DS0803 - Éducation et apprentissages

Enfances de classe et de genre : primes socialisations sous contraintes multiples d’enfants âgés de 5-6 ans – PRIMSOC

Enfances de classe et inégalités sociales

Primes socialisations d’enfants scolarisés en grande section de maternelle / Notre recherche porte sur les socialisations socialement différenciées durant la petite enfance. Les temps des primes socialisations sont, en effet, des temps particulièrement importants dans le façonnage social des individus, des temps constitutifs des premières dispositions mentales et comportementales (dispositions à croire, apprécier, sentir, penser, agir) qui marquent durablement les individus.

Comprendre la constitution précoce des inégalités sociales

En s’intéressant aux socialisations d’enfants scolarisés en Grande Section de maternelle, la recherche s’efforce de saisir les processus de constitution précoce des inégalités sociales de classe. Connaître les enfances de classe, c’est pouvoir objectiver les écarts, souvent considérables, entre des mondes au sein desquels se construisent les enfants (i. e. au sein desquels ils construisent leurs compétences et leurs appétences, leurs dispositions mentales et comportementales, et structurent au fond ce que l’on a coutume d’appeler leur « personnalité »).<br />Le temps de l’enfance est un temps de socialisations multiples, où se font sentir les influences conjointes, et parfois contradictoires, de la famille (et, à l’intérieur de celle-ci, des parents et parfois beaux-parents, de la fratrie, voire des membres de la famille élargie), de la nourrice ou des agents chargés des gardes d’enfant, de l’institution scolaire maternelle et élémentaire, des professionnels de l’enfance (pédiatres, orthophonistes, psychologues, etc.), du groupe des pairs (camarades de classe, de voisinage, enfants d’amis des parents), et des industries culturelles, des médias audio-visuels et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour penser sociologiquement les enfants, la recherche vise donc à saisir leur place et leur « traitement » au sein des configurations de relations d’interdépendance que forment l’ensemble de ces acteurs<br />

Des études de cas très fouillées porteront sur 36 enfants, garçons et filles, issus de milieux sociaux variés et sur leur entourage : père, mère, frères et sœurs (et toute autre personne de la famille jouant un rôle important dans la socialisation de l’enfant), nourrice ou agents de crèches, enseignants d’école maternelle et camarades d’école ou de voisinage. Cette enquête inédite reposera sur un corpus de 180 entretiens approfondis auprès de ces agents socialisateurs des enfants, sur des observations ethnographiques dans les contextes pertinents accessibles aux enquêteurs (lieu de vie familiale, lieu de garde, école, etc.) et sur des analyses documentaires (carnet de santé, dossier scolaire, etc.). Les enfants eux-mêmes seront sollicités pour s’exprimer sur leurs préférences et pour produire des récits de présentation de soi.

Les premières études de cas réalisées font clairement apparaître que les inégalités matérielles, culturelles, langagières produisent leurs effets dès les premières années de la vie d’enfants qui vivent dans la même société mais pas vraiment dans le même monde

L’apport essentiel de notre recherche réside dans le caractère fouillé de l’enquête qualitative réalisée. En s’intéressant à plusieurs acteurs de la socialisation des enfants, c’est-à-dire aux configurations familiales mais aussi aux relations que les jeunes enfants tissent avec des personnes extérieures au cercle familial (nourrice et enseignant notamment), le projet se différencie des enquêtes qui portent sur un seul domaine de pratiques et qui ne cherchent pas forcément à saisir les effets conjugués ou combinés des influences socialisatrices sur les mêmes enfants

L’éditeur La Découverte a accepté très favorablement le projet de publication d’un ouvrage final reprenant le projet.

