FRAL - Programme franco-allemand en SHS

Recherches archéologiques sur les assemblages métalliques et céramiques du bassin de l'Oxus à la vallée de l'Indus durant la période protohistorique. – ROXIANA

Recherches archéologiques sur les assemblages métalliques et céramiques du bassin de l’Oxus à la vallée de l’Indus durant la protohistoire

La première analyse de poterie et de métal à grande échelle dans la protohistoire de l’Asie moyenne (Nord et Sud de l'Hindou-Kouch), époque de la naissance des villes.<br />ROXIANA est un programme conçu pour mieux comprendre le développement des techniques anciennes en Asie moyenne à une époque (5e – 1er millénaires av. n. è.) où la céramique et le métal appartiennent aux «pyrotechnologies« (arts ou techniques du feu), un élément crucial lors de l'émergence des sociétés urbaines dans l'Ancien Monde.

Evolutions des techniques et des sociétés au nord et au sud de l'Hindou Kouch durant la protohistoire (5e-1er millénaires)

Le projet ROXIANA est fondé sur des analyses archéométriques du plus important corpus de poterie et de métal jamais analysé à ce jour dans la région, sur près de trois millénaires. Travailler à cette échelle possède un réel potentiel heuristique pour saisir les évolutions des artisanats pris comme des systèmes, ainsi que les interactions matérielles et culturelles entre les zones considérées.<br />Les études de poterie ont impliqué de nouvelles stratégies d’analyses pour déterminer les compositions élémentaires des pâtes et des peintures, pour reconstruire les techniques de manufacture et de décoration et pour aborder les études de provenance à diverses échelles.<br />Les analyses de métal ont donné des vues inédites sur les techniques du cuivre et de ses alliages, ainsi que sur les provenances.<br />En combinant les expériences en histoire, en archéologie et en géochimie ou minéralogie de chercheurs de diverses générations sur cette masse de données, le programme a généré des synergies entre les équipes françaises (poterie) et allemandes (métal).<br />

Études de poterie:
Compositions de pâtes : 2 macro-régions (Nord et Sud de l'Hindou-Kouch), 7 régions, 508 échantillons pour la fluorescence X portable (pXRF), 256 pour l'ICP-MS, 180 lames minces pour la pétrographie, 51 échantillons pour les isotopes du plomb.
Les échantillons collectés selon des typo-chronologies repensées ont d’abord été analysés par XRF portable, les résultats ont été ensuite rapprochés et comparés à ceux de la spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS), des isotopes du plomb et de la caractérisation minéralogique.
Peintures des poteries (53 échantillons ont été analysés -C2RMF) en : Particle Induced X-Ray Emission (PIXE), diffraction X (XRD), spectrométrie Raman, Scanning Electron Microscopy (SEM).
Etudes de Métal. 1 macro-région (Nord de l'Hindou-Kouch), 4 régions, 24 sites, 4 périodes (Chalcolithique à Antiquité), 887 échantillons pXRF, 262 RFA, 111 NAA, 68 isotopes du plomb, 4 XRD (parois de four, creusets), 17 microscopie, 16 REM/EDX et une grande base d’échantillons du CEZA GmbH à Mannheim. Les échantillons ont été étudiés par pXRF, RFA (fluorescence X), activation neutronique (NAA) et pour les isotopes du Pb. Pour quelques-uns ont été utilisés : diffraction X (XRD) et microscopie (SEM/EDX).
Les résultats déterminent des groupes de compositions et des groupes isotopiques, à interpréter comme des processus techniques : des « recettes » de potiers ou d'alliages cuivreux à l'arsenic, l'étain, le plomb ; des indications de de provenances et d'échanges peuvent en être tirées (matière première et commerce).

