– CO-INFO-USE
Pour réduire l'incertitude liée à la variation environnementale spatio-temporelle, les individus doivent récolter des informations leur permettant de prendre des décisions optimales. La récolte et l'utilisation d'informations, et leurs conséquences sur les processus évolutifs, ont récemment reçu un intérêt accru en écologie évolutive. Les individus acquièrent des informations de nombreuses sources différentes (habitat, congénères, succès et histoire personnels, etc.), et ces sources peuvent interagir, produisant des informations soit redondantes soit contradictoires. De plus, le sens et donc l'utilisation d'un type donné d'information devrait différer en fonction de l'information antérieure et des caractéristiques internes des individus. Cependant, jusqu'à présent, la plupart des études empiriques se sont concentrées sur une source unique d'information, et ont négligé les variations individuelles de l'utilisation d'informations. Et ce, bien que les modèles théoriques aient souligné la pertinence évolutive de l'utilisation d'informations multiples de façon contexte-dépendante. Notre projet abordera expérimentalement ces deux problèmes. Dans une première partie, nous étudierons l'utilisation d'informations simultanées multiples par les individus. Nous testerons comment les individus intègrent des informations différentes et simultanées, selon qu'elles sont redondantes ou contradictoires, et comment ils attribuent un poids à chaque source d'information dans les prises de décision ultérieures. Ce test sera réalisé en manipulant simultanément plusieurs sources d'informations et en observant les réponses des individus. Nous nous intéresserons aussi aux processus comportementaux de récolte d'informations. La deuxième partie du projet s'intéressera à l'intégration d'informations passées et présentes par les individus. Nous chercherons comment l'information passée module l'utilisation d'informations présentes dans les prises de décisions, impliquant des mécanismes d'apprentissage et de mémorisation. Ceci sera testé en manipulant l'histoire personnelle et l'information antérieure des individus, et en testant l'utilisation par la suite d'un type d'information présente. La dernière partie du projet considérera l'utilisation contexte-dépendante de l'information par les individus. Nous testerons si la même information a un sens différent pour des individus subissant des contraintes différentes en raison de leur statut social, leur histoire personnelle ou leur état interne. Ceci sera testé en manipulant les effets parentaux et l'état physiologique des individus, et en observant la réponse des individus ayant expérimenté des contextes internes différents à la même source d'information externe. Ces trois séries d'expériences donneront une meilleure image des stratégies utilisées par les individus pour affronter la variabilité spatio-temporelle complexe de l'environnement. Pour finir, nous ferons une revue des études sur l'utilisation contexte-dépendente d'informations multiples chez les oiseaux et les insectes afin de mieux connecter les travaux sur ces modèles biologiques. Le projet repose sur une série d'expériences sur le terrain et en laboratoire sur deux modèles biologiques, un hyménoptère parasitoïde (la guêpe Venturia canescens G.) et un passereau (le gobe-mouche à collier Ficedula albicollis L.). Les méthodologies utilisées impliqueront des techniques classiques en écologie comportementale et évolutive (gobe-mouche : suivi d'une population reproductrice, expériences en conditions naturelles, utilisation de données à long terme; guêpe : échantillonnage d'individus sur le terrain, élevage de populations et tests comportementaux au laboratoire). Le projet combine ces techniques à une série d'analyses moléculaires, biochimiques, endocrinologiques et immunologiques. Des expériences précédentes ont été menées avec succès sur ces deux modèles et ont identifié des sources d'information utilisées par les individus, que nous manipulerons de façon conjointe ou contexte-dépendente (guêpe : statut énergétique, présence de nourriture, densité d'hôtes ; gobe-mouche : succès reproducteur personnel et local, statut de dispersion parental, effets maternels, densité de reproducteurs locale). Nous tirerons avantage de l'utilisation de ces deux modèles dans des conditions différentes : les guêpes sont étudiées au laboratoire, permettant un contrôle des conditions et des informations reçues ; les oiseaux sont étudiés en nature avec des échelles de temps entre la récolte de l'information et les décisions plus longues. Les deux modèles biologiques diffèrent fortement en termes de cycles de vie par rapport aux schémas de variations temporelles de l'environnement, et de mécanismes cognitifs. La comparaison des résultats entre ces deux modèles permettra de donner une idée de la généralité de l'utilisation contexte-dépendante d'informations complexes dans les processus de prises de décisions entre les taxons animaux.
Coordination du projet
Blandine DOLIGEZ (Organisme de recherche)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
Aide de l'ANR 150 000 euros
Début et durée du projet scientifique :
- 36 Mois