Micro-analyses et datations de l'art préhistorique dans son contexte archéologique – MADACPA

Longtemps, la connaissance de l'art des grottes et des objets préhistoriques a été fondée sur une analyse descriptive des représentations et de leurs dispositions sans considération des contextes archéologiques. Depuis une quinzaine d'années, elle s'est enrichie de datations, de micro-analyses physiques, chimiques et biologiques sur des pigments et leurs liants et de données technologiques relatives aux tracés gravés et peints. Jusqu'à présent, ces analyses nécessitaient des prélèvements ou des empreintes entraînant des altérations ponctuelles des œuvres. Le développement actuel d'appareils de mesure et d'enregistrement portatifs autorise l'analyse physique et chimique in situ, sans contact direct avec les œuvres. Des changements en découlent dans les manières d'intervenir sur place par rapport aux supports et aux tracés, en limitant l'impact des prélèvements. Ces analyses deviennent plus pertinentes quand elles sont mises en contexte pariétal et archéologique. L'objectif de ce projet original est double : 1) Exploiter les développements technologiques récents pour renouveler et améliorer les conditions d'observation, de relevés et de conservation des œuvres d'art. 2) Articuler les grandes lignes de recherches encore dispersées dans les études pluridisciplinaires actuelles menées par les préhistoriens et par les chimistes et physiciens. Une véritable pertinence méthodologique, de nouvelles synergies et problématiques peuvent se dégager des complémentarités disciplinaires des équipes actuellement engagées sur l'art préhistorique en Europe (France et Espagne notamment). Dans ce sens, ce projet est également novateur puisqu'il entend développer l'analyse des contextes particuliers de toutes les micro-analyses et datations directes afin de rompre avec les déphasages actuels non résolus entre les micro-analyses et datations ponctuelles et les analyses et interprétations globales des données archéologiques. Les principaux sites sélectionnés dans le cadre de ce projet sont les grottes Margot en Mayenne, Font-de-Gaume, Combarelles, Bernifal, Lascaux et l'abri Pataud en Dordogne, Fontanet en Ariège, ainsi que La Garma et Tito Bustillo en Espagne. Ces sites majeurs, immédiatement accessibles à la recherche, présentent un large éventail chrono-culturel et des problématiques différenciées mais complémentaires. Certains des sites sont également préservés des altérations ou des contaminations d'origine humaine (découverte récente ou très faible fréquentation) et sont très favorables aux études pluridisciplinaires. Notre projet comportera plusieurs axes d'investigation : 1) l'étude de l'évolution des supports ornés et des sources possibles de contaminations. Une analyse comparative est à développer entre Lascaux et Margot, soumises à d'intenses agressions et Fontanet et les deux cavités espagnoles, protégées depuis leurs découvertes, afin de définir des protocoles et mesures conservatoires des représentations et de leurs supports rocheux ; 2) l'analyse physico-chimique des pigments et des techniques picturales pour décrire les pratiques culturelles des artistes préhistoriques ; l'analyse technologique des gravures pariétales et mobilières pour comprendre les procédés utilisés par l'homme ; 3) l'établissement d'une chronologie détaillée des phases de réalisation des représentations corrélées aux phases d'occupations et/ou de circulations dans chaque grotte grâce à l'étude diachronique des dispositifs pariétaux et aux datations directes des peintures et/ou des vestiges trouvés sur le sol ; 4) la mise en œuvre de techniques d'acquisition, de traitement et d'archivage numérique en 2D et 3D des images, ainsi que de leur lecture graphique (relevés). Les données acquises dans ce programme permettront de mieux identifier la diversité des ensembles ornés et de décrire l'évolution des techniques, des styles et des thèmes représentés au cours du Paléolithique supérieur. A terme, notre objectif est d'élaborer de manière pluridisciplinaire un protocole d