CE41 - Inégalités, discriminations, migrations

La transmission des désavantages sociaux dans les familles immigrées et natives sur trois générations en France – 3GEN

Mobilité sociale sur trois générations dans les familles immigrées

La mobilité sociale est-elle plus forte dans les familles immigrées ? Quels facteurs favorisent la mobilité ou, au contraire, la reproduction sociale d’une génération à l’autre ? Quel est le rôle des grands-parents, en plus de celui des parents, dans les transmissions intergénérationnelles ?<br /><br />L’objectif du projet 3GEN est d’apporter des réponses scientifiques à ces questions et à bien d’autres, en s’appuyant sur les données de l’enquête TeO2 et des entretiens qualitatifs.

Les objectifs du projet 3GEN

Dans les pays de destination historiques comme la France, l’étude de l’immigration et de ses effets sociaux se doit d’inclure, non seulement les immigré·es, mais aussi et surtout leurs descendant·es. En effet, alors que les immigré·es (première génération à vivre en France) représentent un dixième de la population française, la proportion de personnes d’origine étrangère passe à environ un tiers lorsque l’on inclut leurs enfants et petits-enfants (deuxième et troisième générations). Tandis que les discours communs sur ces populations ont tendance à s’appuyer sur des idées reçues, souvent stigmatisantes, plutôt que sur des analyses scientifiques, il est essentiel de fournir des connaissances rigoureuses sur une société française de plus en plus diverse.<br /><br />Malgré l’importance du sujet, les recherches françaises et internationales sur les immigré·es et leurs descendant·es se sont révélées limitées à deux égards. Tout d’abord, faute de données sur la troisième génération, les travaux empiriques se cantonnés à l’étude des deux premières générations. Deuxièmement, la recherche s’est surtout appuyée sur des comparaisons de sous-populations (natifs vs. premières vs. deuxièmes générations) composées d’individus sans lien de parenté entre eux, alors que la compréhension des trajectoires sociales des descendant·es d’immigré·es nécessite une analyse des transmissions intergénérationnelles concrètes qui se produisent au sein même des familles.<br /><br />Le projet 3GEN vise à faire progresser l’étude de l’immigration et de la stratification sociale en utilisant des données intrafamiliales uniques sur trois générations en France - l’enquête Trajectoires et Origines 2 (TeO2), complétée d'une enquête de terrain par monographies de familles. Les questions de recherche s’organisent autour de deux objectifs principaux :<br /><br />1. Décrire l’intensité et les formes de la mobilité et de la reproduction sociale dans les familles immigrées, comparées aux familles non-immigrées, et<br /><br />2. Expliquer par quels mécanismes les inégalités sociales perdurent ou s’estompent au fil des générations.

La source principale de données sera l'enquête TeO2 (teo.site.ined.fr), conçue par l'Institut français d'études démographiques (INED) et l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Cette enquête réunit un ensemble unique de qualités qui répondent parfaitement à nos objectifs de recherche. Premièrement, il s'agit de données très récentes (collecté en 2019-2020). Deuxièmement, il s'agit d'une enquête en face à face représentative au niveau national à grande échelle (N=27 200) qui suréchantillonne les immigré·es, les enfants d'immigré·es et les petits-enfants d'immigré·es. Troisièmement, le statut générationnel est rigoureusement identifié sur quatre générations avec des informations sur le pays de naissance des répondant·es, ainsi que sur celui de leurs enfants, de leurs deux parents et de leurs quatre grands-parents. Quatrièmement, TeO2 fournit des informations sur le niveau d'éducation et le niveau professionnel des grands-parents, des parents et des enfants d'une même famille.

Le projet s'appuiera également sur des entretiens qualitatifs approfondis menés, entre autres, auprès d'un sous-échantillon de répondant·es de la deuxième génération ayant répondu au questionnaire TeO2 et ayant accepté d'être réinterrogé·es. Dans chaque famille, nous rencontrerons des membres d'au moins deux - et idéalement trois - générations : le ou la répondant·e de la deuxième génération, un de ses enfants adultes de la troisième génération, et éventuellement un de ses parents de la première génération. Étant donné que la principale source de données empiriques est une enquête à grande échelle et représentative au niveau national, notre travail qualitatif sur le terrain couvrira intentionnellement un petit nombre de familles et recueillera des informations très riches sur chacune d'entre elles afin de fournir une «description dense« (Geertz, 1973) de leur reproduction et de leur mobilité sociales. Nous nous concentrerons sur deux pays d'origine : l'Algérie et le Portugal pour trois raisons principales. Premièrement, ils restent les groupes les plus importants de la population d'origine étrangère en France. Deuxièmement, l'histoire de l'immigration algérienne et portugaise en France est suffisamment longue pour permettre une analyse sur trois générations, dont une troisième génération adulte. Troisièmement, la comparaison entre un flux d'immigration européenne et un flux d'immigration africaine post-coloniale racialisée est une configuration analytique pertinente pour étudier le rôle de la discrimination ethnoraciale dans les processus de mobilité sociale. Ces monographies familiales qualitatives contribueront à produire une meilleure compréhension des trajectoires sociales intergénérationnelles identifiées dans l'enquête quantitative et des mécanismes sociaux qui les sous-tendent.

