Encadrement et sociabilité des mondes ruraux (1960-2006). Revisite et regards contemporains – REVISITE

1- Contexte scientifique et objectifs du projet L'équipe réunie autour de ce projet est le produit à la fois d'expériences de travail en commun et d'une politique volontariste de l'INRA, de l'Université de Bourgogne, de l'ENESAD et de la MSH de Dijon. L'équipe centrée sur le CESAER et le campus dijonnais auxquels s'adjoignent de jeunes chercheurs aux thématiques proches, s'inscrit pleinement dans la thématique « Territoire et développement » du pôle de recherche dijonnais en émergence (pôle INRA, DGER, Université de Bourgogne). D'un point de vue scientifique, notre cohérence est à la fois thématique autour d'un objet quelque peu délaissé, les mondes ruraux et conceptuelle : l'équipe se reconnaît dans les formes contemporaines du projet d'unification des sciences sociales. A partir de la sociologie politique et économique, de l'ethnographie sociologique, de l'histoire sociale, notre ambition est d'analyser au plus près les évolutions sociales majeures des mondes ruraux. 2- Description du projet, méthodologie L'option méthodologique principale consiste en la revisite ethnographique de terrains qui ont déjà fait l'objet d'enquêtes de 1965 à 1985 dans la région de Montbard et de Châtillon-sur-Seine (Bourgogne). Cette méthodologie, inscrite dans la tradition de l'anthropologie américaine et britannique mais ignorée des autres sciences sociales, permet dans le même mouvement d'appréhender l'historicité du regard scientifique et celle des sociétés étudiées. Pour comprendre les données inédites collectées par nos aînés, données sans équivalent en l'état de l'archivage des enquêtes qualitatives en France, cette méthodologie exige dans un premier temps une recontextualisation des données par une histoire sociale des sciences sociales et une sociologie des chercheurs précédemment engagés sur ces terrains. Mais cette revisite est également singulière de par l'ampleur des fonds et des publications qu'il s'agit de réinterroger, couvrant un spectre très large d'objets, allant de l'économie agricole aux mondes ouvriers, de l'école à l'étude de la famille, des traditions populaires au pouvoir au village... Les trois fonds à notre disposition sont ceux de la RCP Châtillonnais (40 chercheurs, ethnologues, sociologues, économistes, historiens de 1965 à 1969), de l'enquête Minot (3 ethnologues et une géographe de 1968 à 1978), et de l'étude sur Montbard réalisée par F. Weber de 1978 à 1985. Renouant avec la tradition des enquêtes collectives des années 1950-1970, cette revisite ne se pense nullement comme relevant de la monographie puisqu'il s'agit plutôt pour chacun d'entre nous d'investir le terrain Châtillonnais armé des thématiques travaillées ailleurs, autres terrains que nous souhaitons conserver comme autant de points de comparaison pour engager une généralisation de nos résultats. 3- Résultats attendus Nous espérons bénéficiant des compétences diverses de chacun, étude des élites et groupes politiques, sociologie des marchés, histoire sociale, sociologie de l'école, sociologie des mondes populaires, sociologie de la famille à la lumière d'un retour sur le terrain Châtillonnais et des fonds d'archives conservés, pouvoir rendre compte de l'interdépendance des évolutions des mondes ruraux contemporains. Tout d'abord, il nous importera de saisir la reconfiguration des marchés agricoles de plus en plus intégrés dans des grands groupes internationaux, modifiant radicalement les stratégies de reproduction au sein des exploitations familiales. Ces tensions semblent se répercuter dans la représentation politique et syndicale des agriculteurs avec l'essoufflement du modèle traditionnel d'encadrement de la FNSEA et des organisations professionnelles agricoles, et l'avènement de nouveaux syndicats contestataires (Confédération Paysanne). De même, le déclin de la population agricole, les pressions foncières grandissantes par la périurbanisation, l'arrivée de classes populaires et intermédiaires urbaines en lotissement ou encore l'étab...