Poterie. La détermination de poteries locales/importées/imitées sur les sites au N et au S de l’Hindou Kouch a été obtenue, ainsi que le traçage de possibles voies d’échanges ; caractérisation de procédés de manufacture et de l’évolution de la haute qualité et variété du S Chalcolithique à une standardisation au Bronze dans le N.
Métal. Établissement d’une information de base en pXRF sur un très large échantillonnage avant des analyses sélectives en laboratoire ainsi que détermination de compositions générales non-quantitatives. Les analyses chimiques et isotopiques permettent des groupements et des identifications de réseaux d’approvisionnement en matières premières.
ROXIANA a permis aux équipes de tester avec succès les procédures analytiques proposées sur une grande quantité de matériel pour la poterie et pour le métal, y compris pour les nouvelles méthodes.
Les résultats obtenus apportent quantité d'informations nouvelles et leur interprétation ouvre de nouveaux champs pour une meilleure compréhension des économies et des sociétés de la zone (carte) du Chalcolithique (5e millénaire) à l'âge du Fer (1er millénaire) : diversité et changement des techniques et leurs changements au cours du temps, une meilleures caractérisation des réseaux d'échanges et de transferts (matières premières, économie générale, impact social), par exemple entre diverses régions de l'Indus-Balochistan et avec l'Asie centrale. Plus encore, leur comparaison avec avec le Proche et Moyen-Orient met en relief les développements spécifiques de ces régions où les confins indo-iraniens et l'Asie centrale apparaissent avoir connu des trajectoires historiques différentes. On peut montrer la contribution originale et les courants novateurs par rapports à ceux de la Mésopotamie et du Levant aux époques clé de l'émergence des sociétés proto-urbaines et urbaines.

Des perspectives claires apparaissent pour de nouveaux projets (certains déjà proposés) qui continuent et étendent le travail pionnier accompli avec ROXIANA.
Des extensions de la problématique et de l'approche méthodologique de ROXIANA sont possibles pour des régions plus vastes de la région en Asie centrale, en Iran ou dans la zone des steppes septentrionales ainsi qu'en Chine occidentale. Pour le métal, le manque d'études sur les sources de minerais de cuivre (par contraste avec les nombreuses études sur l'étain nécessaire aux alliages de bronze), devient une nécessité plus évidente grâce aux nouvelles méthodes d'analyse qui sont aujourd'hui plus fines et/ou plus aisément praticables.
D'autres perspectives concernent des analyses similaires avec d'autres méthodes, comme la spectrométrie Raman portable ou encore des applications sur d'autres matériaux comme la pierre, l'os, l'ivoire, la faïence, le verre, les textiles, les peintures murales etc. Élargir le cadre historique jusqu'au Néolithique, à l'Antiquité, aux époques islamiques médiévales ou transversalement au long de la Route de la Soie est une perspective envisageable.
Un autre aspect pourra être d'approfondir la notion qui émerge de la coexistence de cultures archéologiques différentes sur de mêmes sites à la même période et ses conséquences sur les échanges interculturels.
Les discussions scientifiques dans les revues spécialisées prennent un peu de temps mais il est certain que ce qui a été mis en place avec ROXIANA entre la France et l'Allemagne a accru considérablement les coopérations avec les pays de la zone concernée (Tadjikistan, Ouzbékistan, Pakistan, Turkménistan) mais également avec d'autres groupes de chercheurs travaillant en Europe (Espagne, Italie) o aux États-Unis.

ROXIANA a produit ou a été mentionné dans 10 publications par les participants et 20 communications (conférences, séminaires, posters) soit en interne (Nanterre, Berlin, Mannheim), soit à l’extérieur ou pour des audiences plus larges. Environs 40 publications et communications dues aux participants méritent d’être mentionnées comme pertinentes pour les questions archéologiques concernant la zone et la problématique. Une publication générale finale en 2 ou 3 tomes est prévue pour 2017.
Sélection de publications:
Boroffka, N., Luneau, E., Teufer, M., (eds), International Conference: Farmers, Traders and Herders. The Bronze Age in Central Asia and Khorasan (3rd -2nd Millennium BCE), 30th Nov – 1st Dec 2015, Berlin, DAI – Eurasien Abteilung
Didier, A. & Bouquillon, A., (in press) “Characteristics and evolution of the painting techniques on 4th-2nd millennium BCE ceramics from Kachi-Bolan and Kech-Makran regions (Balochistan, Pakistan)”. XXII° Intern Conf of the Eur Assoc for South As Arch and Art, June 30th – July 4th 2014.
Kraus, S., (in print) “Metallurgical Investigations in Gonur Depe, Turkmenistan”, ????? ??????????? ?????????? 6, 2016.
Luneau, E., 2014, La fin de la civilisation de l'Oxus. Transformations et recompositions des sociétés de l'Âge du Bronze final en Asie centrale méridionale ( 1800-1500/1400 avant n. è.), Mém.MAFAC. XVI, Paris.
Mutin, B. et Razzokov, A., 2014, (in press), « Cultural Contacts across the Hindu Kush in the Early Bronze Age. Additional Insights from Sarazm – Soundings 11-11A (Tajikistan)”, Arch Mitteilungen aus Iran und Turan 46.
Mutin, B., Razzokov, A., Besenval, R. and Francfort, H.-P., (in press). “Resuming Joint Tajik-French Fieldwork at Sarazm, Tajikistan. Preliminary Activity Report on the 2011-2012 Field Seasons”, In: Lefèvre V., Didier A., and Mutin B. (eds.), South Asian Archaeology and Arts 2012. Proceedings of the Twenty-First Conf of the European Assoc of South-Asian Archaeologists (Paris, 2-6 July 2012), Turnhout: Brepols.