Le projet de recherche « primes socialisations » vise à étudier les processus et les acteurs de la socialisation d’enfants âgés de 5-6 ans. Travailler sur de jeunes enfants est essentiel étant donnée l’importance des effets de la socialisation précoce sur le destin des enfants. Les temps des primes socialisations jouent, en effet, un rôle décisif dans le façonnage social des individus, dans la constitution des premières dispositions mentales et comportementales (dispositions à croire, apprécier, sentir, penser, agir) qui vont les marquer durablement. Ces dispositions ne sont pas « neutres » socialement : elles constituent des ressources morales, culturelles, scolaires, économiques, corporelles et en matière de santé ou, au contraire, des « handicaps » ou des obstacles à la réussite scolaire et professionnelle. En saisissant ces processus de constitution précoce des inégalités sociales, de classe et de genre, le projet entend contribuer à éclairer « les mécanismes qui sous-tendent la reproduction des inégalités » dans la société française contemporaine (cf. appel à projets du défi « Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives ») et apporter ainsi des connaissances utiles à la mise en œuvre des politiques démocratiques de réduction des grandes inégalités.

Le projet PRIMSOC souhaite combler deux lacunes. Celle de la plupart des approches sociologiques de l’enfance tout d’abord, qui négligent les effets de la différenciation sociale ; celle des enquêtes statistiques ensuite qui ne font que constater, de manière rétrospective, les effets de la socialisation, mais sans en étudier les modalités concrètes de manière empirique et ethnographique. Il existe en outre peu de travaux français consacrés aux socialisations lors de la petite enfance. L’enquête sociologique menée dans le cadre du projet proposé aura précisément pour objectif d’étudier ces socialisations de manière fine et approfondie afin de mettre au jour les multiples contraintes – et leurs effets conjugués – qui contribuent à la constitution précoce d’enfances de classe et de genre. L’étude sera menée à l’échelle de cas individuels, sans se limiter à un seul domaine de pratiques. Des études de cas très fouillées porteront sur 36 enfants, garçons et filles, issus de milieux sociaux variés et sur leur entourage : père, mère, frères et sœurs (et toute autre personne de la famille jouant un rôle important dans la socialisation de l’enfant), nourrice ou agents de crèches, enseignants d’école maternelle et camarades d’école ou de voisinage. Cette enquête inédite reposera sur un corpus de 180 entretiens approfondis auprès de ces agents socialisateurs des enfants, sur des observations ethnographiques dans les contextes pertinents accessibles aux enquêteurs (lieu de vie familiale, lieu de garde, école, etc.) et sur des analyses documentaires (carnet de santé, dossier scolaire, etc.). Les enfants eux-mêmes seront sollicités pour s’exprimer sur leurs préférences et pour produire des récits de présentation de soi.

Le projet PRIMSOC est un projet collaboratif entre deux laboratoires de sociologie qui partagent une même conception de la socialisation et auxquels sont rattachés des chercheurs reconnus dans les spécialités couvertes par la recherche (sociologie de l’éducation, sociologie de la famille, sociologie de la culture, sociologie du genre, sociologie de la santé, sociologie du sport et du corps) : le Centre Max Weber (équipe « Dispositions, pouvoirs, cultures et socialisations », ENS de Lyon) et l’équipe « Sports, organisations, identités » du laboratoire « Programme de Recherche Interdisciplinaire en Sciences du sport et du mouvement » (Université Toulouse III). Ce consortium – qui permettra la réalisation d’une recherche scientifiquement cohérente – est placé sous la responsabilité scientifique de Bernard Lahire, chercheur reconnu (médaille d’argent du CNRS) spécialiste des questions d’éducation et de socialisation.

Coordination du projet

Bernard Lahire (Laboratoire "Centre Max Weber" - Equipe Dispositions, pouvoirs, cultures et socialisations)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

PRISSMH-SOI Laboratoire "Programme de Recherche Interdisciplinaire en Sciences du sport et du mouvement" - Equipe Sports, organisations, identités
CMW-DPCS Laboratoire "Centre Max Weber" - Equipe Dispositions, pouvoirs, cultures et socialisations

Aide de l'ANR 298 721 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 42 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter