FRAL - Appel Franco-allemand en sciences humaines et sociales

Un mandat inégal ? Les groupes cibles des promesses et de leurs réalisations en France et en Allemagne (UNEQUALMAND) – UNEQUALMAND

Un mandat inégal ?

Les groupes cibles des promesses et de leurs réalisations en France et en Allemagne

Une étude de la contribution des promesses électorales à la représentation, au prisme des groupes-cibles des promesses et des politiques ainsi que de leur perception par les citoyens

Si l’égalité politique de tous est une condition et un principe central de toute démocratie, la réalisation de cet idéal est contredite par les conclusions de plusieurs littératures qui pointent une « réactivité inégale ». Ce projet examine ces inégalités politiques en France et en Allemagne au prisme de la représentation des groupes, en plaçant la focale sur les mandats démocratiques et leur réalisation sous forme de politiques publiques. Nous analysons l’offre et la demande politique. Comment les promesses électorales et les politiques qui en découlent éventuellement ciblent-elles des groupes avec différentes caractéristiques ? Comment – et à quelles conditions – les citoyens répondent-ils à ces formes de ciblage ?<br />Nous faisons l’hypothèse de biais de représentation des groupes en fonction de leurs ressources et de leur image sociale, à la fois dans les promesses électorales et dans leurs modalités de (non-)réalisation. Il s’agit également d’explorer comment ce ciblage façonne les perceptions et évaluations citoyennes des promesses électorales et de leurs réalisations, en nous intéressant aux heuristiques liées aux groupes et au rôle modérateur du degré d’ambiguïté de la promesse (contours du groupe-cible et degré de précision de ce qui est promis).

Notre dispositif de méthodes mixtes combine des tests de nos hypothèses et des approches plus inductives pertinentes pour un agenda de recherches émergent. Nous collecterons d'abord des données quantitatives sur les groupes cibles des promesses et de leurs réalisations, qui seront utilisées d’abord pour construire une typologie de groupes, puis pour tester nos hypothèses. Ces données seront également mobilisées dans le cadre d’enquêtes et de sondages expérimentaux visant à restituer comment les électeurs répondent aux promesses et aux politiques ciblées. Un process-tracing qualitatif de la trajectoire de plusieurs promesses ciblant chacune un groupe spécifique permettra enfin de mettre au jour les mécanismes liant groupes, promesses et réalisation, et de générer de nouvelles hypothèses. Le choix de travailler sur la France et l’Allemagne répond à une logique de cas divers : ces deux pays sont comparables à de nombreux égards, mais présentent des différences cruciales en termes d’institutions et de système partisan. Ceci permettra de maximiser la validité externe de nos résultats tout en profitant de cette variance pour la partie exploratoire et inductive du projet.

Notre collecte de données permet de mieux cerner les contours du mandat démocratique des exécutifs en France et en Allemagne. Elle révèle par exemple l'augmentation du nombre de promesses électorales au fil du temps, la manière dont ces promesses couvre l'ensemble des secteurs d'action publique et se traduit, dans une majorité de cas, sous la forme de politiques publiques effectives. Ces résultats sont importants car en contradiction avec des préjugés courants sur les promesses «qui n'engageraient que ceux qui les écoutent.«
Notre recherche permet également d'identifier les groupes auxquels les partis qui ont exercé le pouvoir dans les deux pays au cours des 25 dernières années ont adressé des promesses. Si certains groupes (entreprises, familles, personnes âgées, salariés, pauvres) suscitent un nombre important de promesses, la liste des cibles est relativement diversifiée mais similaire dans les deux pays. Elle comprend des groupes communément considérés comme sous- ou mal représentés dans les choix d'action publique (par exemple les femmes, les jeunes ou certaines minorités).
Côté allemand, nos données permettent également de mieux saisir ce qui se joue lors de la formation des coalitions. Notre premier article analyse quelles promesses ont plus de chances d'être reprises dans le contrat de coalition. Nous montrons que les partis plus grands parviennent à placer une proportion plus élevée de leurs promesses, mais aussi que la sélection suit une logique de plus petit dénominateur commun. Les coalitions se forment autour d'un socle de promesses sur lesquelles les partis associés peuvent converger.
La suite du projet livrera d'autres résultats relatifs aux caractéristiques permettant aux groupes sociaux d'obtenir des promesses et leur réalisation, ainsi qu'aux conséquences de la représentation par le mandat sur la manière dont les citoyens perçoivent les partis politiques, les gouvernements et le processus de représentation.

