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Déterminants sensoriels de l’attractivité humaine – ATTRASENS

Le projet ATTRASENS fait appel non seulement à la psychologie de la perception olfactive, mais aussi à la perception visuelle (visages humains), à la chimie (pour étudier des composés spécifiques de l’odeur corporelle, peu connus et non disponibles dans le commerce), aux sciences de l’évolution (pour élaborer des hypothèses quant aux fonctions adaptatives des odeurs corporelles), à la cognition sociale (pour comprendre comment l’odeur contribue, grâce aux informations qu’elle véhicule, à la connaissance d’autrui) et enfin aux neurosciences affectives et sociales (pour comprendre les bases neurales de la perception de ces informations hautement significatives). Au cours de ce projet nous avons étudié des composés de l’odeur corporelle, identifiés dans la littérature comme étant typiquement masculins ou féminins. Nous avons examiné la capacité d’hommes et de femmes à détecter et décrire ces odeurs, l’impact de ces odeurs sur la masculinité et l’attractivité de visages à l’aide d’un paradigme d’amorçage ainsi que les circuits neuronaux activés par ces odeurs versus des odeurs non-humaines dans un protocole d’IRMf.

Le projet ATTRASENS a montré des différences homme-femme dans le traitement implicite de composés de l’odeur corporelle humaine, notamment en termes d’influence sur la perception de visages et de comportement de flairage. Ces résultats suggèrent que, chez les hommes uniquement, la masculinité perçue dans les visages est influencée par l’odeur associée au visage, ce qui pourrait jouer un rôle dans les interactions intra-sexuelles. Des différences liées au sexe ont également été observées dans les activations d’aires cérébrales impliquées dans la cognition sociale, avec une interaction significative entre le sexe du receveur (celui qui perçoit) et le sexe de l’émetteur (composés prédominants chez les femmes ou chez les hommes).

Pour comprendre le rôle des odeurs humaines dans les interactions sociales et le choix de partenaire, un verrou qui perdure concerne la connaissance de la composition de l’odeur humaine dans sa complexité et sa variabilité, car cette connaissance reste à ce jour limitée. Seuls quelques composés de l’odeur corporelle ont été étudiés dans le projet ATTRASENS et d’autres odorants ou groupes d’odorants pertinents qui pourront être identifiés dans le futur mériteraient d’être étudiés de la même manière. Par ailleurs, les effets de ces odeurs devraient être investigués au-delà de la seule perception d’autrui : l’observation des comportements lors d’interactions sociales réelles pourrait être particulièrement informative. Des perspectives pour la vie quotidienne des gens peuvent également être dégagées, comme l’attestent les collaborations récentes entamées dans le cadre du projet ATTRASENS avec un industriel (développement d’outils d’aide aux personnes anosmiques, souffrant de l’absence de contrôle de leur odeur corporelle) et avec une association entraînant des chiens d’aide aux personnes diabétiques (détection des hypoglycémies via l’odeur corporelle).

Les résultats obtenus dans le cadre du projet ATTRASENS ont été communiqués lors de plusieurs conférences et font l’objet de plusieurs publications dont l’une d’elles est soumise et une en cours de préparation (analyses IRM en cours). Un article de perspectives sur la place des odeurs dans les interactions sociales humaines a également été publié ainsi que trois articles concernant le flairage, ses corrélats perceptifs et sa variabilité en fonction de facteurs individuels ou d’exposition.

1. Ferdenzi C, Fournel A, Baldovini N, Manesse C, Thevenet M, Bensafi M. (en préparation) Sex differences in the functional neuronal processing of human body odor compounds.
2. Ferdenzi C, Fournel A, Baldovini N, Poupon D, Ligout D, Thévenet M, Bensafi M. (soumis). An acid compound of human body odor influences male-male perception.
3. Ferdenzi C, Joussain P, Digard P, Luneau L, Djordjevic J & Bensafi M (2017) Individual differences in verbal and non-verbal affective responses to smells: influence of odor label across cultures. Chemical Senses, 42, 37-46.
4. Ferdenzi C, Rouby C & Bensafi M (2016) The social nose: Importance of olfactory perception in group dynamics and relationships. Psychological Inquiry, 27, 299-305.
5. Ferdenzi C, Fournel A, Thévenet M, Coppin G & Bensafi M (2015). Viewing olfactory affective responses through the sniff prism: Effect of perceptual dimensions and age on olfactomotor responses to odors. Frontiers in Psychology, 6, 1776.
6. Ferdenzi C, Poncelet J, Rouby C & Bensafi M (2014). Repeated exposure to odors induces affective habituation of perception and sniffing. Frontiers in Behavioral Neuroscience, 8, 119.

