CEP&S - Changements Environnementaux Planétaires et Sociétés

CHANgements environnementaux, CIrculation de biens et de personnes : de l’invasion de réservoirs à l’apparition d’anthropozoonoses. le cas du RAt noir dans l’espace sénégalo-malien – CHANCIRA

Comment les rats noirs diffusent-ils le risque de zoonoses au Sénégal et au Mali ?

Identifier les processus qui génèrent l’expansion des rats noirs réservoirs de maladies transmissibles à l’homme.<br />Identifier et comprendre les conditions biologiques et sociales dans lesquelles les viroses dont les rats noirs sont porteurs passent à l’homme.<br />

Identifier les maillons faibles de la diffusion et la transmission et fournir de la connaissance pour la lutte et la prévention

Face aux interrogations actuelles sur la diffusion de maladies animales passant à l’homme (anthropozoonoses) et de la contamination d’espaces jusque là indemnes, ce projet vise à illustrer et à comprendre les processus qui régissent la diffusion des hôtes et le passage à l’homme des pathogènes à travers la dynamique du rat noir et des maladies dont il est porteur dans l’espace sénégalo-malien.<br />L’objectif de ce projet vise à comprendre comment les modifications climatiques et anthropiques qui affectent les pays de la bande soudano-sahélienne interagissent pour créer des conditions propices à la diffusion d’un rongeur envahissant, Rattus rattus, réservoir redouté d’anthropozoonoses car proche de l’homme, et au passage des pathogènes à l’homme dans des conditions spécifiques de transmission.<br />C’est par une approche multi-échelle de l’espace zonal à l’échelle de l’habitation que ce projet vise à comprendre comment de multiples déterminants interagissent (climat, population, mode de vie, mobilités, mode d’habitat et mode d’habiter…).<br />En s’appuyant sur les théories des systèmes de diffusion, en produisant de la connaissance de terrain mais aussi en valorisant la connaissance issue d’archives, ce projet va permettre la modélisation du risque en fonction de scenarii crédibles d’aménagement et de transformation de l’espace. Il cherchera ainsi à apporter et valider des stratégies de prévention non médicales en amont même du risque sanitaire et proposera aux acteurs et aménageurs de terrain la connaissance nécessaire à la mise en oeuvre de mesures préventives face à la diffusion du risque sanitaire.<br />

La méthode s’appuie sur la confrontation de corpus de données climatiques, historiques, démographiques, biologiques, relatives à l’urbanisation et aux transports. On comparera des données préalablement collectés dans les archives avec des mesures actuelles. Des enquêtes de terrain à échelle fine (comptage de flux, capture de rongeurs, de vecteurs, prélèvements sanguins, enquêtes domiciliaires socio-économiques) seront réalisées sur des sites ateliers.
Une base de données spatialisée sera construite afin de permettre l’articulation des données.
Les dynamiques spatiales seront analysées à partir de marqueurs de la diffusion des réservoirs de pathogènes et de l’étude des dynamiques des flux de biens et de personnes, et des territoires.
La dimension récente de la diffusion et le passage à l’homme des anthropozoonoses seront étudiés sur deux axes connaissant une dynamique en cours, et dans des espaces ateliers inscrits dans des villages correspondant à des degrés de vulnérabilité différenciés :
- l’axe Tambacounda – Kédougou au sud, climatiquement favorable au rat noir, ouvert depuis les années 1990 dans un contexte de cul de sac produisant un enclavement formel mais propice aux circulations informelles entre Sénégal et Mali.
- L’axe Tambacounda – Kayes au nord, climatiquement défavorable, mais en augmentation de trafic à travers une frontière ouverte (les événements récents remettent en cause cette hypothèse).
L’analyse de ces données à de multiples échelles temporelles et spatiales fait appel aux techniques d’analyses statistiques multiniveaux et aux fonctionnalités des Systèmes d’Informations Géographiques et débouchent sur des perspectives de modélisation spatiale.

Le projet en étant à sa phase de démarrage, il n’existe pas encore de résultats interdisciplinaires résultant de la mise en relation de données issues des différentes actions en cours. En revanche chaque équipe a réalisé une première mission de terrain sur l’axe sud destinée à dresser l’état des lieux et à caractériser la distribution actuelle des réservoirs et des déterminants théoriques de leur diffusion ainsi que ceux relatifs à une répartition inégale au sein des espaces villageois. Ces données de terrain sont actuellement en cours d’exploitation et vont faire l’objet de rapports de mission avant d’être injectés dans la base de données.
Les travaux de dépouillement d’archives historiques tant dans le champ de la biologie que de la géographie des flux et des territoires et de la climatologie sont également en cours mais n’ont pour le moment pas fait l’objet de rapports synthétiques.
Les missions de terrain en cours constituent par ailleurs un cadre de formation à la pluridisciplinarité pour l’ensemble des partenaires du projet.