A venir.

A venir.

A venir.

En France, les personnes d'origine étrangère représentent un tiers de la population si l'on inclut les immigré·es, leurs enfants et leurs petits-enfants (première, deuxième et troisième générations). Pourtant, les recherches françaises et internationales sur les immigré·es et leurs descendant·es se sont révélées limitées à deux égards. Tout d'abord, les recherches empiriques ont été restreintes aux deux premières générations. Deuxièmement, la recherche s'est surtout appuyée sur des comparaisons de sous-populations (natifs vs. premières vs. deuxièmes générations) composées d'individus sans lien de parenté, alors que la compréhension des positions sociales atteintes par les descendant·es d'immigré·es nécessite une analyse des transmissions intergénérationnelles qui se produisent au sein même des familles.

Le projet 3GEN vise à surmonter ces deux limites et à faire progresser l'étude de l'immigration et de la stratification sociale en utilisant des données intrafamiliales uniques sur trois générations de natif·ves et d'immigré·es en France - l'enquête Trajectoires et Origines 2 (TeO2), complétée d’entretiens semi-directifs. Les questions de recherche s’organisent autour de deux objectifs principaux : (1) décrire les inégalités socioéconomiques et la reproduction sociale dans les familles immigrées et (2) expliquer comment elles apparaissent et persistent. Nous espérons apporter six contributions scientifiques importantes.

Premièrement, le projet 3GEN produira une description systématique de la situation socioéconomique de la troisième génération par rapport aux natif·ves et aux membres des premières et deuxièmes générations. S'appuyer sur des informations complètes sur les pays de naissance des parents et des grands-parents – comme nous le ferons ici – sera un apport inédit du projet.

Notre deuxième contribution consistera à analyser la force de la reproduction intergénérationnelle du niveau d'éducation et du statut professionnel au sein des familles immigrées sur trois générations et à déterminer en quoi elle diffère de la reproduction sociale au sein des familles natives. Nous comblerons ainsi le fossé entre la recherche internationale sur la stratification sociale en population générale et l'étude des familles immigrées.

Troisièmement, le projet 3GEN permettra d'étendre les connaissances existantes en analysant l'effet des caractéristiques pré-migratoires des immigré·es sur la position sociale atteinte par la deuxième, mais aussi la troisième génération. Grâce à l'enquête TeO2, nous utiliserons des indicateurs beaucoup plus précis des caractéristiques pré-migratoires que les recherches précédentes.

Quatrièmement, ce projet apportera une contribution internationale majeure en déterminant si le rôle de la mobilité entre quartiers dans la mobilité sociale intergénérationnelle varie entre les familles immigrées et natives, et en identifiant les caractéristiques du quartier qui entravent ou favorisent la mobilité intergénérationnelle.

Cinquièmement, une nouveauté du projet 3GEN sera d'examiner l'effet des mariages mixtes sur les positions sociales atteintes, non seulement par les enfants, mais aussi par les petits-enfants d’immigré·es. En outre, nous contribuerons à la littérature internationale en produisant la première étude qui analysera le lien entre les mariages mixtes et la fluidité sociale sur trois générations.

Sixièmement, ce projet contribuera à mettre en évidence le rôle du genre et des origines dans la production des inégalités socioéconomiques parmi les immigré·es. En adoptant une perspective intersectionnelle, nous tiendrons toujours compte de l'hétérogénéité interne aux groupes pour éviter d'essentialiser les immigré·es et leurs descendant·es.

Au total, avec son équipe de dix membres, les deux postdocs recruté·es, et cinq work packages sur quatre ans, le projet 3GEN vise à produire de nouvelles connaissances qui feront progresser plusieurs domaines scientifiques tant en France qu'à l’étranger.

Coordination du projet

Mathieu Ichou (Migrations internationales et minorités)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

MIM Migrations internationales et minorités

Aide de l'ANR 329 491 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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