Entretien croisé avec deux anciens chargés de projets scientifiques à l’ANR : Amélie Abrantes et Bernard Ludwig

Amélie Abrantes a été chargée de projets scientifiques à l’ANR de 2012 à 2016 et est aujourd’hui responsable du service ingénierie de projets stratégiques à l’Université de Bordeaux. Bernard Ludwig a été chargé de projets scientifiques au département Sciences Humaines et Sociales (SHS) puis responsable du programme franco-allemand FRAL à l’ANR de 2012 à 2020, et est désormais attaché de coopération universitaire à l’ambassade de France en Allemagne. Retour sur leurs parcours et leurs expériences professionnelles acquises à l’Agence nationale de la recherche (ANR).

Quel est votre parcours et comment avez-vous connu l’ANR ?

Amélie Abrantes : De formation initiale scientifique avec un doctorat en communication animale, j’ai souhaité m’orienter vers le management, l’animation scientifique et le financement de la recherche. Après un executive MBA à l’Université de Berkley en Californie, j’ai intégré le CNRS en tant que cheffe de projet d’un programme européen sur les forages océaniques où j’aidais le directeur français dans les missions de communication et d’animation scientifiques. J’ai également travaillé un an pour une société de conseil au Canada où j’accompagnais des entreprises innovantes dans le montage de dossiers de financement. C’est à travers ces expériences que j’ai connu l’ANR.

Bernard Ludwig : Je suis historien de formation, j’ai effectué une thèse sur l’anticommunisme et la guerre psychologique en République fédérale d’Allemagne et en Europe dans les années 1950. C’est lors de discussions informelles avec des collègues doctorants que j’ai appris l’existence de l’ANR, qui permettrait de voir comment se déroule la recherche sur projets côté opérateur et d’acquérir des compétences en vue d’un poste à l’université. 

Quelles étaient vos missions au sein de l’Agence ?

Amélie Abrantes : J’ai rejoint l’ANR fin 2012 en tant que chargée de projets scientifiques, je m’occupais du suivi régional des projets financés dans le cadre des Programmes d’investissements d’avenir (désormais France 2030) au niveau de Lyon, St Etienne et Marseille. J’accompagnais ces projets et je m’assurais de leur bonne mise en œuvre en lien avec les attentes de l’Etat. En parallèle, l’ANR a co-financé mon Master 2 en management de la recherche à l’Université Paris-Dauphine, ce qui m’a permis de renforcer mes compétences dans ce domaine. J’ai par la suite eu l’opportunité de rejoindre le département biologie-santé où j’assurais la gestion, le suivi et la coordination d’appels à projets européens. J’ai par la suite eu l’opportunité de rejoindre le département biologie-santé où j’assurais la gestion, le suivi et la coordination d’appels à projets européens. Après deux années à ce poste j’ai quitté l’ANR pour des raisons familiales et rejoint l’université de Bordeaux.

Bernard Ludwig : J’ai intégré l’ANR en avril 2012, peu après ma thèse, à l’époque où il y avait un programme thématique et un non thématique, soit avant la création de l’Appel à projets générique. J’étais en charge du comité d’évaluation scientifique « Humanités » au sein du département non-thématique (R2E), avant d’assurer la gestion du programme de recherche franco-allemand FRAL. J’ai également suivi d’autres programmes en SHS tels que l’Open Research Area ou le réseau Norface. Progressivement, d’autres dispositifs ont vu le jour à l’ANR comme les appels MRSEI ou le programme Tremplin-ERC pour lesquels j’étais correspondant au sein du département SHS. Cette expérience m’a apporté une évolution en interne, car je suis devenu responsable scientifique, et en externe puisque j’ai pu intégrer en 2017 le Point de Contact National (PCN) SHS d’Horizon 2020 qui informe et organise des formations en France sur les appels dans ce domaine.

Aujourd’hui, quel poste occupez-vous ? 

Amélie Abrantes : J’ai intégré l’Université de Bordeaux pour aider les chercheurs au montage de projets, je suis en quelque sorte passée de l’autre côté de la barrière. J’ai commencé comme chargée d’affaires Europe, puis chargée d’affaires projets stratégiques en CDD, et je suis aujourd’hui responsable du service ingénierie de projets stratégiques en CDI. Mon quotidien consiste à identifier tous les appels à projets pertinents pour l’université et en phase avec sa stratégie pour ensuite accompagner le montage des dossiers aux côtés des coordinateurs de projets (souvent des vice-présidents). Il y a de nombreux appels qui se succèdent, et c’est très stimulant d’être sur le terrain au plus proche des enseignants-chercheurs. J’ai aussi l’opportunité d’accompagner la vice-présidence stratégie et développement dans l’actualisation du plan stratégique de l’université.

Bernard Ludwig : J’ai candidaté auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et je suis aujourd’hui attaché de coopération universitaire à l’ambassade de France à Berlin, en congé de mobilité. J’assure un travail de suivi de la politique d’enseignement supérieur en Allemagne, et de coopération au plus près des acteurs français et allemands. Dans ce cadre, je réponds à de nombreuses sollicitations du MEAE, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et d’autres acteurs de l’ESR, avec des temporalités très différentes. Je prépare les interventions de l’ambassadrice et du conseiller culturel et les conseille sur les questions universitaires ou étudiantes et les accompagne lors de leurs déplacements. Enfin, dans le cadre du débat d’idées nous organisons régulièrement des débats et conférences avec ma collègue du bureau du Livre, voire des expositions.

Quels sont les apports de votre expérience acquise à l’ANR ? Quels aspects avez-vous le plus apprécié ?

Amélie Abrantes : Les connaissances de l’écosystème des appels à projets que j’ai acquises à l’ANR me sont très utiles, sans cette expérience je n’aurai probablement pas eu ce poste. Mon expérience à l’ANR a également facilité mes collaborations professionnelles actuelles, je suis par exemple toujours en contact avec d’anciens agents du Secrétariat général pour l'investissement (SGPI). J’ai particulièrement apprécié l’ambiance et l’esprit « famille » que j’ai ressentie à l’ANR.

Bernard Ludwig : Cette expérience m’est utile au quotidien, l’ANR m’a permis de mieux connaître les dispositifs de financement de la recherche et les aspects techniques dans le montage de projets. Elle m’a aussi apporté une meilleure connaissance de l’environnement scientifique en France, c’est-à-dire des grands centres en SHS, des laboratoires spécialisés dans tel ou tel domaine, ce qui me permet d’orienter mes collègues allemands plus facilement. La connaissance de l’infrastructure de recherche (qui fait quoi au ministère, comment cela fonctionne), et des instruments de coopération franco-allemande et européenne, est également un apport essentiel. A ce titre mon expérience au PCN fut précieuse. J’amène aussi beaucoup de ma propre expérience du franco-allemand et de ses structures. J’ai apprécié les relations amicales et conviviales à l’ANR et les équipements techniques qui ont contribué à faciliter le travail.

En savoir plus :

La politique de ressources humaines à l’ANR

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Mis à jour le 17 octobre 2022
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