Résumé de soumission

La recherche sur les odeurs corporelles et sur leur lien avec l’attractivité humaine est relativement récente. Cette thématique a explosé durant les deux dernières décennies, engendrant de nombreux débats scientifiques (notamment sur la notion de phéromones humaines), un questionnement sur l’influence des odeurs personnelles sur les préférences sociales, et une certaine fascination chez le grand public. Les études sur ce sujet apportent de plus en plus d’éléments prouvant que les odeurs corporelles influencent les préférences et comportements humains, notamment en termes de choix de partenaire. Cette idée est supportée par exemple par le fait que la perception et l’émission d’odeurs corporelles varient au cours du cycle menstruel, que les odeurs corporelles orientent les préférences vers des partenaires génétiquement appropriés d’un point de vue adaptatif, et que les odeurs ont des influences cross-modales sur la perception des visages.

Le projet AttraSens propose de chercher à mieux comprendre comment les odeurs corporelles humaines et leurs composants-clé influencent d’autres déterminants de l’attractivité, visuels et auditifs. Le projet est divisé en trois tâches, correspondant à trois expériences sur 36 mois, ayant pour but d’étudier les déterminants multimodaux de l’attractivité. La candidate, Camille Ferdenzi, supervisera le projet et bénéficiera de l’expertise d’un post-doctorant (12 mois) pour les aspects d’imagerie cérébrale. La tâche 1 teste la dominance d’une modalité sensorielle dans la détermination de l’attractivité globale d’une personne, dans un contexte de psychologie expérimentale. La tâche 2 vise à investiguer, au moyen de mesures comportementales et EEG, si des composants-clé de l’odeur corporelle (pseudo-phéromones) peuvent augmenter la capture attentionnelle par des visages attractifs. La tâche 3 utilise un plan expérimental similaire à la tâche 2 avec de l’imagerie cérébrale (IRMf), afin de mieux comprendre les activations neurales qui sous-tendent ces phénomènes attentionnels.

Ce projet contribuera à la meilleure compréhension de l’impact des odeurs corporelles, mais aussi des visages et des voix, sur les comportements humains de sélection sexuelle. La recherche sur la perception des visages, des voix et des odeurs corporelles dans le cadre de l’attractivité humaine, bien qu’étant un sujet brûlant au niveau international, reste totalement sous-représentée en France. La faisabilité et les chances de succès de ce projet sont fortes pour plusieurs raisons. Premièrement, il est dans la continuité d’une recherche actuellement menée par la candidate. En effet, il utilisera notamment la base de données de voix et de visages GEAD (GEneva Attractiveness Database) qui sera achevée fin 2012. Deuxièmement, ce projet sera facilité par le fait qu’une collaboration existe déjà entre le laboratoire d’accueil (Dr Moustafa Bensafi, Université de Lyon 1) et le laboratoire actuel de la candidate, sur divers aspects des sciences affectives et de l’olfaction (Prof David Sander and Dr Sylvain Delplanque, Université de Genève). La candidate souhaite également renforcer ses interactions avec un des meilleurs groupes de recherche en psychologie évolutive et choix de partenaire chez l’Homme, spécialisé dans la perception des visages, des voix et des odeurs corporelles (Dr S. Craig Roberts, Université de Stirling, Ecosse). Troisièmement, le solide contexte scientifique et technique fourni par l’organisme d’accueil, le CRNL (Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon) du CNRS à l’Université de Lyon 1, et par d’autres plateformes locales comme le Centre d’Etude et de Recherche Multimodal Et Pluridisciplinaire en imagerie du vivant (CERMEP), assureront la mise en œuvre efficace du projet, en particulier pour les aspects neuroscientifiques de la recherche.

Coordination du projet

Camille FERDENZI-LEMAÎTRE (Centre National de la Recherche Scientifique)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS Centre National de la Recherche Scientifique

Aide de l'ANR 271 053 euros
Début et durée du projet scientifique : May 2013 - 36 Mois

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