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Conséquences de la COVID-19 sur la santé des étudiants : effets sur leur mode de vie et leur état psychologique – COV’Etu

Conséquences de la COVID-19 sur la santé des étudiants : effets sur leur mode de vie et leur état psychologique

Les effets délétères de la pandémie sur la santé des étudiants sont désormais évidents. Cependant, certains domaines de recherche sont encore sous-explorés.

Ce projet a pour objectifs de 1. comprendre l'évolution de l’état de santé des étudiants et 2. évaluer les effets de d’interventions innovantes visant à réduire leurs détérioration de santé

Plusieurs constats peuvent aujourd'hui être fait concernant la santé des étudiants en lien avec la pandémie de la COVID-19: 1. La majorité des recherches sont descriptives et n'identifient pas les facteurs impliqués dans les détériorations de santé des étudiants ; 2. Les études ont essentiellement été menées pendant la première année de la COVID-19, très majoritairement durant le premier confinement, et nous n'avons pas ou peu de connaissances des effets à long terme chez les étudiants ; 3. A ce jour, très peu d’études interventionnelles ont été menées pour prévenir les détériorations de santé des étudiants durant cette pandémie. <br /><br />Notre projet se propose de combler ces trois lacunes. Pour cela, il comprend deux axes de recherche. Le premier axe vise à identifier, de manière longitudinale, le rôle des facteurs individuels (p.ex, les stratégies de coping, le sexe) et des facteurs situationnels (p.ex, les symptômes de la COVID) sur la santé psychologique (p.ex, l'anxiété, le bien-être) et le mode de vie (p.ex, le comportement sédentaire, l'alcool) des étudiants au cours de la pandémie. Notre deuxième axe de recherche se propose d'évaluer les effets de deux programmes (l'un axé sur le stress et l'apprentissage, l'autre sur la pratique d’une activité physique) sur la santé psychologique et le mode de vie des étudiants.

Axe 1. Afin de comprendre les conséquences à long terme de la COVID-19, ce premier axe de recherche vise à : 1. Evaluer l'état psychologique (p.ex., l'anxiété, le bien-être) et le mode de vie (alimentation, sédentarité, consommation d'alcool) des étudiants universitaires français à différents moments de la pandémie ; et 2. Explorer les facteurs individuels (p.ex., l'adaptation) et les facteurs situationnels (p.ex., la taille du logement, les problèmes de santé) impliqués.

Axe 2. Ce deuxième axe de recherche comprend deux études interventionnelles et vise à évaluer les effets de deux programmes sur le mode de vie et l'état psychologique des étudiants.
Etude 1 de l'axe 2. Notre première intervention est constituée d’un programme axé sur le stress et l'apprentissage offrant également un espace d’échange entre étudiants. Elle comprend 9 capsules vidéo d’une durée d’environ 10 minutes qui sont accompagnées de ressources complémentaires (p.ex., sites internet, autres vidéos, documents, exercices). L’objectif principal de cette intervention est de prévenir les altérations de la santé psychologique des étudiants et d'améliorer leurs stratégies d'apprentissage. Initialement, notre proposition comprenait deux groupes : un groupe d’étudiants qui bénéficiant du programme (Groupe expérimental) et un groupe d’étudiant n’en bénéficiant pas (Groupe contrôle). Après l’obtention de l’accord de l’université de Nîmes, nous avons proposé aux étudiants intéressés d’intégrer une unité d’enseignement (UE) sur la gestion des émotions et des apprentissages. Ainsi, nous avons finalement constitué trois groupes d’étudiants. Suite à une phase de recrutement, le dispositif a débuté le 30 septembre 2021. A ce jour, les évaluations pré-interventions ont été réalisées auprès de 159 étudiants
Etude 2 de l'axe 2. Cette seconde intervention est composée d'un programme d'activité physique innovant de 8 semaines basé sur la co-construction avec les étudiants. L’objectif principal de cette intervention est de prévenir les détériorations de santé des étudiants, et plus précisément de réduire leur sédentarité, d’augmenter leur niveau d’activité physique et d’améliorer leur santé physique. Il était initialement prévu deux groupes : un groupe d’étudiants bénéficiant du programme (Groupe expérimental) et un groupe d’étudiant n’en bénéficiant pas (Groupe contrôle). Nous avions pour objectif d’inclure 45 étudiants dans chacun des groupes et en l’espace de 10 jours nous avons reçu 110 inscriptions au dispositif. Les 110 étudiants ont été randomisés en fonction de leur genre et leur âge. Suite à de nombreux désistements pour différentes raisons (p.ex contraintes d’emploi du temps, manque de temps, mauvaise compréhension du programme), notre échantillon final comprend 51 étudiants, 27 ont participé au programme (groupe expérimental) et 24 ne bénéficient d’aucune intervention (groupe contrôle).

