Qu'est qui fait marcher les nouveaux-nés? – neolocom

Le but à long terme de ce projet est de développer une nouvelle approche, utilisable dès la naissance, pour entraîner la locomotion chez les enfants à risque de retard locomoteur. Dans ce projet, nous proposons de tester, dans un premier temps, quels sont les stimuli les mieux appropriés (visuels, tactiles et olfactifs) pour stimuler la marche chez l’enfant typique, depuis la naissance et au cours du développement. Cette approche sera ensuite testée chez des enfants atypiques, dans une deuxième étape qui ne fait pas partie de cette demande de financement.

Notre recherche est motivée par deux arguments majeurs. Le premier est l’existence d’un lien entre marche primitive néonatale et future marche indépendante. Maintenu en position érigée, le nouveau-né est en effet capable d’effectuer des pas alternés au contact d’une surface rigide. Cette marche, régulièrement testée par les pédiatres à la naissance, est souvent considérée comme un simple réflexe spinal destiné à disparaître à l’âge de deux mois. Pourtant, plusieurs études ont montré qu’elle était en lien direct avec la marche mature. Si cette marche primitive est entraînée régulièrement sur une surface solide ou un tapis roulant, elle ne disparaît pas, mais au contraire devient de plus en plus importante et coordonnée et amène l’émergence plus précoce de la marche indépendante chez l’enfant typique ou atypique. Pour promouvoir la marche, la stimulation doit commencer le plus tôt possible. Cependant, stimuler la locomotion dès la naissance pose des problèmes particuliers. L’utilisation d’un tapis roulant est difficile. Il est nécessaire d’employer des techniques plus adaptées au nourrisson. C’est le deuxième argument sur lequel repose notre recherche. Nous avons en effet découvert récemment, qu’il est possible de déclencher une marche littéralement en l’air chez des nouveaux-nés, sans aucun contact tactile de leur pied avec une surface rigide, en les suspendant devant un tapis roulant visuel défilant sous leurs pieds et simulant leur déplacement vers l’avant (Barbu-Roth et al. 20009). Cette découverte a des implications théoriques et cliniques. D’un point de vue théorique, elle suggère que dès la naissance, les patrons locomoteurs pourraient être régulés par des stimuli environnementaux variés. Cliniquement, cette recherche suggère qu’il est possible de stimuler la locomotion très tôt avec des approches beaucoup moins agressives qu’un tapis roulant ou une surface solide rigide.

C’est ce que nous proposons de tester au cours de trois groupes d’expériences chez le nourrisson typique. Objectif 1 : établir si la stimulation visuelle change la direction (avant /arrière), augmente le nombre et la coordination des pas chez le nouveau-né, qu’il soit maintenu en l’air, ou marche debout ou à 4 pattes au contact d’une surface solide. Cette surface ne sera cependant pas rigide mais souple et élastique (simulant la paroi utérine) afin de favoriser la marche. Objectif 2: étudier le développement du couplage vision-locomotion pendant les 6 premiers mois de vie avec les mêmes protocoles que chez le nouveau-né. Objectif 3 : tester l’idée de stimuler la marche du nouveau-né avec des stimuli olfactifs seuls, ou en combinaison avec des stimulations tactiles sur le même substrat simulant la paroi utérine. Notre hypothèse est que des odeurs familières devraient stimuler cette marche.

Ces recherches devraient contribuer significativement à notre compréhension du couplage précoce entre perception et locomotion. Elles devraient permettent également d’établir de nouvelles techniques de rééducation et de diagnostic précoce d’éventuels problèmes locomoteurs dès la naissance.

Les partenariats figurant dans ce projet sont internationaux et multidisciplinaires (Psychobiologie, Embryologie, Cinétique du Mouvement et Psychologie du développement).