Analyse et Synthèse de traitements Temps REEl – ASTREE

Un constat très contrasté s'impose à nous, à la faveur d'un quart de siècle de recul, à propos des environnements informatisés d'aide à la création musicale contemporaine et, d'une manière plus générale, à propos des outils « temps réel » d'assistance à la création dans le domaine du spectacle vivant interactif : Les raisons de se réjouir : - La diffusion de ces environnements a peu à peu organisé de véritables marchés (ce qui était encore inconcevable il y a moins de dix ans) , les usagers se multiplient et confèrent des usages innovants et des re-spécifications très réactives à des outils pourtant strictement dédiés à l'origine , la convergence numérique opère là comme ailleurs et incite à expérimenter le réemploi souvent collectif de données, de maquettes, de prototypes et d'esquisses d'origines variées, issus ou non directement de ces environnements , - La tendance, ici comme ailleurs, est au mélange de programmes écrits dans des langages variés par des utilisateurs savants, avec du code automatiquement générés par des interfaces graphiques de plus en plus intuitives (fusionnant et unifiant de puissantes métaphores) et ergonomiques, la fracture numérique se réduisant finalement, sur ce terrain de la création, par des échanges informels de savoirs. Les raisons de s'inquiéter : - Les environnements et outils informatisés dont on parle sont bien souvent des prototypes plus que des produits industrialisés, la traçabilité de leurs évolutions s'avérant médiocre, les interopérabilités fragiles, et les évolutions en configuration problématiques : si rien n'est fait, beaucoup de créateurs ou d'opérateurs perdront vite tout ou partie du fruit de leurs efforts et verront certains de leurs investissements ruinés par l'obsolescence technique de tels ou tels composants de leurs dispositifs, dont le maintien en condition opérationnelle posera problème, empêchant finalement la préservation des dispositifs tout entiers, sans parler des créations afférentes , - Les savoirs qui sont en jeu dans les réseaux d'utilisateurs tendent à se disjoindre des savoirs des concepteurs et développeurs d'outils, la prévision précise des conditions de possibilités techniques qui permettent l'émergence d'offres interactives « intéressantes » à l'usage devenant difficile , la tendance est certes à l'expérimentation permanente, mais aussi à la prise de risque maximum en terme de génie logiciel. Face à ce constat, un objectif scientifique se fait jour aisément, dont les résultats conditionneront la possibilité de continuer à accompagner la créativité des utilisateurs avec des outils techniques divers, évolutifs et sûrs de fonctionnement : il faut pouvoir unifier la diversité des solutions techniques « à un certain niveau d'abstraction », sans étouffer cette diversité. Reste à choisir ce ou ces niveaux d'abstraction pertinents. Le consortium ne traite pas le problème dans sa généralité, bénéficiant d'emblée d'un biais prometteur et simplificateur à la fois : en l'espèce, du langage de description générique développé au GRAME depuis 6 ans, FAUST. Le propos est donc d'étendre FAUST (la proposition passe notamment par une extension de FAUST aux signaux non-scalaires et aux traitements multirate, ainsi qu'à la génération de code vectoriel et parallèle) jusqu'à permettre : - D'établir la preuve formelle de l'adéquation du langage proposé à la problématique de la création de processus numériques musicaux temps réel , - D'analyser et de transformer l'existant de manière à générer des outils et des méthodes visant la constitution de connaissances sur ces objets , - De valider ces outils en organisant les premiers résultats obtenus sous forme d'une « classification organologique des traitements musicaux temps réel ».