Résultats axe 1. Pour les deux premiers temps de mesure, nos données mettent en évidence des taux très élevés d’anxiété lors du confinement de mars/avril 2021 (T1), avec notamment 22,9% des étudiants qui présentaient des symptômes anxieux possibles et 44,1% des symptômes anxieux certains. Lors du déconfinement de juin 2021 (T2), la prévalence des symptômes anxieux des étudiants a fortement diminué, et a légèrement ré-augmenté en octobre 2021 (T3, période sans confinement et avec des cours en majorité en présentiel). Malgré cette augmentation, les taux observés en T3 restent inférieurs à ceux en T1, mettant en évidence l’effet du confinement sur ces symptômes, et dans une moindre mesure, l’effet de la reprise des études. Pour nos deux premiers temps de mesure, nous observons une trajectoire similaire pour les symptômes dépressifs, à savoir des taux élevés durant le confinement de mars/avril 2021 et une diminution de la prévalence des symptômes dépressifs lors du déconfinement. Cependant, contrairement à l’anxiété, en T3, la prévalence des symptômes dépressifs reste identique à T2. En d’autres termes, il apparait que les symptômes dépressifs sont étroitement liés au fait d’être confinés, et non dépendants du fait d’être en cours ou non. Un profil similaire semble se dessiner pour les niveaux de bien-être et de soutien social, à savoir une augmentation de ces deux dimensions sur les deux périodes sans confinement (T2 et T3), et cela sans distinctions entre elles, et des niveaux plus faibles durant la période de confinement (T1).

Nous sommes actuellement en train de réaliser des analyses comparatives entre les données recueillies en 2020 (en amont de ce projet) et celles de 2021 (récoltées dans le cadre de ce projet). Pour rappel, en 2020, nous avions mené un recueil longitudinal sur les mêmes périodes de l’année que celles étudiées dans le cadre de ce projet. Nos résultats mettent globalement en évidence des taux de symptômes anxieux et dépressifs plus élevés sur l’année 2021 que 2020, avec une majoration de ces derniers sur les périodes de confinement. Dans la même lignée, les niveaux d’inquiétudes pour la santé de leurs proches mesurés en 2021 sont un peu plus élevés que ceux de 2020. Un article scientifique reprenant ces résultats est en cours de rédaction, nous prévoyons de le soumettre avant fin décembre 2021.

Les deux études de l'axe 2 sont actuellement en cours.

Actions prévues pour l'axe 1. Le prochain et dernier recueil aura lieu en décembre (T4). En début d’année 2022, nous serons donc en mesure de réaliser des analyses longitudinales de nos 4 temps de mesure menés au cours de l’année 2021, conformément aux objectifs énoncés dans notre proposition.

Actions prévues pour l'axe 2 - étude 1. Après le 16 décembre, date de la dernière vidéo, les évaluations quantitatives post-dispositifs seront réalisés, et des entretiens seront menés en janvier avec les étudiants volontaires. Une fois l’ensemble des données recueillies, la cotation et l’analyse des données seront réalisées. Le début de l’année 2021 sera alors consacré à valoriser scientifiquement les effets de ce dispositif.

Actions prévues pour l'axe 2 - étude 2. Les bilans et questionnaires post-dispositif seront réalisés entre le 29 novembre et la mi-décembre. Une fois l’ensemble des données recueillies, la cotation et l’analyse des données seront réalisées afin de pouvoir permettre d’engager une valorisation scientifique des effets de ce dispositif. Dans la même lignée, les derniers résultats des ateliers sont en train d’être traités et un manuscrit visant à les valoriser est en cours de rédaction. L’engouement suscité au sein du groupe expérimental quant à ce dispositif nous a incité à faire perdurer les activités proposées. Il est prévu que ces dernières viennent au second semestre complémenter celles actuellement proposées par le Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives.

A ce jour, quatre articles scientifiques ont été publiés à partir des données recueillies en 2020. Ces dernières n’ont donc pas été directement financées par ce projet, mais elles en ont posé les jalons.
1. Le Vigouroux, S., Goncalves, A., & Charbonnier, E. (2021). The Psychological Vulnerability of French University Students to the COVID-19 Confinement. Health Education & Behavior, 1090198120987128.
2. Goncalves, A., Le Vigouroux, S., & Charbonnier, E. (2021). University Students’ Lifestyle Behaviors during the COVID-19 Pandemic: A Four-Wave Longitudinal Survey. International journal of environmental research and public health, 18(17), 8998.
3. Charbonnier, E., Le Vigouroux, S., & Goncalves, A. (2021). Psychological Vulnerability of French University Students during the COVID-19 Pandemic: A Four-Wave Longitudinal Survey. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(18), 9699.
4. Charbonnier, E., Le Vigouroux, S., & Goncalves, A. (2021). Étudiants en temps de confinement et au-delà. La Presse Médicale Formation.

Trois manuscrits sont en cours de rédaction

1. Un article visant à valoriser les données recueillies dans le cadre de l’atelier de co-construction. Titre: Designing a physical activity program for students: a participatory design approach. Revue ciblée: Frontiers in Public Health (appel à publication « Physical Activity and Lifestyle Sustainability: From Childhood to Old Age”)
2. Un article présentant la méthodologie du dispositif Unimes en Forme. Titre: Promoting physical activity among university students with a co-constructed program during Covid-19 pandemic: Protocol for a Randomised controlled trial. Revue ciblée : JMIR Research Protocols.
3. Un article présentant une analyse comparative de la santé des étudiants entre 2020 et 2021. Titre: Emotional state and adjustment of French university students during the COVID-19 pandemic: comparison of four time points during the first two years of the pandemic. Revue ciblée: Journal of public health

Deux propositions de communication ont été soumises en réponse à l’appel à communication du 30 ème congrès européen de psychiatrie :

1. Promoting physical activity among university students with a co-constructed program during Covid-19 pandemic.
2. Student mental health during the first two years of the COVID 19 pandemic

Un vidéo visant la restitution des ateliers de co-construction a été mise en ligne : youtu.be/JFyeydn0qVQ

Depuis le début de la pandémie, les étudiants à l'université ont été confrontés à de nombreuses difficultés, et cela sans aucune préparation. La pandémie de la COVID-19 a entraîné une révolution numérique dans l'enseignement supérieur (Strielkowski, 2020). Cependant, l'enseignement à distance n'a pas été sans conséquences sur le stress des étudiants (IAU, 2020). Et ces derniers se sont alors confrontés à de nouveaux obstacles (technologiques, personnels, familiaux, etc. ; Baticulon et al., 2020). Plusieurs auteurs (Lee, 2020 ; Sahu, 2020 ; Zhai & Du, 2020) ont souligné les différents défis auxquels sont confrontés les étudiants universitaires, ainsi que leurs effets négatifs sur leur santé mentale. Les études menées pendant le premier confinement montrent toutes une détérioration de la santé mentale des étudiants (Essadek & Rabeyron, 2020 ; Husky et al., 2020 ; Le Vigouroux et al., 2021 ; Odriozola-González et al., 2020). Cela peut s'expliquer en partie par le fait que les personnes qui connaissaient des niveaux élevés de détresse psychologique avant la pandémie sont les plus vulnérables (Druss, 2020 ; Yao et al., 2020). Or, déjà avant la COVID-19, les étudiants universitaires étaient identifiés comme une population vulnérable (voir la revue de la littérature : Paula et al., 2020). Dans la même lignée, la pandémie de la COVID-19 et l'apprentissage en ligne ont considérablement modifié les modes de vie des étudiants. Pendant le confinement, une augmentation du comportement sédentaire, une réduction de l'activité physique et une plus forte tendance à se tourner vers une alimentation malsaine ont été démontrées chez les étudiants (Ammar et al., 2020 ; Bentlage et al., 2020 ; Castañeda-Babarro et al., 2020). La réduction des déplacements, la fermeture des salles de sport, les périodes de confinement, le couvre-feu ou encore l'enseignement à distance sont autant de mesures qui ont été prises pour réduire la circulation du virus, mais qui ont entraîné des changements négatifs profonds et rapides dans les modes de vie.
En résumé, les effets délétères de la pandémie sur la santé des étudiants sont désormais évidents. Cependant, certains domaines de recherche sont encore sous-explorés. 1. La majorité des recherches sont descriptives et n'identifient pas les facteurs impliqués dans les détériorations de santé des étudiants ; 2. Toutes les études ont été menées pendant le premier confinement et nous n'avons aucune connaissance des effets à long terme de la pandémie ; 3. A ce jour, aucune étude interventionnelle n'a été menée pour prévenir ces détériorations de santé. Notre projet se propose de combler ces trois lacunes et s'inscrit dans le cadre du thème "prévention, contrôle et dynamique sociale". Notre proposition comprend deux axes de recherche. Le premier axe vise à identifier, de manière longitudinale, le rôle des facteurs individuels (p.ex, les stratégies de coping, le sexe) et des facteurs situationnels (p.ex, les symptômes de la COVID) sur la santé psychologique (p.ex, l'anxiété, le bien-être) et le mode de vie (p.ex, le comportement sédentaire, l'alcool) des étudiants au cours de la pandémie. Ce premier axe permettra de mieux comprendre les conséquences à court et à long terme sur la santé et le bien-être des étudiants. Notre deuxième axe de recherche se propose d'évaluer les effets de deux programmes (l'un axé sur le stress et l'apprentissage, l'autre sur l'activité physique). Nos résultats pourraient fournir une aide à la décision aux universités pour réduire l'impact de la pandémie sur les étudiants. Enfin, notre projet adopte une approche pluridisciplinaire en mobilisant la psychologie clinique, la psychologie de la santé, la psychologie cognitive, l'innovation sociale par le design, la nutrition et l'activité physique.

Coordination du projet

Elodie CHARBONNIER (Activités Physiques et Sportives et processus psychologiques : recherches sur les Vulnérabilités)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

APSY-v Activités Physiques et Sportives et processus psychologiques : recherches sur les Vulnérabilités

Aide de l'ANR 66 846 euros
Début et durée du projet scientifique : mai 2021 - 12 Mois

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