En traçant les (in)égalités de représentation à différentes séquences du cycle électoral (formulation des programmes, phase de réalisation), ce projet contribue à la littérature sur la « réactivité inégale », mais aussi aux études des politiques publiques, de la compétition politique et des promesses électorales. Plus largement, il doit éclairer les (in)égalités de représentation en démocratie représentative en croisant la perspective des acteurs politiques et des électeurs.

1. Deiss-Helbig Elisa, Guinaudeau Isabelle (2023) From Electoral Pledges to Coalition Agreements: Coalition bargaining and policy payoffs in Germany (2002-2021), communication à la European Political Science Association.

Si l’égalité politique de tous est une condition et un principe central de toute démocratie, la réalisation de cet idéal est contredite par les conclusions de plusieurs littératures qui pointent une « réactivité inégale ». Ce projet examine ces inégalités politiques en France et en Allemagne au prisme de la représentation des groupes, en plaçant la focale sur les mandats démocratiques et leur réalisation sous forme de politiques publiques. Nous analysons l’offre et la demande politique. Comment les promesses électorales et les politiques qui en découlent éventuellement ciblent-elles des groupes avec différentes caractéristiques ? Comment – et à quelles conditions – les citoyens répondent-ils à ces formes de ciblage ?
Nous faisons l’hypothèse de biais de représentation des groupes en fonction de leurs ressources et de leur image sociale, à la fois dans les promesses électorales et dans leurs modalités de (non-)réalisation. Il s’agit également d’explorer comment ce ciblage façonne les perceptions et évaluations citoyennes des promesses électorales et de leurs réalisations, en nous intéressant aux heuristiques liées aux groupes et au rôle modérateur du degré d’ambiguïté de la promesse (contours du groupe-cible et degré de précision de ce qui est promis).
Notre dispositif de méthodes mixtes combine des tests de nos hypothèses et des approches plus inductives pertinentes pour un agenda de recherches émergent. Nous collecterons d'abord des données quantitatives sur les groupes cibles des promesses et de leurs réalisations, qui seront utilisées d’abord pour construire une typologie de groupes, puis pour tester nos hypothèses. Ces données seront également mobilisées dans le cadre d’enquêtes et de sondages expérimentaux visant à restituer comment les électeurs répondent aux promesses et aux politiques ciblées. Un process-tracing qualitatif de la trajectoire de plusieurs promesses ciblant chacune un groupe spécifique permettra enfin de mettre au jour les mécanismes liant groupes, promesses et réalisation, et de générer de nouvelles hypothèses. Le choix de travailler sur la France et l’Allemagne répond à une logique de cas divers : ces deux pays sont comparables à de nombreux égards, mais présentent des différences cruciales en termes d’institutions et de système partisan. Ceci permettra de maximiser la validité externe de nos résultats tout en profitant de cette variance pour la partie exploratoire et inductive du projet.
En traçant les (in)égalités de représentation à différentes séquences du cycle électoral (formulation des programmes, phase de réalisation), ce projet contribue à la littérature sur la « réactivité inégale », mais aussi aux études des politiques publiques, de la compétition politique et des promesses électorales. Plus largement, il doit éclairer les (in)égalités de représentation en démocratie représentative en croisant la perspective des acteurs politiques et des électeurs.

Coordination du projet

Isabelle Guinaudeau (FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Institut für Sozialwissenschaften - Abteilung SOWI I - Universität Stuttgart
CED CENTRE ÉMILE-DURKHEIM - SCIENCE POLITIQUE ET SOCIOLOGIE COMPARATIVES
MZES Mannheimer Zentrum für Europäische Sozialforschung
FNSP FONDATION NATIONALE DES SCIENCES POLITIQUES

Aide de l'ANR 717 951 euros
Début et durée du projet scientifique : mai 2022 - 36 Mois

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