Approche neurocognitive et bayésienne de la reconnaissance des intentions chez le sujet sain, le patient schizophrène et le patient autiste. – Social Cognition
L'espèce humaine est éminemment sociale- nous construisons et entretenons en permanence avec nos semblables une grande variété de rapports. Les mécanismes neurocognitifs qui sous-tendent ces interactions sont devenus un objet d'étude privilégié des neurosciences cognitives. Les cognitions sociales (incluant tous les processus cognitifs en jeu dans la compréhension d'autrui) soulèvent d'emblée la question de la spécificité de leurs mécanismes au regard des autres processus cognitifs qui sous-tendent le comportement humain. Or ces mécanismes de haut niveau pourraient dépendre en amont de l'activité de processus cognitifs de plus bas niveau, et il paraît donc crucial d'étudier la formation de nos compétences sociales, souvent complexes, à la lumière de ces processus cognitifs plus élémentaires. //Ce projet consistera donc à déterminer si notre capacité à reconnaître une intention dirigée vers une personne - et par conséquent à comprendre des interactions sociales - partage certains mécanismes neurocognitifs avec la capacité plus élémentaire à reconnaître des intentions non-sociales (intentions dirigées vers des objets). Pour ce faire, nous explorerons la reconnaissance d'intentions sociales et non-sociales dans des séquences d'actions filmées. Ce projet, foncièrement pluridisciplinaire, empruntera à la fois aux Neurosciences, à la Psychologie, à la Psychopathologie, à la Philosophie de l'Esprit, et à la modélisation bayésienne.
Nous considérerons trois intentions distinctes. (1) une Intention Motrice sous-tend un acte moteur simple dirigé vers un objet (ex : saisir un verre) (2) Une Intention super-ordonnée non-sociale se définie comme le but général (ex : nettoyer un verre) d'un ensemble d'actes moteurs simples (ex : saisir un verre, mettre le verre dans l'évier, etc). (3) Enfin, une intention super-ordonnée sociale se définie comme le but général d'un ensemble d'actes moteurs dirigés cette fois, non plus vers un objet, mais vers une autre personne (ex : offrir un verre de vin à quelqu'un).
Nous testerons en premier lieu l'implication des inférences dites bayésiennes dans la reconnaissance des différents types d'intentions précédemment décrits. Trois études psychophysiques seront conduites avec un même paradigme original développé dans notre équipe. Nous adapterons ensuite les études précédentes à la méthodologie IRMf afin d'identifier les réseaux cérébraux impliqués dans la reconnaissance de chaque type d'intention mentionné. Enfin, nous évaluerons les capacités de reconnaissance intentionnelle dans l'autisme et la schizophrénie, pathologies caractérisées par des difficultés majeures au plan de la compréhension des interactions sociales.//À notre connaissance, aucune étude n'a jamais contrasté les mécanismes sous-jacents à la reconnaissance d'intentions sociales et d'intentions non-sociales. Nous pensons que l'approche promue par ce projet est déterminante pour l'acquisition d'une meilleure compréhension des processus cognitifs de haut niveau, et des cognitions sociales en particulier. En outre, une identification précise des anomalies neurocognitives recensées dans l'autisme et la schizophrénie pourrait avoir un retentissement important sur les nouvelles applications thérapeutiques, aujourd'hui promulguées dans de nombreuses unités de soin, telles la remédiation cognitive et la Stimulation Magnétique Transcrânienne (SMT).
Coordination du projet
Chloé FARRER (Université)
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Partenaire
Aide de l'ANR 148 000 euros
Début et durée du projet scientifique :
- 36 Mois