Méthodes ex-ante et ex-post d’évaluations quantitatives des politiques publiques – EVALPOLPUB

L’évaluation des politiques publiques est un enjeu démocratique majeur. L’évaluation en France a connu un essor récent mais reste insuffisamment développée et doit être renforcée. Les méthodologies développées par les économistes sont basées sur un principe clair, celui de l’analyse causale de l’effet d’une politique publique (par exemple l’impact d’une prime pour l’emploi ou d’une mesure de libéralisation des marchés) en comparaison avec le coût d’opportunité de cette mesure. Il s’agit donc de comparer l’impact de la politique avec ce qui se serait passé en l’absence de cette politique (impact causal obtenu par différence avec un « contrefactuel » hypothétique – ce qui ce serait passé en l’absence de la politique étudiée toutes chose égales par ailleurs--, puis d’évaluer le coût d’opportunité de la politique publique examinée, c’est-à-dire l’intérêt de l’usage alternatif des dépenses engagées.

Les évaluations quantitatives peuvent être ex-ante (élaboration d’une structure théorique dont les paramètres sont estimés ou calibrés puis calcul de l’effet de politiques publiques sur les variables endogènes) ou ex-post (utilisation de données statistiques, administratives ou scientifiques et méthodologie économétrique permettant d’évaluer l’impact causal). Ces deux approches sont généralement opposées, par une segmentation de la recherche entre deux courants parfois explicitement concurrents et avec une tendance à la spécialisation des revues sur l’un ou l’autre des thèmes.

Notre projet s’inscrit au contraire dans une lignée visant à réconcilier ces deux thématiques de recherche : nous proposons pour trois thématiques différentes (politiques sociales et dynamique du marché du travail ; localisation des activités économiques, R&D et spillovers entre entreprises; politiques d’éducation et confiance) d’évaluer l’impact de politiques publiques avec une méthodologie en deux étapes. Lors de la première étape, on utilisant la démarche empirique (formes réduites, randomisation, quasi-experiments) pour évaluer des paramètres d’intérêt particulier. Ces estimations sont ensuite utilisées dans la seconde étape pour construire des modélisations calibrées de politiques publiques particulières, à la manière des contributions récentes visant à étudier conjointement les aspects macroéconomiques et microéconomiques des politiques publiques (Lise, Seitz et Smith, 2005, et Attanasio, Meghir et Santiago, 2001).

Ce projet réunit 11 chercheurs dont certains sont basés au département d’économie de Sciences Po (Yann Algan, Thierry Mayer, Etienne Wasmer), de Paris-1 (Jean-Marc Robin), et à l’étranger (Matthieu Chemin à McGill au Canada, Florian Mayneris à Université Catholique de Louvain, Enrique Seira à ITAM au Mexico, Andrew Shephard de l’Institute for Fiscal Studies et University College London, Antoine Bozio de l’Institute for Fiscal Studies et University College London et enfin Patrick Aubert de l’INSEE). D’autres chercheurs comme Philippe Martin (Sciences Po) et Elise Huillery (Sciences Po) sont associés informellement au projet mais bénéficient déjà de financements ANR (Philippe Martin) ou ont fait des demandes spécifiques à l’ANR concernant un champ particulier (en l’occurrence Elise Huillery pour l’économie du développement et la randomisation). Leur apport scientifique au projet sera assuré par leur présence aux différents évènements organisés par le projet actuel.