La déconnexion volontaire aux technologies de l’information et de la communication – DEVOTIC
Il s?agit de rendre compte des pratiques de rupture, de résistance, de tension ou de filtre face aux effets pervers de la connexion permanente, à la pression du « temps réel » et aux potentiels dérapages sécuritaires permis par les TIC, à la fois dans certaines catégories professionnelles et dans la vie quotidienne du plus grand nombre. Le développement des TIC a été accompagné, ces vingt dernières années, par une opinion généralement très positive à leur égard. En dehors du secteur économique et professionnel, où elles sont devenues les outils indispensables du raccourcissement des délais, de l?accélération des rythmes et de la généralisation de la simultanéité dans un environnement de chrono-compétitivité généralisée, les TIC ont rencontré un immense succès dans le grand public. Elles permettent en effet de répondre (en partie évidemment) à un désir vieux comme l?humanité, celui d?ubiquité, et à un fantasme vieux comme l?individu, celui du contact permanent avec les êtres aimés. Ubiquité, immédiateté et permanence par-delà le principe de réalité de ce monde qui sépare, éloigne et isole : les TIC ont été des outils quasi magiques pour la génération qui les a découverts. Ce nouveau monde d?interconnexion généralisée n?a toutefois de sens que si les interlocuteurs, au bout du fil et des ondes, répondent : d?où l?injonction à rester de plus en plus connecté. Une connexion synonyme d?immédiateté, de sécurité, d?ouverture et d?évasion, mais aussi d?informations non désirées, d?appels intempestifs, de surcharge de travail, de confusion entre urgence et importance, de nouvelles addictions et de contrôles non autorisés, la sécurité des uns se faisant aux dépens de la surveillance des autres.C?est face à ces effets non désirés que de nouvelles conduites se sont développées ces toutes dernières années. Elles visent à ne pas se laisser déposséder de sa propre temporalité, de ses propres rythmes au profit d?une mise en synchronie universelle qui unirait en temps réel tous les branchés du « grand réseau » dans une sorte de compulsion totalisante. Elles réintroduisent l?épaisseur du temps de la maturation, de la réflexion et de la méditation là où le heurt de l?immédiat et de l?urgence oblige à réagir trop souvent sous le mode de l?impulsion. Dans les cas les plus extrêmes, elles peuvent conduire à une déconnexion totale, souvent à la suite d?une « surchauffe » occupationnelle et d?un « burn out ». Mais elles consistent la plupart du temps à instaurer des sas entre les réseaux de télécommunication et l?individu. L?idéal recherché est de parvenir à une maîtrise des flux télécommunicationnels qui passent par lui, c?est-à-dire de pouvoir garder ses contacts et une ouverture suffisante sans pour cela en devenir l?esclave. Cet idéal de maîtrise est particulièrement repérable dans des techniques originales de filtre : de véritables trésors d?imagination peuvent être déployés pour échapper à la « dictature de l?immédiat », à l?inflation d?informations, aux contraintes des réseaux ou au désir d?omniprésence de ses correspondants. La recherche porte donc sur les conduites de refus non pas des technologies elles-mêmes, mais de certaines de leurs utilisations, en particulier de celles qui conduisent à des excès, au branchement continu et à de l?addiction et de celles qui visent à une surveillance et à un contrôle à distance non désirés. En multipliant les terrains, la recherche s?efforcera en un premier temps de recenser ces conduites et de les évaluer afin, en un second temps, d?en dégager, au-delà de leurs diversités, les lignes de forces et les logiques. Son but est en définitive de dégager une connaissance active des conduites visant la maîtrise des flux de communication dans une société qui pousse à la connexion permanente.
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Début et durée du projet scientifique :
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