DS0804 - Éducation et formation tout au long de la vie

Role des consonnes, voyelles et tons dans l’acquisition lexicale précoce – COVOTO

Résumé de soumission

La recherche sur la perception de la parole par les jeunes enfants a montré qu'ils avaient des capacités de traitement de la parole sophistiquées, qui leurs permettent de discriminer beaucoup des contrastes consonantiques et vocaliques et d'acquérir rapidement les propriétés langue-spécifiques de leur langue maternelle. Une asymétrie dans la sensibilité aux consonnes et aux voyelles lors de l'acquisition de mots a d'abord été rapportée pour des enfants acquérant le français, à l'avantage des consonnes (C-biais), mais des études ultérieures ont montré que des enfants acquérant l'anglais ou le danois ne manifestaient pas de biais ou avaient une plus grande sensibilité pour les voyelles. Le C-biais, bien qu'apparemment très stable à l'âge adulte, pourrait ne pas suivre la même trajectoire d'émergence cross-linguistique dans l'enfance, soulignant les interactions complexes entre leurs capacités précoces de traitement de la parole et leur expérience linguistique. Jusqu'ici, les études sur cette question ont été limitées de deux façons: (a) à des langues européennes, et (b) aux consonnes et aux voyelles, ignorant donc une dimension linguistique cruciale: l'information tonale. Il s'agit d'une limitation sérieuse étant donné que la majorité des langues du monde utilisent des contrastes de tons au niveau lexical. De ce fait, le présent projet sera le premier à explorer cette question, explorant la sensibilité et l'utilisation relative des consonnes, voyelles et tons par des enfants acquérant le cantonnais ou le français.

Trois différentes hypothèses concernant le C-biais seront examinées dans cette recherche cross-linguistique: (1) l'hypothèse d'un biais inné - les enfants commencent à traiter les consonnes et les voyelles comme des catégories linguistiques distinctes depuis le début de l'acquisition lexicale (Nespor et al., 2003); (2) l'hypothèse acoustique/phonétique - le C-biais émerge pendant la première année du fait de différences acoustiques entre consonnes et voyelles, les consonnes étant généralement plus courtes, moins périodiques, et tendant à être perçues de façon plus catégorielle que les voyelles (Floccia, Nazzi et al., 2014; Bouchon et al., in press); ces différences acoustiques entraineraient la construction de deux catégories phonologiques distinctes chez les jeunes enfants, qui entraînerait l'observation d'un biais consonantique phonologique chez les enfants plus âgés et les adultes; (3) l'hypothèse lexicale - le C-biais est en fait une réflexion de l'expérience des apprenants au niveau lexical, à partir duquel ils vont apprendre que les consonnes sont des indices meilleurs, plus informatifs, de l'identité lexicale que les voyelles, une fois qu'ils ont constitué un lexique de taille suffisante (Keidel et al., 2007). Pour les locuteurs de langues ayant plus de sons vocaliques que consonantiques, il est prédit que le biais consonantique n'émergera pas.

Les données d'enfants de 14, 20 et 30 mois acquérant le français et le cantonais seront collectées sur deux sites: Paris et Hong Kong. Des tâches expérimentales avec "eye-tracker" seront mises au point pour explorer l'utilisation par ces enfants de contrastes de consonnes, voyelles et tons lors de l'acquisition de mots nouveaux, avec des dessins expérimentaux et des stimuli parallèles dans les deux sites (Tâches 1 et 2), la Tâche 2 avec des enfants francophones impliquant également des études avec entraînement afin d'étudier le rôle de l'expérience linguistique dans la réorganisation perceptive des informations de tons. La Tâche 2 sera également étendue à des enfants bilingues (Tâche 3). La Tâche 4 montrera que les variations non-pertinentes de tons gênent l'acquisition chez les enfants acquérant le cantonais mais pas le français. En comparant les résultats de ces 4 tâches, le rôle de l'input linguistique, ses interactions avec les capacités perceptives innées et la trajectoire développementale de ces changements seront examinés de façon systématique.

Coordination du projet

Thierry NAZZI (Laboratoire Psychologie de la Perception)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

UPD-LPP Laboratoire Psychologie de la Perception
HKIE Department of Linguistics and Modern Language Studies, Hong Kong Institute of Education

Aide de l'ANR 220 896 euros
Début et durée du projet scientifique : December 2015 - 36 Mois

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