Rôle des facteurs salivaires d'Aedes albopictus dans la permissivité des cellules de la peau humaines aux virus de la Dengue et du Chikungunya – KerARBO

Malgré l’importance de la barrière cutanée comme site d’entrée privilégiée de l’arbovirus, les connaissances acquises autour de la réponse immunitaire de la peau vis à vis de ce dernier sont faibles. Des investigations doivent donc être entreprises pour évaluer la contribution des cellules immunitaires de la peau dans le contrôle de la dissémination d’un arbovirus qui fait suite à la piqûre par le vecteur arthropode et à la co-injection de facteurs salivaires d’insectes.
Parmi les arbovirus, les virus de la dengue (DENV) et du chikungunya (CHIKV) sont deux virus à ARN (flavivirus et alphavirus, respectivement) à fort impact socio-économiques dans les régions tropicales dont la propagation récente dans les zones tempérées, dont la France, est préoccupante en termes de santé publique. Les moustiques de l’espèce Aedes (Ae.) représentent les principaux vecteurs hématophages impliqués dans la transmission de ces virus à l’homme. Le projet KerARBO (pour Keratinocyte responses to Arboviruses) a pour mission de comprendre les réponses cellulaires induites par les virus DENV et CHIKV au niveau de la peau en présence de la salive d’Ae. albopictus. L’originalité principale de ce projet est basée sur l’utilisation de fragments d’explants de peau humaine contenant le derme et l’épiderme et de cultures primaires de kératinocytes. La proposition KerARBO implique trois partenaires et quatre tâches. Les objectifs du projet sont: (1) fournir un schéma d’ensemble des voies de signalisation interactives qui sont activées dans les cellules de la peau et en particulier les kératinocytes en réponse à la réplication des virus DENV et CHIKV et selon des conditions expérimentales proches de l’infection naturelle, (2) définir les stratégies développées par chacun des deux arbovirus pour échapper à l’immunité innée anti-virale au niveau de la peau, (3) identifier les facteurs salivaires d’Ae. albopictus qui modulent la réponse de l’hôte vertébré à l’infection par les virus DENV et CHIKV dans les kératinocytes et enfin (4), comprendre la base moléculaire des interactions entre ces arbovirus et les kératinocytes en intégrant les résultats expérimentaux de KerARBO dans la formulation d’un système modèle capable d’évaluer l’efficacité anti-virale de molécules à visée thérapeutique.
Les grandes forces du projet KerARBO reposent d’une part sur l’étude du vecteur moustique Ae. albopictus qui joue un rôle central dans le risque de dissémination de la dengue et du chikungunya y compris en France métropolitaine et d’autre part, sur le développement d’un modèle original d’infection de la peau humaine par les arbovirus qui permet d’étudier précisément les toutes premières étapes de l’infection virale au site anatomique de la piqûre du moustique.
Comment la réplication d’un arbovirus est détectée au niveau de la barrière cutanée et comment une cellule hôte, par exemple le kératinocyte, développe une immunité anti-virale capable d’agir pour faire face à l’infection virale dans les premières heures qui suivent la piqûre du moustique sont les deux axes d’étude qui doivent contribuer à mieux comprendre la pathogénie de la dengue et du chikungunya et de proposer des stratégies de lutte qui soient opérationnelles contre ces deux arboviroses émergentes.