Intégration de la dimension Financière dans l’Optimisation des chaines loGistiques – FILEAS-FOG
Intégration de la dimension Financière dans l’Optimisation des chaînes loGistiques FILEAS-FOG
Face aux défis actuels, les industries se sont adaptées en développant des stratégies managériales visant à améliorer leur compétitivité, leur pérennité et leur développement. La compétitivité des chaînes logistiques passe par une optimisation industrielle mais aussi par l’optimisation de décisions de nature financière, en termes de réduction des coûts financiers, de gestion des risques ou de stratégie financière au sein de chaque entreprise et pour l’ensemble de la chaîne logistique.
Finance et logistique : un mariage de raison
Depuis plusieurs décennies, les industries ont perfectionné leur organisation logistique à travers une optimisation des flux (stocks, planification), une digitalisation accrue (informatisation, EDI) et la mise en place de collaborations horizontales ou verticales (mutualisation, externalisation). La compétitivité des chaînes logistiques passe aussi par l’optimisation des décisions financières (réduction des coûts, gestion des risques, stratégies de financement - Supply Chain Finance, SCF). Le projet FILEAS-FOG repose sur la volonté de développer les fondements théoriques, les modèles, les méthodes et les outils d’un double décloisonnement : entre les fonctions financières et logistiques et entre les entreprises de la chaîne. Deux questions résument l’objectif du projet : En quoi les aspects financiers modifient-ils les décisions stratégiques et tactiques logistiques ? Quelles collaborations pour la maîtrise des risques financiers dans la chaîne logistique ? Ce projet avait pour objectif de développer des modèles d’optimisation de la Supply Chain mixant dimensions financières et logistiques. Chaque modèle intègre donc une problématique logistique (localisation des activités, planification, coordination de la chaîne, etc.), une problématique financière (financement, investissement, gestion des risques) et/ou un des outils du SCF (crédit commercial, crédit bancaire, reverse factoring, etc.). Certains modèles ont également intégré la RSE et la collaboration au sein de la chaîne.
Le projet est structuré en quatre partie : prise en compte de paramètres financiers dans les plans de production puis dans les stratégies de localisation ; choix des instruments financiers par les acteurs puis modes de collaboration et financement transversal.
Globalement, il s'agira de développer des modèles mathématiques prenant en compte des facteurs financiers et des facteurs industriels.
Un 1er axe s’est orienté vers la prise en compte d’aspects financiers (BFR) dans les modèles de planification tactique. Grâce à des propriétés structurelles du modèle, un algorithme de programmation dynamique calculant la solution optimale a été développé. Un 2ème axe s’est intéressé à la prise en compte du mode de financement dans les décisions stratégiques de localisation d’usines. La fonction économique est basée sur l’Adjusted Present Value et le modèle permet de définir le nombre d’usines à ouvrir, la temporalité d’ouverture et le mode de financement de ces entreprises (capitaux propres et emprunts). Dans un 3ème axe, les modes de financement idoines ont été analysés quand sont proposés des crédits par le fournisseur ou par l’établissement bancaire en présence d’options (de vente ou d’achat). Il apparait que le mode de financement choisi peut influencer la quantité commandée auprès du fournisseur. Un dernier axe s’est focalisé sur les modes de coordination entre client et fournisseur. Les résultats montrent le rôle important des différents moyens de financement dans les modes de coordination de la chaîne logistique dans un contexte RSE et dans le cadre d’une plateforme commerciale. Enfin, les impacts sur la nature et la qualité des relations des acteurs dépendent du type de blockchain choisie (mono-acteur, de consortium ou hybridée) et renforcent des mécanismes déjà présents au sein des réseaux : centralité, répartition des droits et développement ou non du réseau.
Ces premiers travaux ouvrent néanmoins plusieurs perspectives intéressantes. Sans les exprimer pour chaque projet, il nous apparait clairement que plusieurs modèles pourraient être complexifiés (prise en compte d’aléas et d’incertitudes, utilisation d’autres leviers financiers, etc.) ou être abordés par des méthodes de résolution plus efficaces (métaheuristiques, etc.).
Silaghi F.; Moraux, F. Trade credit contracts: Design and regulation. European Journal of Operational Research. 2022, 296, 980-992.
Hovelaque, V.; Viviani, J.L.; Ait Mansour, M. Trade and bank credit in a noncooperative chain with a price-sensitive demand. International Journal of Production Research. 2022, 60, 1553-1568.
Phan, D.A.; Hovelaque V.; Viviani, J.L. Integrating point-of-sale financing into the coordination of a price and credit dependent e-commerce supply chain. International Journal of Production Economics. 2023, 108825.
Hedayatinia, P.; Lemoine, D.; Massonnet, G.; Viviani, J.L. Put Option Contracts in Newsvendor Model with Bankruptcy Risk. IFIP APMS2021, Sep 2021, Nantes, France. 167-174.
L’objectif global du projet est d’explorer les voies d’amélioration de la compétitivité des chaînes logistiques par une meilleure intégration des décisions logistiques et financières. Cela suppose un double décloisonnement : entre les différentes fonctions de l’entreprise (logistique et finance), entre les entreprises de la chaîne (externalités/synergies) mais aussi entre les deux champs disciplinaires. Il s'agit de concevoir, dans cette perspective de transversalité fonctionnelle et organisationnelle, un cadre d’analyse et des outils de management et de pilotage des chaînes logistiques, de leurs maillons individuels et, si besoin, de leurs parties prenantes. Nous traiterons deux questions principales : en quoi les aspects financiers modifient-ils les décisions stratégiques et tactiques logistiques à la fois au niveau des membres et de la chaîne dans son ensemble ? Quelles collaborations pour l’optimisation des financements et la maîtrise des risques financiers dans la chaîne logistique ?
Dans le cadre du premier questionnement, nous voulons montrer que l’intégration des risques et flux financiers dans le processus de décisions (planification, localisation) présente un intérêt certain au niveau managérial. En ce qui concerne la planification tactique, le potentiel de développement des recherches est très important à la fois pour introduire la dimension financière tout en prenant en compte des processus de production plus réalistes, pour tenir compte des relations de collaboration (y compris sur la dimension financière) entre les acteurs et pour intégrer les risques financiers. En ce qui concerne le choix de la localisation, notre principale question de recherche sera de savoir en quoi l’introduction de facteurs financiers dans les modèles multi-acteurs de type Supply Chain Network Design modifie les décisions de localisation dans l’espace ou leur échelonnement dans le temps.
L’objectif du deuxième questionnement est de proposer les modes de financement les plus adaptés et leur combinaison optimale dans le cadre d’un chaîne logistique. Cela suppose de tenir compte à la fois de l’impact des décisions financières sur les choix logistiques et de leurs conséquences sur les autres membres de la chaîne. Dans cette perspective élargie, nous souhaitons non seulement analyser la pertinence des modes de financements existants (financements commerciaux et bancaires) mais également explorer la possibilité de développer de nouveaux modes de financement (l'ensemble de ces modes étant regroupés sous le concept de Supply Chain Finance). Le coût financier étant essentiellement lié au risque des entreprises et de la chaîne prise dans son ensemble, nous étudierons l’impact de différents types de risques : financier (risques de crédit et de liquidité liés aux crédits commerciaux, risque de change à l'international), structurels (concentration, asymétries d'informations) et logistiques sur le choix de la structure financière optimale. Comme les décisions financières et les risques des différents membres de la chaîne sont reliés entre eux, l’optimisation individuelle n’aboutit pas à l’optimisation des financements de la chaîne. Notre objectif est donc d’explorer les modes de collaboration financière les plus pertinent.
Sur le plan méthodologique, notre objectif est aussi de veiller à l’opérationnalisation de nos travaux, le transfert et l’interaction avec des acteurs économiques du secteur agroalimentaire. L'objectif n'est pas de fournir une réponse à une problématique ciblée de l'entreprise mais, dans un sens, de nourrir notre réflexion théorique (par exemple, prise en compte de contraintes propres aux filières alimentaires telles périssabilité, flux amont contraint, etc.), et, dans l'autre sens, de confronter nos résultats théoriques aux pratiques industrielles.
Coordination du projet
Vincent Hovelaque (Centre de Recherche en Economie et Management)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenariat
CREM Centre de Recherche en Economie et Management
IMT ATLANTIQUE Institut Mines-Telecom Atlantique Bretagne Pays de la Loire
Aide de l'ANR 540 797 euros
Début et durée du projet scientifique :
janvier 2018
- 48 Mois