. Depuis les années 70, on a observé un accroissement des inégalités dans la plupart des pays de l'OCDE. Au cours de la même période, la structure de la famille et son comportement ont connu des changements profonds caractérisés, d’une part, par un déclin dans le mariage et la natalité, des périodes de cohabitation plus nombreuses et plus longues, une hausse des taux de divorce et de la monoparentalité et, d'autre part, par une réduction de l'inégalité des sexes en termes d'éducation et de participation au marché du travail. En dépit de son importance, les interactions entre les changements économiques et démographiques sont restées largement inexplorées. Notre principal objectif dans ce projet est de développer des études empiriques et théoriques innovantes qui permettent de comprendre les différentes facettes du lien entre les inégalités et la forme de la famille et évaluer les changements observés en termes d’inégalités au niveau individuel (et non à celui du ménage). D'un point de vue théorique, le projet contribuera à l'élaboration des modèles collectifs de comportement des ménages et des modèles de marché du mariage. En quelques mots, les modèles collectifs supposent que chaque membre du ménage a des préférences individuelles spécifiques et que les décisions collectives effectuées par les ménages résultent de négociations entre les membres du ménage. Ces modèles sont essentiels pour (a) comprendre comment de meilleures opportunités pour les femmes dans la société peuvent modifier leur pouvoir au sein du ménage et (b) pour mesurer les changements dans le bien-être, et donc dans les inégalités, au niveau individuel. D’autre part, les modèles de marché du mariage supposent que les hommes et les femmes obtiennent un certain niveau d’utilité, en fonction de leurs caractéristiques, en se mettant en couple. Ils décrivent alors qui se marie avec qui. Ces modèles sont utiles pour démêler le rôle des préférences, d’une part, et le rôle de la distribution des caractéristiques des partenaires potentiels, d’autre part, dans les appariements. Le projet contribuera à fusionner ces deux champs de recherche qui actuellement sont parmi les plus dynamiques en microéconomie appliquée. D’un point de vue empirique, le projet permettra de révéler les mécanismes fondamentaux derrière la hausse des inégalités. Un des objectifs est de mener une étude approfondie du phénomène d’homogamie en France et dans d'autres pays, mettant l'accent non seulement sur l’homogamie en termes d'éducation et d'origine sociale mais aussi en termes de caractéristiques économiques. Des techniques économétriques traditionnelles mais aussi de plus sophistiquées basées sur des modèles de marché mariage seront utilisées à cette fin. La compréhension du comportement nuptial contribuera donc à l’évaluation des inégalités entre les ménages. Un autre objectif est d’analyser les liens entre les caractéristiques familiales et la transmission intergénérationnelle des avantages économiques. À l'aide de modèles collectifs, ce que les parents dépensent pour leurs enfants sera évalué. Plus généralement, l'influence du milieu familial sur la réussite individuelle (mesurée par divers indicateurs) et les inégalités sera évaluée avec des données actuellement sous-exploitées. L'objectif ultime est d'évaluer les changements dans les inégalités économiques en France et dans d’autres pays comparables durant les dernières décennies, en utilisant des modèles mieux adaptés et de meilleures données. Le projet mettra l'accent sur le bien-être individuel et tentera de mettre en évidence les facteurs clés dans la production des inégalités (changement dans la composition de la famille, transmission intergénérationnelle, changements dans l'équilibre du pouvoir au sein du ménage).

Coordination du projet

Olivier Donni (Théorie économique, modélisation et applications)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenariat

Department of Economics - Columbia University
Department of Economics - New York University
LAREFI Laboratoire d'analyse Recherche Economie Finance Intern.
LEMMA Laboratoire d'économie mathématique et de microéconomie appliquée
GREQAM GROUPEMENT DE RECHERCHE EN ECONOMIE QUANTITATIVE D'AIX-MARSEILLE
THEMA Théorie économique, modélisation et applications

Aide de l'ANR 342 360 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2017 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter