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Circulation virale et dynamiques sociales – Civyq

Civyq

Circulation virale et dynamiques sociales

Description de la proposition

Le projet Civyq a pour objectif de répondre à l’axe de recherche « Épidémie et dynamiques sociales » du projet Action Liban 2021. Notre propos est de développer une écologie humaine de la pandémie pour comprendre comment les habitants de ce pays font l’expérience collective de la circulation du virus dans leur vie ordinaire à partir de l’étude des pratiques sociales, des productions discursives et de la circulation de différentes formes de savoirs. Nous chercherons à saisir comment la population s’adapte aux différentes contraintes et injonctions pour faire face à la crise sanitaire, dans ses différents enchâssements avec les crises économiques et politiques, auxquelles s’ajoutent le traumatisme et les conséquences de l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020.<br /><br />Concrètement, nous voulons effectuer plusieurs enquêtes dans les lieux du quotidien où des acteurs se rencontrent, communiquent et s’accordent pour trouver les moyens leur permettant d’inventer, de s’adapter et de se préserver afin de construire leur propre résilience. Nous organiserons nos travaux autour de quatre work packages (WP) permettant de comprendre la multiplicité des comportements et des modes d’intervention, de façon à mesurer l’impact de la crise et de contribuer à la pertinence d’opérations de santé publique et de production de messages de prévention. Ces WP portent sur : <br /><br />1- les inventivités sociales et l’évolution des comportements pour comprendre l'impact socioculturel de la pandémie (WP1), <br />2- les langages de l’épidémie pour étudier les inventions linguistiques, l’échange rumoral, et les discours émis au sein de la sphère publique de communication (WP2), <br />3- sur la place et le rôle des ONG dans la lutte contre l’épidémie, leurs modes d’actions et collaborations avec des scientifiques et acteurs médicaux (WP3), <br />4- sur les pratiques ordinaires de santé, l’automédication, la circulation et les imaginaires des médicaments (WP4).<br /><br />Les résultats seront publiés dans des articles scientifiques (un par wp) et feront l’objet d’une rédaction de policy brief par chaque wp.

Notre approche insiste sur l’inventivité sociale qui se fait jour dans les situations de crise pour lutter contre la précarisation et accroître la résilience des citoyens. Placée sous l’angle de l’observation des pratiques et de l’analyse des contenus médiatiques et langagiers liés à l’épidémie, notre approche se veut résolument interdisciplinaire et ancrée dans une écologie humaine de la pandémie pour travailler sur modifications des environnements humains et sociaux. Nous cherchons à développer des ethnographies rigoureuses, en nous appuyant sur des enquêtes de terrain au plus près des acteurs et en mobilisant les outils des disciplines des sciences sociales et des sciences de la vie permettant de penser l’intrication du social et du biologique. L’équipe regroupe ainsi une psychiatre, une biologiste, une linguiste spécialiste de la communication, une journaliste, des sociologues, des anthropologues et une architecte.
L’originalité méthodologique de notre proposition tient aussi à l’appui sur la vidéo participative et la captation sonore en complément des méthodes qualitatives et quantitatives plus classiques que nous mettrons en œuvre. Ce dispositif consiste à former des acteurs de la société civile ainsi que des étudiants, au maniement des instruments de production audiovisuelle afin de les impliquer dans la production de données autour des principaux axes du projet Action Liban 2021 : l'évolution des formes de sociabilité, l'émergence de nouvelles pratiques et de nouvelles formes de solidarité. Il permet surtout d'articuler de façon innovante l'interaction entre sciences, médias et société dans une perspective de sensibilisation citoyenne. Les acteurs impliqués comme les populations cibles deviennent ainsi partie prenante de l'enquête, que ce soit en tant qu'enquêteurs ou témoins sur cette question centrale des mécanismes de protection et des stratégies d'adaptation ou de contournement des politiques sanitaires.

Enquêtes en cours

Objectifs du WP 1 : religion, société et évolution des comportements

1. Étudier la manière dont les autorités religieuses ont géré la pandémie.
2. Étudier et analyser l'influence des autorités religieuses sur le comportement des personnes.
3. Analyser le niveau de continuité des pratiques religieuses et le comportement des fidèles à cet égard (prières de groupe, célébrations, rituels, funérailles, etc.), ainsi que leur adhésion à la distanciation sociale, au port de masques et autres gestes barrières.
4. Étudier les changements dans les comportements quotidiens des personnes croyantes en ce qui concerne les pratiques sociales, y compris, mais sans s'y limiter, l'utilisation d'outils d'hygiène et les changements dans le comportement d'achat en ce qui concerne la pandémie.

Objectifs du WP 2 : Les langages de l'épidémie

L’étude des langages des médias en ligne, des médias presse traditionnels et des échanges en interaction in situ, permettra de mieux comprendre comment ils se sont adressés au public et quels étaient les préconisations et messages essentiels Nous cherchons a` approfondir notre connaissance des formes de transmission parmi la population au quotidien des informations scientifiques pendant la pandémie et la formation du langage en situation de crise, plus généralement. Ces outils devraient nous aider a` mieux comprendre la vulgarisation de la science au Liban, la socialisation de l’épidémie dans le contexte libanais et la perception des facteurs sociaux, économiques et sanitaires dans la crise exceptionnelle que vit le Liban.
WP 3. La place et le rôle des ONG dans la lutte contre l’épidémie
Ce WP s’intéresse aux rôles des ONG comme interfaces entre sciences et société et comme acteurs de la capacité d’agir des acteurs sociaux. En étudiant les collaborations et échanges entre ONG, scientifiques et acteurs médicaux et en abordant la circulation des connaissances et des informations médicales entre ces deux sphères, nous tenterons d’interroger, au-delà des missions explicites de ces acteurs, les effets structurels de leur action et de leurs relations avec la population, leur effet dans le renforcement de la capacité d’agir. Nous émettons l’hypothèse que la force des circonstances renforce la volonté de satisfaire un objectif commun (santé publique, aide humanitaire, etc…) alors même que les acteurs en présence sont très différents dans leurs missions.
WP 4. Automédication et circulation et imaginaire des médicaments
Ce WP s’intéresse à l’automédication et à la circulation informelle de médicaments dans un contexte où les acteurs sociaux cherchent à s’adapter à la situation sanitaire et à se préserver de ses dangers. Si l’automédication est une pratique répandue qui fait l’objet d’un suivi attentif des scientifiques (une simple recherche sur le portail de la santé publique PubMed renvoie 144 articles à la requête self-medication/covid), elle a pu ou pas été étudiée au Liban malgré les enjeux de santé publique enjeux qu’elle soulève. De plus, le Liban fait face à une crise du secteur pharmaceutique, faisant craindre des pénuries de médicaments. La Banque centrale libanaise a laissé entendre fin août 2020 que l’absence de réserves suffisantes de devises en dollars américains ne lui permettrait pas de financer les importations de produits de première nécessité comme le pain, l’essence, et les médicaments dont les anxiolytiques de type benzodiazépine (xanax, valium, lexotanil…), très fortement consommés déjà avant la crise.

Le projet Civyq a pour objectif de répondre à l’axe de recherche « Épidémie et dynamiques sociales » du projet Action Liban 2021. Il aborde plusieurs thèmes de cet axe : la production des normes et des pratiques ; l’évolution des formes de sociabilite´, de cohésion sociale et des comportements collectifs et l’émergence de nouvelles formes de solidarités et de partenariats ; les liens science-socie´te´ et le ro^le des médias et des chercheurs dans la communication scientifique et la sensibilisation citoyenne.

Notre propos est de développer une écologie humaine de la pandémie pour comprendre comment les habitants de ce pays font l’expérience collective de la circulation du virus dans leur vie ordinaire à partir de l’étude des pratiques sociales, des productions discursives et de la circulation de différentes formes de savoirs. Nous chercherons à saisir comment la population s’adapte aux différentes contraintes et injonctions pour faire face à la crise sanitaire, dans ses différents enchâssements avec les crises économiques et politiques, auxquelles s’ajoutent le traumatisme et les conséquences de l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020.

Concrètement, nous voulons effectuer plusieurs enquêtes dans les lieux du quotidien où des acteurs se rencontrent, communiquent et s’accordent pour trouver les moyens leur permettant d’inventer, de s’adapter et de se préserver afin de construire leur propre résilience. Nous organiserons nos travaux autour de quatre work packages (WP) permettant de comprendre la multiplicité des comportements et des modes d’intervention, de façon à mesurer l’impact de la crise et de contribuer à la pertinence d’opérations de santé publique et de production de messages de prévention. Ces WP portent sur :

1- les inventivités sociales et l’évolution des comportements pour comprendre l'impact socioculturel de la pandémie (WP1),
2- les langages de l’épidémie pour étudier les inventions linguistiques, l’échange rumoral, et les discours émis au sein de la sphère publique de communication (WP2),
3- sur la place et le rôle des ONG dans la lutte contre l’épidémie, leurs modes d’actions et collaborations avec des scientifiques et acteurs médicaux (WP3),
4- sur les pratiques ordinaires de santé, l’automédication, la circulation et les imaginaires des médicaments (WP4).

Chaque WP donnera lieu à l’établissement d’un Policy brief et à (au moins) une publication dans une revue scientifique à comité de lecture. Nous mobiliserons également l’outil vidéo et sonore pour réaliser des micro-documentaires et des podcasts sur le rapport des habitants à l’épidémie, ainsi que sur des points particulièrement saillants des différents WP. Un atelier conclusif permettra un échange avec les parties prenantes identifiées dans le projet (politiques, scientifiques, ONG) et le partage des données et analyses élaborées durant les enquêtes.

Coordination du projet

Nicolas PUIG (Unité de recherche Migrations et sociétés (IRD, CNRS, Université de Paris))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

URMIS Unité de recherche Migrations et sociétés (IRD, CNRS, Université de Paris)
ISS - UL Centre de recherche Institut des sciences sociales Université Libanaise

Aide de l'ANR 94 998 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2022 - 18 Mois

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