Le projet a pour but de confronter pour la première fois, et dans un cadre chrono-géographique étendu, les assemblages céramiques et métalliques des régions centrasiatiques et de l’Indus-Balochistan (bassins de l’Oxus et de l’Indus) du Chalcolithique à l’âge du Fer (Ve-Ier mill. avant J.-C.). La question des interactions culturelles et matérielles entre les régions localisées au Nord et au Sud de l’Hindu-Kush est depuis longtemps débattue grâce aux découvertes réalisées en contextes proto-urbains et urbains sur de nombreux sites d’Asie centrale, d’Afghanistan ou du Pakistan. Toutefois, les observations n’ont été réalisées le plus souvent qu’à partir de pièces isolées remarquables en pierre ou en métaux précieux et de tessons de poterie exceptionnels. Or, les fouilles entreprises depuis plusieurs décennies par les équipes françaises (CNRS-MAEE) et allemandes (DAI) spécialisées sur ces régions ont permis de réunir une très large documentation. A partir de cette dernière, ont été élaborées d’importantes typo-chronologies permettant d’aborder la question échanges de matériaux, de technologies et de formes sous un jour entièrement nouveau et à différentes échelles. Dans cette optique, le projet franco-allemand est fondé sur une approche méthodologique innovante visant à croiser ces données typo-chonologiques à un vaste programme d’analyses archéométriques. Il prendra ainsi en compte une large sélection raisonnée d’échantillons (plusieurs centaines) de poterie et d’objets métalliques provenant de 25 sites majeurs, conservés dans des collections existantes auxquelles l’équipe a accès, en Europe et en Asie. Grâce à la collaboration de laboratoires d’analyses français et allemands reconnus et complémentaires, il reposera sur plusieurs approches particulièrement efficaces pour les études comparatives et de provenance. Pour le métal : la spectrométrie (MC-ICP-MS) et l’analyse par activation neutronique et, lorsque la taille des échantillons le permettra, la métallographie, en vue de déterminer la composition chimique et isotopique des échantillons, d’identifier d’éventuelles sources d’approvisionnement et de caractériser la technologie des alliages. Les résultats permettront : 1) de définir des groupes de métaux, 2) d’identifier des réseaux d’échanges pour le métal et 3) de préciser les interrelations dans les transferts de technologie. Pour la poterie, trois approches principales seront développées : la fluorescence X (XRF) et la spectrométrie (ICP-MS) pour la caractérisation chimique des vases, la pétrographie et les observations macroscopiques pour la caractérisation technique du corpus. Il s’agira de reconstituer les techniques de fabrication (mise en forme, traitement de surface, décorations peintes) et de définir le degré d’innovation, d’élaboration et de complexité des productions étudiées.
Le traitement de l’ensemble des résultats des analyses, réalisé conjointement, permettra d’obtenir des données comparatives : 1) à une échelle locale (hétérogénéité des productions vs. homogénéité ; productions exogènes vs. endogènes) et 2) à une échelle régionale et macro-régionale (région vs. une autre région). Sont attendues : une définition de « provinces »/régions céramiques et/ou métallurgiques, en termes de formes et de technologies ; une meilleure compréhension des évolutions et transferts techniques au cours du temps ; et enfin une délimitation des différentes phases successives d’interrelations (phénomènes d’emprunts ou d’imitation, matérialisation et fluctuation des réseaux d’échanges) au sein de l’immense « sphère d’interactions » observée en Asie moyenne à la période protohistorique. L’interprétation des avancées en termes de technologies et d’échanges et leur signification seront également discutées pour répondre à de vastes questions historiques concernant la circulation des matériaux, des biens et des idées et de possibles migrations de populations à l’échelle régionale et extrarégionale (études comparatives avec l’Iran et la Mésopotamie).

Coordination du projet

Henri-Paul FRANCFORT (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR OUEST ET NORD)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Deutsches Archäologisches Institut Deutsches Archäologisches Institut
ArScAn - UMR7041 CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR OUEST ET NORD

Aide de l'ANR 379 952 euros
Début et durée du projet scientifique : January 2012 - 36 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter