– KNOWJUST

Ce projet vise à dégager les relations entre la métacognition, considérée comme un ensemble de dispositions normatives permettant d'évaluer et de prédire l'adéquation cognitive de ses propres états mentaux, et les diverses justifications prima facie ou autorisations épistémiques qui nous permettent de fixer des croyances vraies et de mener nos enquêtes. La psychologie cognitive est censée décrire de manière objective et complète les divers outils d'acquisition des connaissances, tandis que l'épistémologie est censée expliquer et évaluer la manière dont les agents rationalisent en termes de moyens-fins les situations qu'ils rencontrent, et les conditions générales de possibilité de la connaissance. Notre objectif est de revenir sur cette conception en montrant comment et pourquoi la normativité intervient aussi bien au niveau cognitif qu'au niveau épistémlogique.La partie épistémologique du projet analysera les normes épistémiques considérées comme des principes constitutifs et comme des visées de l'enquête. Certains travaux récents (comme le fiabilisme ou 'l'épistémologie des vertus') quittent le cadre évidentialiste classique selon lequel la connaissance est la croyance vraie justifiée, et commencent, un peu trop timidement, à prêter attention aux caractéristiques dynamiques de la révision de croyances et aux aspects de la justification dépendant de l'agent. Nous analyserons les divers modes de justification et d'autorisation épistémique en élaborant une problématique originale faisant de la connaissance une enquête. Nous nous intéresserons aux méthodes d'enquête et de justification des croyances que les penseurs appliquent, en tant qu'agents, au cours de leurs évaluations épistémiques, tout en restant sensibles à certaines exigences évidentialistes. Enfin nous examinerons si notre explication normative de la connaissance cadre comme telle avec une conception naturaliste du monde. La seconde partie, étudiera avec les méthodes de la philosophie de l'esprit les dispositions métacognitives. Celles-ci se sont avérées présentes chez les primates non-humains et les enfants humains, c'est-à-dire dans des organismes qui ne possèdent pas de concepts d'états mentaux. Notre projet prendra la métacognition comme modèle des formes implicites de raisonnement critique, grâce auquel tester des thypothèses naturalistes sur la normativité. Nous mettrons au point une théorie nouvelle, dite 'théorie duale de la normativité', qui associe des conditions externalistes avec des indicateurs-relais internalisés ou subjectifs, appelés 'sentiments épistémiques'. Nous procéderons à l'analyse sémantique du contenu métacognitif de ces sentiments. Enfin nous nous interrogerons sur la compatibilité de notre explication normative de la connaissance avec une conception naturaliste et empiriste de l'esprit.