Etant à sa phase de démarrage, ce projet n’a pas encore permis de développer des perspectives opérationnelles ou théoriques ni d’application à l’usage du public, des acteurs ou des scientifiques. En raison d’une approche comparative et inscrite dans l’observation des phénomènes de diffusion sur plusieurs cycles, il est probable que cette rubrique ne commencera pas à être remplie avant la fin de la deuxième année de fonctionnement du projet.

Des résultats n’étant pas encore produits en raison de la brève durée d’existence du projet, il n’y a pas encore eu de valorisation proposée. Les perspectives du projet ont cependant constitué un exemple parmi d’autres lors d’une communication exposée au colloque des sciences de la santé de Bobo-Dioulasso (mai 2012) : P. Handschumacher, I. Sy, C. Tschirhart : Diversité urbaine et maladies à transmission vectorielle, du risque subit au risque produit.

Face aux interrogations très actuelles sur l’extension des aires de répartition de réservoirs d’anthropozoonoses et de la contamination d’espaces jusque là indemnes, notre proposition vise à illustrer et à comprendre les processus qui régissent la diffusion des hôtes et le passage à l’homme des pathogènes à travers la dynamique du rat noir et des maladies dont il est porteur dans l’espace sénégalo-malien. Ce questionnement trouve dans les pays du Sud une grande pertinence car ils sont confrontés à des changements rapides et profonds dans des contextes de précarité augmentant la portée des risques sanitaires.
L’objectif de ce projet vise à comprendre comment les modifications qui affectent les pays de la bande soudano-sahélienne interagissent pour créer des conditions propices à la diffusion de Rattus rattus, réservoir redouté d’anthropozoonoses car proche de l’homme, et au passage des pathogènes à l’homme dans des conditions spécifiques de transmission.
La dynamique spatio-temporelle de cette aire de répartition réagissant à de multiples déterminants qui interagissent entre eux (variabilité climatique, changements dans l’occupation et pratiques de l’espace, augmentation de l’urbanisation, des flux…), la question de recherche privilégie une approche rendant compte de l’évolution des systèmes géographiques à l’échelle historique (depuis le début du XXè siècle jusqu’aux dynamiques récentes) et allant de l’échelle zonale (réduite aux deux pays cités plus haut) à l’échelle locale (axes et localités de diffusion récente).
Le projet s’appuie sur plusieurs disciplines (géographie de la santé, des transports, aménagement, climatologie, rodentologie, entomologie médicale, virologie) et se revendique de l’interdisciplinarité à tous les stades de conception et d’analyse du programme de travail.
Cette approche est donc à la fois temporelle, spatiale, dynamique et systémique.
Du point de vue conceptuel, ce projet s’ancre dans les travaux portant sur la définition des systèmes géographiques, sur les phénomènes de diffusion, sur la définition des espaces potentiels et des aires fonctionnelles de la maladie.
La conduite des opérations s’appuie sur la confrontation de corpus de données climatiques, historiques, démographiques, rodentologiques, sérologiques, relatives à l’urbanisation et aux transports et préalablement collectés dans les archives. Des enquêtes de terrain à échelle fine (comptage de flux, capture de rongeurs, de vecteurs, prélèvements sanguins, enquêtes domiciliaires socio-économiques) seront réalisées sur des sites ateliers.
Une base de données spatialisée sera construite afin de permettre l’articulation des données.
L’espace sera caractérisé selon des étapes temporelles rendant compte de dynamiques de l’espace à partir de nos marqueurs de la diffusion à l’échelle historique et selon un maillage qui permettra l’articulation entre les différentes données.
La dimension récente de la diffusion et le passage à l’homme des anthropozoonoses seront étudiés sur la base de deux axes routiers connaissant une dynamique en cours et conduisant à la modification actuelle du front de colonisation de l’espace occupé par R. rattus :
-l’axe Tambacounda – Kédougou au sud, climatiquement favorable au rat noir, ouvert depuis les années 1990, marque une extension de notre réservoir dans un contexte de cul de sac produisant un enclavement formel mais propice aux trafics informels entre Sénégal et Mali.
-L’axe Tambacounda – Kayes au nord, climatiquement défavorable, en pleine augmentation de trafic en raison de la coupure de la route Bamako-Abidjan dont le trafic s’écoule désormais à partir de Dakar à travers une frontière largement ouverte.
L’analyse de ces données à de multiples échelles temporelles et spatiales fera appel aux outils statistiques multiniveaux et aux fonctionnalités des SIG.
La production scientifique fera l’objet d’un retour opérationnel à travers un colloque à destination des acteurs de la santé publique et de l’aménagement.

Coordination du projet

Pascal HANDSCHUMACHER (INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DEVELOPPEMENT - IRD)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CBGP INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DEVELOPPEMENT - IRD
PRODIG CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A
SE4S - UMR 912 INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DEVELOPPEMENT - IRD

Aide de l'ANR 398 178 euros
Début et durée du projet scientifique : October 2011 - 36 Mois

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