Evaluer la valeur de la liberté : une approche expérimentale – VALFREE

Pour répondre à ces enjeux, nous développons des méthodologies empiriques : en particulier, expériences en laboratoire, enquêtes, et données de consommation réelle. Les expériences permettent de créer un environnement contrôlé nous permettant d’identifier les préférences et décisions individuelles. Les enquêtes par questionnaire nous ont permis d’étudier les jugements et comportements individuels dans un contexte moins artificiel que le laboratoire et auprès d’un échantillon plus large et diversifié. Enfin, les données de consommation nous ont permis d’étudier des comportements réels pour étudier l’impact de la prolifération du choix sur les comportements.

Les individus ont-ils une préférence pour la liberté de choix ? Nos expériences montrent que les individus ont une certaine aversion à la liberté de choix (pour eux-mêmes) et que cela s’explique par l’existence de coûts cognitifs et psychologiques liés au processus de décision. Cependant, quand ils jugent la situation d’autres individus, ils jugent que la liberté (des autres) a une certaine valeur intrinsèque.
Les individus sont-ils plus rationnels lorsqu’ils font face à une multitude d’options ? Nos expériences montrent que les individus choisissent plus fréquemment des options familières ou sont plus enclins à suivre les recommandations (sur les plateformes numériques) dans des contextes de prolifération du choix.

Deux perspectives peuvent être identifiées. Une première voie est d’approfondir l’étude des attitudes individuelles vis-à-vis la liberté de choix. Par exemple, il est possible d’envisager si la valeur assignée à la liberté varie selon les domaines (santé, éducation, etc.). Une seconde voie est de porter notre attention sur la liberté dans un cadre social et collectif. Une question essentielle mais négligée par les économistes est le rôle et la valeur de l’autonomie et des processus démocratiques au sein des organisations.

Nos recherches ont débouché sur des articles académiques dans des revues académiques de premier rang en science économique (Journal of the European Economic Association, Games and Economic Behavior, Theory and Decision) et en philosophie morale (Utilitas, Economics & Philosophy).

L'objectif de ce projet est d'étudier l'importance que les individus attachent à la liberté, c'est-à-dire l'étendue et la nature des opportunités qu'ils ont à leur disposition.

Le projet se décompose en 2 taches principales :
1) Dans une première tache, notre objectif est d'étudier les attitudes individuelles vis-à-vis de la liberté : Comment évaluent-ils les situations de choix? Nous nous intéresserons d'abord à l'évaluation des ensembles d'opportunité (définis comme des ensembles d'options que les individus sont libres de choisir) et, dans un deuxième temps, à la liberté dite négative, c'est-à-dire à l'aversion vis-à-vis de l'interférence d'autrui (un gouvernement par exemple) dans leur décision.
Dans la mesure où les attitudes vis-à-vis de la liberté sont susceptibles d'être influencées par les normes ou valeurs culturelles, un de nos objectifs est de faire une comparaison inter-culturelle: Est-ce que les individus avec des normes différentes ont-ils les mêmes préférences pour la liberté ?

2) Dans une deuxième tache, nous étudierons sur les conséquences négatives de la prolifération du choix sur le processus de décision individuelle (choice overload ou paradoxe du choix). Notre objectif est double: (a) étudier les explications possibles de ce phénomène. Deux explications attirent notre attention: des explications cognitives et des explications liées à des préférences dites non standards (regret, aversion à la perte, etc.). (b) Quels sont les mécanismes qui permettent de réduire le phénomène de choice overload?

Pour étudier ces questions, nous utiliserons une approche expérimentale: expérience de laboratoire mais aussi enquêtes (choix hypothétique) et expériences de terrain. Même si notre approche est essentiellement expérimentale, nous insistons sur sa complémentarité avec des approches théoriques (en particulier économie théorique), normative et philosophique.